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BBC, le tiercé en désordre de la French ecology


BBC, le tiercé en désordre de la French ecology

Ces rêves dorés valent bien que Dany se commette, pour un temps, avec des personnages dont il ne partage ni le parcours, ni les pratiques, ni mêmes les idéaux, à commencer par José Bové, qui a voté « non » au référendum sur la Constitution européenne, alors que Dany s’était engagé à fond pour le « oui ». Ce vrai-faux paysan (il ne le fut que le temps de se constituer une base militante) s’est fait marchand d’apocalypse, et cultivateur des peurs irrationnelles chez ses concitoyens. Il use de ses moustaches et de l’usage immodéré de la faux (quand les caméras sont là) pour amasser un capital de popularité dans le bon peuple qui mange au MacDo, mais applaudit comme à Guignol quand on les démolit à coup de barre à mine. Autre légère divergence, Bové s’était illustré en prétendant que le Mossad israélien était derrière les agressions antisémites de 2002 en France, alors que Dany s’efforce de modérer le tropisme pro-arabe de ses amis Verts et de garder des relations correctes avec la gauche israélienne. Le vert de Bové est plutôt du genre vert olive, celui des uniformes de Yasser Arafat et d’Hugo Chavez, héros tiers-mondistes et démocrates bien connus, dont il se fait le champion en Occident.

Jean-Paul Besset, le moins connu de la bande, n’est pas le moins intéressant. C’est un écolo tendance pastèque : vert à l’extérieur, rouge à l’intérieur. Un pur produit du moule trotskiste, variante LCR. Un homme de l’ombre, bourreau de travail, spécialiste de « l’orga », un virtuose de « l’entrisme » qui sait repérer au premier coup d’œil les institutions, mouvements et associations qu’il convient de noyauter pour la bonne cause. Un homme de réseaux, de conciliabules, de manœuvres, de couloirs, aussi discret que Dany est volubile, mais dont l’efficacité est redoutable. Son itinéraire l’a conduit de Rouge, l’hebdo de la Ligue Communiste, jusqu’au Monde où il fut appelé par son ami et ancien camarade Edwy Plenel. L’ex-directeur de la rédaction du Monde devait bien cela à Besset, de dix ans son ainé et son mentor en trotskisme. En 1986, quand Laurent Fabius était Premier ministre, Besset était parvenu au cœur du pouvoir socialiste comme chargé de la communication de Matignon. Aussi de mauvais esprits en ont-ils déduit qu’il fut l’une des « gorges profondes » de Plenel lors de l’affaire du Rainbow Warrior

En bon apparatchik, Besset fut chargé au Monde de la gestion du réseau des correspondants de province, qui permet de placer quelques bons amis sûrs dans des lieux stratégiques… Dépêché à Toulouse à l’orée de ce siècle pour monter, avec l’appui du Monde, un hebdo destiné à briser le monopole informatif de La Dépêche du Midi, il échoue dans cette entreprise et se prend de surcroît les pinceaux et le stylo dans l’écheveau de l’affaire Alègre, l’un des plus grands fiascos médiatiques de la période récente. On se souvient de cette affaire crapoteuse où un truand condamné à perpète, Patrice Alègre, et quelques prostituées manipulées ou mythomanes avaient mis en cause Dominique Baudis, président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et ancien maire de Toulouse. Ce dernier avait, selon ses accusateurs, trempé dans des trafics de drogue et des partouzes sado-masochistes. Dans un article cosigné avec un pigiste du Monde, Jean-Paul Besset livra une description à vous donner le frisson d’une maison de la campagne toulousaine où les enquêteurs avaient, prétendaient-ils, découvert des traces indiscutables de pratiques sexuelles sadiques : anneaux scellés dans le mur à hauteur d’enfant (sic), draps ensanglantés, etc… Tout cela se révéla bientôt être de la pure affabulation. Le pigiste fut viré sur le champ et Besset nommé… directeur-adjoint de la rédaction du Monde avant d’être invité, quelques mois plus tard, à faire valoir ses droits à la retraite.

Mais jamais il ne pourrait se contenter d’un rapport contemplatif au monde qui l’entoure. Il commet d’abord un lourd pavé idéologique, publié chez Grasset, pour expliquer sa conversion du rouge au vert Comment cesser d’être progressiste… sans devenir réactionnaire. Cet opus le fera remarquer par Nicolas Hulot, globe trotter écolo-cathodique qui a alors besoin d’un intendant pour gérer politiquement le capital de sympathie immense qu’il s’est acquis grâce à TF1. Besset devient rapidement le porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot, ce qui lui permet de donner, à nouveau, toute la mesure de son sens de l’organisation et de son talent de négociateur de l’ombre. Le « pacte écologique » de la présidentielle, signé par tous les candidats, c’est lui. On le voit virevoltant dans les couloirs du Grenelle de l’environnement, marchandant avec les uns et les autres. Le voilà aujourd’hui sous les projecteurs, ayant franchi le pas et abandonné la coulisse pour entrer en scène. Il n’est pas sûr que la lumière lui réussisse, d’autant plus que le reste de l’équipe entourant Nicolas Hulot désapprouve ce coming out politique.

On conviendra que ces trois-là forment un étrange attelage. C’est dire si, pour Dany Cohn-Bendit, peu importe le pédigrée de ses acolytes. « C’est à prendre ou à laisser », a-t-il claironné, menaçant de retourner se faire élire en Allemagne si les Verts ne passaient pas sous les fourches caudines du trio. Tout bien pesé, on laisse. Reste à savoir si les militants écolos auront la sagesse de faire de même.



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