Djihad : le choix des armes


Les premières informations sur l’affaire du Thalys étaient rafraîchissantes. L’agresseur, disait-on, était un armé d’un Colt 45. Une arme mythique qui sentait bon l’Amérique et ses grands espaces. Un Américain peut-être ? Enfin du nouveau dans la longue litanie des règlements de comptes et des actes terroristes.

Hélas, il fallut vite déchanter car on apprit que l’homme du Thalys avait aussi une kalachnikov avec neuf chargeurs. Bien qu’il soit citoyen marocain, ayant vécu plusieurs années en Espagne puis en Belgique, il était donc très banalement d’ici, estampillé de chez nous. Adieu l’Amérique et vive la France ! Un autre événement, dont il a été longuement question ces derniers jours, avait auparavant occupé nos esprits. Un homme avait massacré sa femme à coups de machette.

Une machette ? Vous avez ça chez vous ? Non. Mais certains oui. Il en est parfois question lors d’affrontements entre bandes rivales de banlieue. La machette, on s’en sert surtout en Afrique pour casser en deux les noix de coco ou lors de massacre inter-tribaux. Nul donc ne contestera que la France soit un pays ouvert à toutes les innovations venues de l’étranger. Il est tout aussi vrai que la kalachnikov comparée au « coupe-coupe » est un signe incontestable de modernité.

À l’autre bout de l’Europe, où je me trouve, en Pologne, un autre fait divers remplit les colonnes des journaux. Un homme a tué une fillette de dix ans. Pas avec une machette ou une kalachnikov. Avec une hache. Une hache ! Rien n’illustre mieux la lenteur que la Pologne mets à se moderniser. Ce pays reste encore essentiellement agricole. Et il y a une hache dans chaque ferme.

La Pologne a donc beaucoup d’efforts à faire encore pour s’intégrer pleinement à l’Union européenne et pour ressembler à la France, son alliée de toujours. Perplexe, je m’en suis ouvert à un ami polonais. Il l’a pris de haut. « Tu sais, nous sommes autant européens que vous ! Mais nous sommes aussi d’indécrottables nationalistes. C’est pourquoi nous restons attachés à nos traditions et à nos haches. Et en plus, nous ne voulons pas du tout être amalgamés à la machette et à la kalachnikov. Tu comprends ? » Je lui ai dit que je le comprenais plus qu’il ne pouvait l’imaginer.



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est journaliste et essayiste

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