Accueil Politique Thierry Mariani : le consensus, c’est la défaite!

Thierry Mariani : le consensus, c’est la défaite!


Thierry Mariani, secrétaire d’État aux transports, est le fondateur de la Droite populaire.

Muriel Gremillet : On soupçonne la Droite populaire d’être favorable aux alliances avec Front national. Qu’en est-il ?

Thierry Mariani : Ai-je besoin de répondre à cette question ? Tout le monde sait que, si je m’étais allié avec le FN dans ma région, je serais aujourd’hui président du Conseil régional. Or, j’ai toujours été élu contre le Front.[access capability= »lire_inedits »] Mais cette politique du soupçon est l’éternelle posture de la gauche qui ne sait plus comment nous attaquer. Parce que nous posons les vraies questions, que nous osons traiter un certain nombre de sujets dont Chirac ne voulait pas, on nous qualifie de « populistes » et on nous reproche de chasser sur les terres du FN. Moi je crois qu’aucune thématique et aucun électeur ne sont la propriété de l’extrême droite. Je suis par ailleurs convaincu que l’installation du FN dans le paysage électoral n’est pas inéluctable. Que le peuple, abandonné par la gauche, ne déserte pas la droite : telle est précisément la raison d’être de la Droite populaire.

MG : Et comment comptez-vous garder le peuple à droite ?

TM : Il faut parler clair. Il ne s’agit pas de se résigner mais les Français savent bien qu’en matière économique, nous sommes dépendants de l’étranger : nous ne contrôlons plus notre monnaie, les cours des matières premières fluctuent, la mondialisation avance à grands pas. Quand le pétrole flambe, que la droite ou la gauche soient au pouvoir, les prix à la pompe augmentent. Nous devons en revanche exercer la plénitude de nos pouvoirs régaliens et prendre des décisions en matière de sécurité, de justice, d’immigration. Par ailleurs, il nous faut assurer le service après-vente de nos réformes. Et nous en avons mené beaucoup : successions, peines-planchers, assouplissement des 35 heures, Université, cartes judiciaire et hospitalière, suppression de la taxe professionnelle… et la réforme des ports que je suis en train de mener… Certes, on ne gagne pas sur un bilan, mais on peut perdre sur lui.

MG : Quelle sera la thématique de l’élection présidentielle de 2012 ?

TM : La première demande des Français, aujourd’hui, c’est la protection. Le candidat qui gagnera sera celui qui protégera le mieux la population de la mondialisation, du déclassement, de la perte des avantages acquis. La droite va proposer de protéger en s’adaptant, car notre vieux pays réalise un peu brutalement aujourd’hui qu’il n’est plus seul dans le monde. Les socialistes, eux, jouent les infirmières, avec le care de Martine Aubry. Ils promettent de dresser une ligne Maginot : on connaît le résultat de ce genre de protection. Nous, nous voulons protéger mais en entrant de plain-pied dans le XXIe siècle.

MG : Dans ce contexte, les centristes n’ont-ils pas une carte à jouer, en incarnant une droite de l’apaisement ?

TM : Entre 1995 et 2007, la France était apaisée. S’est-elle donné les moyens de conserver son rang ? La France des centristes, c’est celle du renoncement, de l’endormissement. Ce n’est pas parce que nous sommes en paix que nous pouvons nous dispenser de faire un effort. Ceux qui laissent croire que la solution, c’est l’apaisement, sont juste dans un jeu de séduction dangereux.

MG : Mais les 5 % que pourrait réaliser un candidat centriste à la présidentielle pourraient coûter cher à Nicolas Sarkozy…

TM : Certes, mais les 17 % d’une autre candidate pourraient être bien plus coûteux. Il nous faut retrouver notre élan, notre centre de gravité de 2007. La Droite populaire pense que c’est celui qui attirera la droite qui gagnera. Je crois qu’aujourd’hui, les électeurs qui votent FN n’y croient pas vraiment, mais qu’ils veulent nous envoyer un message. Notre collectif parlementaire va continuer à faire des propositions, à avancer des thèmes. Nous n’avons pas vocation à être une écurie présidentielle, ni même une sous-chapelle de l’UMP ; nous sommes un objet politique non identifié, sans argent, sans appareil, simplement doté d’une charte qui proclame des valeurs fortes. Après notre succès au Parlement, il nous faut lancer le deuxième étage de la fusée en gagnant la confiance des Français. Notre but est simple : que Nicolas Sarkozy réussisse à la présidentielle. Pour cela, il doit revenir à ses fondamentaux. C’est depuis qu’il cherche le consensus systématique qu’il chute dans l’opinion.[/access]

Avril 2011 · N°34

Article extrait du Magazine Causeur



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