La fessée, c’est rock, mais seulement pour les Inrocks


Dénoncer, il y a longtemps que le journaliste de gauche y a pris goût, on le sait au moins depuis Debord, et dans cet embranchement hélas encore proliférant, la sous-espèce qui officie aux Inrocks décroche régulièrement la palme. C’est bien simple : sinon stigmatiser l’extrême droite qui pour lui commence à peu près à Manuel Valls, l’hebdo ringard des socialistes années 90 ne sait qu’une autre chose, recenser les perversions sexuelles qu’il croit à la mode. C’est là que le bât le blesse, quand ses deux amours s’emboutissent.

Par exemple, lorsque le journal municipal de Béziers (important organe qui fait assez notoirement l’opinion en France pour mériter un épluchage en règle, surtout au cœur de l’été) titre « Fessée judiciaire : visiblement, la LDH y prend goût ! », et agrémente sa page d’un photogramme datant du muet où l’on voit un homme administrer une chaste correction à une femme (tout habillée), les Inrocks rotent de rage. C’est Olympe de Gouges qu’on assassine. Le machisme en habit de maire. Ménard = Babar. Et tout ça. Pourtant le magazine déclinant de Mathieu Pigasse (-12% de diffusion payante d’une année sur l’autre) aurait dû jouir et se réjouir que cet art de la fessée qu’il chérit tant ait enfin franchi les barrières du périphérique et soit offert aux regards encore un peu terreux des Biterrois (c’est comme ça qu’on dit dans les journaux). Il n’y a pas un an, en effet, ils s’émouvaient que le Premier ministre anglais veuille interdire « certaines pratiques sexuelles » dans la pornographie de son pays, au premier rang desquelles la fessée. Et dans leur critique du navet 50 nuances de machin, ils se plaignaient encore d’« une toile de fond psy qui tend à faire du sado-masochisme une pathologie, et surtout pas un acte de transcendance ou de liberté ». Enfin, il n’hésite pas pour gonfler ses ventes à mettre en Une, cette semaine même, une jeune femme nue, certainement à peine majeure, sous le doux titre concis « Sexe 2015 ».

Malheureusement, ce n’est pas ainsi que ça se passe. Si vous dites du mal de la fessée entre adultes, les Inrocks dénonceront ; si par contre vous en dites du bien, les Inrocks dénonceront. Comme les grands moralistes antisexistes de Canal Plus font présenter depuis vingt ans la météo par des jeunes femmes réduites à l’état de pétasses. Je ne sais pas pourquoi, mais eux ils ont le droit.

Enfin, je suppose que les Inrocks eussent, grands princes, passé outre la beauferie du journal de la Ménardie si l’on avait vu la scène inverse, une femme représentant Robert Ménard fessant un homme, allégorie de la LDH. C’eût été une puissante manifestation de la libération des femmes. C’est-à-dire que, comme souvent, cela n’aurait eu aucun sens et n’aurait amusé personne.



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est journaliste et essayiste.

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