Jean-Marie Le Pen: opposant n°1 à Marine


Jean-Marie Le Pen: opposant n°1 à Marine

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Le vieux « punk » a encore frappé. Tel Johnny Rotten, Jean-Marie Le Pen ne lésine pas sur les provocations qui fleurent bon les heures-les-plus-sombres-de-notre-histoire. Invité ce matin de l’émission de Jean-Jacques Bourdin sur RMC et BFMTV, l’encore président d’honneur du Front national a posé plusieurs pierres dans le jardin de sa fille, de quoi ériger un dolmen…

La fameuse phrase sur le « point de détail » de l’histoire  que fut la destruction des juifs d’Europe ? Il ne regrette rien.

La mue républicaine et souverainiste du FN ? « Je ne suis pas gaulliste. Au FN, il y a de tout, vous savez.  Il y a des fervents gaullistes, il y aussi de fervents pétainistes, d’anciens communistes… » Patatras, en une poignée de secondes, l’édifice de Florian Philippot s’écroule : à quoi bon fleurir la tombe du Général une fois l’an si le fondateur de son parti réhabilite en douce le Maréchal ? Jean-Marie Le Pen offre une francisque au Front national de sa fille, qui s’en serait bien passé…

Mais le père indigne ne s’est pas arrêté là. Quitte à casser le jouet de sa fille, autant y aller gaiement et assumer son statut de géronte transgressif, dans un numéro d’Œdipe à l’envers qui ferait gamberger nos meilleurs psys.

Pour achever son travail de sape, Le Pen senior va s’appuyer sur l’entretien que Marine Le Pen nous a accordé. Et Bourdin de citer la fameuse sortie de Marine sur le « punk » paternel – une parade assez habile pour pouvoir se démarquer du pater familias sans totalement le renier ni le déboulonner de la présidence d’honneur du Front. « Ah, je suis un punk ? Est-ce qu’elle sait bien ce que c’est un punk » s’ébahit JMLP. L’intervieweur déterre alors la pomme de discorde entre le père et sa fille préférée : « Les polémiques que Le Pen provoque nous empêchent de parler du fond », dit-elle. Réponse cinglante : « Elle se trompe. Nous avons une divergence d’analyse qui est assez sérieuse » (tiens donc…). « Le Pen conserve les réflexes d’un contestataire. Nous sommes devenus un parti de gouvernement. », cite encore Bourdin. Le Pen déroule son credo : « Ce n’est pas encore le cas. Pour l’instant, nous restons encore largement contestataires (…) Je suis en total désaccord avec l’influence du rôle des polémiques dans la progression du FN. Je pense que ce sont les polémiques lancées par nos adversaires qui nous ont permis d’exister médiatiquement et de nous arracher au pire de tout : le néant médiatique. »

Ce long verbatim a manifestement courroucé la présidente frontiste  : «Les propos de Jean-Marie Le Pen n’engagent que lui. Il est dans la provocation volontaire et cherche la polémique.» Je ne sais pas qui découpera le gigot dimanche prochain à Montretout, mais ça promet une sacrée ambiance…

Le décor est planté. Le tribun contre la gouvernante qui ne rêve que d’accéder au pouvoir. L’éternel provocateur, coutumier des numéros de saltimbanque à la Chambre comme la IVe République savait tant en produire, craint si fort le pouvoir qu’il semble vouloir en protéger sa fille. Comme l’avait finement analysé le regretté Philippe Cohen, Jean-Marie Le Pen a l’art et la manière de lâcher une boule puante dès que les portes des responsabilités paraissent s’entrouvrir…

Le plus piquant dans cette histoire, c’est que l’ancien diable de la République, naguère imposé sur le service public par François Mitterrand, est aujourd’hui la coqueluche des médias… antifascistes ! La pré-retraite politique aidant, l’ancienne bête noire s’est muée en vieux du Muppet Show daubant sur sa fille. Comme pour danser le tango, pour diaboliser le Front national, il faut être deux : un animateur rusé, souvent de Canal +, et Jean-Marie Le Pen, son bon client qui l’abreuvera en calembours douteux et autres nostalgies pétainistes. À bientôt 87 ans, JMLP not dead, et il le fait savoir. L' »UMPS » lui souhaite certainement la meilleure santé possible afin d’entretenir la flamme de l’antifascisme immense et vide.

Eh oui, il faut bien donner un os à ronger aux choristes du « No pasaran ». Pas plus tard qu’avant-hier, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve rassurait ses troupes en expliquant aux députés socialistes inquiets des « interprétations extensives » de la loi sur le renseignement que la « mouvance identitaire » menace la République – une façon de diluer le djihadisme dans l’eau de Vichy. Pour accréditer cette fable, rien de tel qu’une salve bien sentie d’un Jean-Marie Le Pen effritant méthodiquement l’œuvre de dédiabolisation accomplie par sa fille. Divine surprise, ses performances sur les plateaux télés et radios sont systématiquement décomptées du temps de parole médiatique du Front national…



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