Insécurité / autodéfense, Révolte des jeunes. Les deux dossiers de notre numéro de décembre


Insécurité / autodéfense, Révolte des jeunes. Les deux dossiers de notre numéro de décembre

walesa berreby dupond moretti

L’hiver sera froid, dans les sweat-shirts, dans les prisons. Ce n’est pas que la France a spécialement peur, mais les frimas n’adoucissent en rien les chiffres et la réalité de l’insécurité.

Face à l’explosion de la délinquance, l’Etat semble démuni, cependant qu’un nombre croissant de nos compatriotes pensent, avec Elisabeth Lévy que « pour des raisons essentiellement idéologiques, la justice semble plus soucieuse de la rédemption des coupables que de la réparation due aux victimes ». Notre « une » exhibant une dame d’un âge respectable un fusil à la main illustre avec humour la réaction de certains Français confrontés à une recrudescence des agressions et autres voies de fait. Autrement dit par notre directrice, le sentiment d’insécurité s’installe, « nos gouvernants s’obstinent à ignorer ce fait, les caves finiront par se rebiffer – et, peut-être, par se charger eux-mêmes du sale boulot que l’Etat ne fait pas ». Christian Estrosi et quelques députés UMP méridionaux viennent d’ailleurs de déposer une proposition de loi prévoyant d’encadrer le recours à l’autodéfense lorsque les circonstances attestent de la bonne foi de l’agressé.

Restons  sur la promenade des Anglais. Il suffit  de rappeler l’affaire du bijoutier de Nice pour se convaincre que des commerçants et d’honnêtes citoyens sont tentés de combler les carences de la police en se faisant justice eux-mêmes. Certes, il n’y a pas encore le feu au lac, mais le reportage d’Antoine Menusier à Marseille au plus près des brigades citoyennes des quartiers nord montre un phénomène en plein essor. Pour l’instant, l’association « Voisins vigilants » s’efforce de surveiller sans punir, mais qu’en sera-t-il demain ? Au petit jeu des pronostics, les hommes de droit affûtent leurs arguments contradictoires. Au constat accablant que dresse le vice-président au tribunal de grande instance de Paris Jean de Maillard quant au laxisme de la justice à l’égard des délinquants, Maître Dupond-Moretti oppose un démenti cinglant. Pour la star du barreau, « des tas de gens sont incarcérés alors qu’ils n’ont strictement rien à faire en prison », laquelle serait moins l’antichambre de la rédemption que l’école du crime. Bref, l’avocat lillois pense comme notre Garde des Sceaux que « tout ce qui est alternatif à la prison va dans le bon sens ». En augmentant un poil la focale, on observe que les juges devant statuer sur des affaires de légitime défense ont une sérieuse tendance à sévir, de peur que notre Etat de droit dérive en un Far West régi par le 2e amendement de la Constitution américaine, qui fait du port d’armes légères un droit fondamental du citoyen. Ainsi que l’établit méthodiquement Régis de Castelnau, les juges poursuivent le délinquant lambda, le sanctionnent à l’occasion, mais n’exécutent que rarement leurs sentences. Dit plus crûment, cela signifie que « le rituel judiciaire se poursuit, sans aucune véritable conséquence concrète. Il s’ensuit que la « petite délinquance » est de facto dépénalisée ». Vu ce triste état de fait, on comprend que la racaille n’ait pas à se faire désirer pour mettre le boxon le samedi soir dans la très festive rue de la Roquette à Paris, comme l’observe chaque semaine le régional de l’étape Pascal Bories, ou tous les jours sur la ligne D du RER, que ce veinard de Laurent Gayard emprunte quotidiennement.

De l’insécurité aux jeunes, il y a plus d’un pas. Ne pointons personne du doigt, la sécession de la jeunesse n’est que le second dossier ce numéro, sans amalgames ni stigmates d’aucune sorte. « Au secours, nos enfants divorcent ! », s’inquiète notre chère Elisabeth devant ma génération Y biberonnée à l’Internet, que la vie en réseau a éclaté en autant de tribus que Youporn compte de vidéos à la demande. Entre les zadistes de Sivens ou Notre-dame-des-Landes,  les djihadistes de l’Etat islamique, et les Veilleurs, il serait aussi stupide que criminel de tracer un trait d’égalité. Mais  tous « disent quelque chose de ce monde, c’est qu’il leur donne envie de le fuir. Les Veilleurs espèrent encore le changer. Les nouveaux djihadistes made in  France n’ont, eux, qu’une chose en tête : le détruire », décrypte notre cheftaine avant de nous rappeler que « quelques dizaines de zadistes sont peut-être moins représentatifs de la jeunesse que les 30% de 18-35 ans qui votent Front national ». Ce monde déserté par les jeunes mérite-t-il vraiment qu’on le défende ? Personnellement, j’en doute, et ce ne sont pas les paysans bretons interrogés par Antoine Menusier qui nous diront le contraire, étranglés qu’ils sont par la crise et le système agroalimentaire. S’il ne fait pas bon habiter nos villes-termitières, le malheur est aussi dans le pré…

Dans notre grand bouillon de culture, le débat porte d’abord sur l’art contemporain qui s’expose cet hiver. Jean Clair démonte Jeff Koons avec son érudition habituelle cependant qu’Hector Obalk analyse le cas Marcel Duchamp et sa récupération hasardeuse par l’art contemporain. Autre événement d’actualité, le biopic autour de Lech Walesa a enthousiasmé Paulina Dalmayer pour des raisons assez peu cinématographiques en vérité.

Last but not least, avec mon compère Marc Cohen, j’ai eu le bonheur d’interroger le directeur des éditions Allia Gérard Berréby, auteur d’un génial ouvrage d’entretien avec le situationniste belge Raoul Vaneigem. Un entretien-fleuve sur six pages autour de la récupération de Debord, de l’héritage situ et du formidable travail d’édition qu’accomplit Allia.

Rassurez-vous, nos classiques ne manquent pas à l’appel. Les journaux d’Alain Finkielkraut, et Basile de Koch, les carnets de Roland Jaccard et la chronique de L’Ouvreuse répondent une nouvelle fois présents. Bon, je vous laisse, il fait trop décidément trop frisquet. Comment dit-on, déjà, Causeur au tison, Noël au balcon ?

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Décembre 2014 #19

Article extrait du Magazine Causeur



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est journaliste.

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