Ilan Halimi, pour mémoire…


Ilan Halimi, pour mémoire…

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France 3 va diffuser, vendredi 17 octobre à 23h20, un documentaire d’une qualité exceptionnelle consacré à l’enlèvement et à l’assassinat d’Ilan Halimi par le « gang des barbares » dirigé par Youssouf Fofana. Après le « flop », en terme de succès public, du film de fiction 24 heures d’Alexandre Arcady, consacré au même sujet, il faut souhaiter que ce documentaire ait la plus vaste audience possible, en dépit de son heure tardive de diffusion. Son auteur, Ben Izaak (pseudonyme d’un grand producteur de cinéma qui se lance tardivement dans l’écriture et la réalisation) a délibérément renoncé à faire vibrer la fibre émotionnelle pour se concentrer sur l’autopsie d’un échec policier. Toute la chaîne de commandement et d’exécution de la brigade criminelle de la PJ parisienne est convoquée devant la caméra pour expliquer ce qui n’a pas marché, et pourquoi les auteurs de ce crime barbare n’ont pu être repérés et mis hors d’état de nuire avant d’abandonner, mourant, leur otage au bord d’une voie ferrée de la banlieue sud de Paris. La réponse apparaît dans son aveuglante et terrifiante simplicité : ces professionnels de grande qualité, techniquement aguerris, n’ont pas suffisamment pris en compte la dimension « nouvel antisémitisme », celui des cités de banlieues, pour ne traiter l’affaire que sous l’angle de l’enlèvement crapuleux.

La police, comme beaucoup d’autres professions, se réfère à ce qui a déjà eu lieu pour trouver des solutions à ce qui advient. Un  profilage  psychosocial  plus fin  des auteurs de l’enlèvement, tenant compte des intuitions de la famille Halimi et de l’évolution de la « pensée-banlieue », aurait peut-être induit un modus operandi plus approprié. En publiant, par exemple, le portrait robot de « l’appât », et en donnant à ce rapt une publicité  poussant les ravisseurs à la faute, et des témoins de la cité de Bagneux où Ilan était séquestré à informer la police de leurs soupçons. Le déni de la dimension antisémite de ce crime s’est poursuivi jusqu’à la Cour d’assises, comme le montre l’entretien avec une des avocates des criminels interrogée par Ben Izaak…

Lorsque le générique de fin de ce documentaire défilera, les plus anciens de ceux qui auront veillé tard pour le voir se souviendront  peut-être de l’adaptation française, par Graeme Allwright, d’une ballade de Bob Dylan «  Qui a tué Davey Moore ? » évoquant la mort, sur le ring, d’un boxeur pris dans les rets d’un système devenu fou… On attend maintenant avec impatience le prochain documentaire de Ben Izaak, qui se penche sur «  Les territoires perdus de la République », une dizaine d’années après la publication de cette enquête dirigée par Georges Bensoussan.  Où l’on verra que les profs peuvent être des flics comme les autres. Aussi bons, et aussi mauvais.

*Photo : BENOIT TESSIER/AP/SIPA. AP20986341_000001.



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