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Le pouvoir est aussi une histoire de fesses


A Versailles s’ouvre une exposition dédiée aux trônes à travers le monde et les époques. Je trouve que c’est plus qu’opportun par les temps qui courent. Le trône est convoité, toujours. Au-delà de l’exposition, ce meuble pose de multiples questions à qui s’intéresse à la position en politique. Même si certains disent « Debout la République ! », à chaque fois qu’on se lève pour faire de la politique ou faire la révolution ou faire des réformes, c’est souvent pour mieux s’asseoir. Assise ! La République… S’asseoir sur des promesses ? Peut-être…

Quant à la politique moderne, elle regorge d’expressions où le cul n’est jamais très loin du pouvoir et de ses symboles. Ne dit-on pas qu’un député sauve son siège ? Que tel autre a été élu dans un fauteuil ? Aux Nations Unies, certains ont par le passé pratiqué la politique de la chaise vide. Sans oublier nos ministres qui sont sur un siège éjectable (a fortiori s’ils ont hérité d’un strapontin) et le Pape qui lui trône sur un Saint-Siège.
La politique est une histoire de fesses et ce ne sont pas les sénateurs qui diront le contraire puisqu’on adapte la largeur de leur fauteuil rouge à celle de leur popotin. Trôner c’est déjà commander, c’est s’imposer, c’est glander pendant que les autres poireautent debout. Trôner c’est aussi se couvrir de ridicule devant le peuple qui se méfie des puissants trop bien assis. Le trône est ainsi une chaise percée sur laquelle le roi chie tout en redoutant la chienlit, et ça, comme me l’a rappelé Marc, lecteur attentif de mon blog, Montaigne l’avait dit avant moi, dans ses Essais : « Aussi élevé soit un trône, nous n’y sommes assis que sur notre cul ».

Cela vaut aussi dans la vie économique: les conseils d’administration du CAC font parfois l’objet de jeux de chaises musicales. Plus généralement, être assis, c’est avoir le temps pour soi et laisser venir. Pour autant, combien de gouvernants bien calés dans leur siège ont fait de lits? Je veux parler du lit de l’extrême droite ou de la révolution. C’est bien normal que le trône fasse par définition le lit des extrêmes puis qu’on l’installe toujours au centre, dans une position statique. Le trône est fixe et même quand il se balade, il donne l’impression d’être immobile ; voyez les Rois fainéants. Bref, il y a là un sujet qu’il faut creuser, l’exposition de Versailles l’a royalement commencé.



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David Abiker est journaliste et essayiste. Retrouvez-le chaque jour sur France Info ou sur son propre <a href="http://davidabiker.typepad.fr/">blog</a>.

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