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La gauche totalitaire

Une brutalité malsaine et indigne...


La gauche totalitaire
Des pompiers contrôlant les restes d'une poubelle en feu à Paris, le 24 mars 2023 © Thomas Padilla/AP/SIPA

À y regarder de près, ces manifestations n’ont presque rien à voir, désormais, avec la réforme des retraites: elles ne sont plus que des actions contre – émaillées d’une brutalité de «fachos». Analyse.


« Il y a des folies qui se prennent comme les maladies contagieuses », écrivait La Rochefoucauld. Qu’eût-il pensé des manifestations actuelles, où la folie générale, inoculée par une extrême-gauche qui fait penser, au mieux, à la Commune de Paris de 1789, au pire, au fascisme italien – mais l’un et l’autre ont peut-être moins d’antinomie qu’on ne l’admet communément –, semble s’être emparée de l’esprit de beaucoup de contestataires ?

À voir, depuis maintenant plusieurs jours et presque chaque soir, les images apocalyptiques des rues de Paris, où, entre deux monceaux d’ordures, des militants radicalisés agressent des policiers cependant que leurs amis casseurs s’en prennent gratuitement au mobilier urbain, on se dit qu’il est loin le temps de la Manif Pour Tous, où près d’un million de personnes défilaient pacifiquement dans la capitale pour faire entendre leurs voix à un président dur d’oreille. L’opposition qui a l’esprit démocratique, celle qui n’est pas totalitaire, celle qui réfléchit parce qu’elle a lu des livres, et qui se veut force de propositions, est devenue marginale: elle a été remplacée par cet extrémisme de comptoir que l’on retrouve d’habitude aux marges, porté par des individus violents à la pensée violente, qui, par frustration d’enfant gâté à qui l’on n’a jamais rien refusé, ne rêvent que de la dictature du parti unique. Loin de vouloir débattre et discuter – ignorants –, ils préfèrent tout détruire pour tout obtenir.

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« Lorsque notre haine est trop vive, écrivait encore La Rochefoucauld dans ses Maximes, elle nous met au-dessous de ceux que nous haïssons. » L’extrême-gauche qui inspire les manifestations en cours, et n’agit que par haine, ferait presque passer le président de la République pour un garant de l’ordre, sage et modéré – alors même que les chiffres de la délinquance et de la criminalité pour l’année 2022 sont ceux d’un pays en guerre civile.

La violence est l’échec du langage

À y regarder de près, ces manifestations n’ont presque rien à voir, désormais, avec la réforme des retraites : elles ne sont plus que des actions contre –émaillées d’une brutalité de fachos, de cette brutalité vulgaire qui, sans nuances, menace de mort tous ceux dont la pensée diffère, de cette brutalité malsaine et indigne, qui ne s’en prend plus aux idées, mais aux individus. Honte aux députés de la France Insoumise qui se livrent à toutes les outrances verbales et physiques, qui se moquent des permanences dégradées des élus Républicains, ou qui justifient les coupures d’électricité ciblées contre des locaux des représentants de la nation ! Qu’eussent-ils pensé, si ces mêmes actions avaient été menées par des groupuscules d’extrême-droite ? – exactement ce qu’il faut en penser, n’en doutons pas : que ce sont des méthodes de fascistes.

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Cette gauche qui se dit populaire, pleine d’accointances avec les mouvements antifas, et qui a quelque chose de totalitaire, a toujours existé : c’est déjà en 1789 la Commune de Paris, scellée par le sang des décapitations du 14 juillet, cet organe monstrueux où siègent les grands démocrates Marat et Robespierre, dévoué à la sans-culotterie la plus violente, et qui sera à l’origine non seulement du Tribunal révolutionnaire, mais encore de toutes les grandes journées insurrectionnelles, pour ne pas dire criminelles – le 10 août 1792, les massacres de Septembre, ou l’arrestation honteuse des députés Girondins (31 mai – 2 juin 1793). Faire taire l’opposition est moins pénible que d’avoir à l’écouter : la violence est l’échec du langage – c’est bien pourquoi l’extrême-gauche actuelle, prétendument républicaine, est aussi celle qui célèbre bien plus volontiers l’histoire des communes que celle des assemblées.

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Cette gauche-là, celle héritée de Marat, de Robespierre et de Danton, n’a pas peur du sang : et elle n’aime pas tellement l’opposition. C’est qu’elle a la « Raison » pour elle : et qui va contre la « Raison » conspire, à ses yeux paranoïaques, contre le Beau, le Vrai, le Bien – et mérite par conséquent la guillotine. Cette gauche-là, aujourd’hui, c’est celle qui s’en prend verbalement et physiquement à une police qui, loin d’être « SS » comme elle le crie sans relâche et sans recul depuis 1968, est au contraire pieds et poings liés à force d’être victime de sa propre hiérarchie dès qu’elle procède à la moindre arrestation violente – mais c’est un pléonasme ! ; c’est celle qui profite des cortèges de manifestants pour lyncher des coupables, et tout détruire, quand elle ne tague pas des injures sur les monuments publics, par un reste de haine un peu vaine, de cette haine de désœuvré qui n’a que des rancœurs, parce qu’elle n’a pas d’esprit ; c’est celle qui brise les vitrines des restaurants où les candidats républicains – ne leur en déplaisent –, qui ne pensent pas comme eux, s’arrêtent pour déjeuner pendant une campagne présidentielle ; c’est celle qui commet allègrement des violences contre les partis dits d’extrême-droite, et fait tout ce qui est en son pouvoir pour empêcher les meetings, et briser la parole – agressions de militants, chantages, menaces, intimidations, comme au rassemblement de Villepinte lors de la dernière campagne, où c’est pourtant le candidat Zemmour qui est passé, dans le cirque médiatique, pour un agitateur de violences ! En bref, cette gauche-là, c’est celle qui déploie un véritable arsenal d’idéologie totalitaire pour mener son combat politique.

Une dernière citation du moraliste, pour conclure : « le ridicule déshonore plus que le déshonneur ». À force de se ridiculiser en chantant de concert avec les factieux, la gauche française se déshonore – elle qui ne plaçait déjà pas bien haut le sens de l’honneur. Sa haine des prétendus fascistes, qui n’existent que dans l’histoire et dans son imagination, est bien basse, et tient du désir mimétique : car n’est-elle pas, de plus en plus, en concurrence avec les idéologies totalitaires ? Chacun jugera.



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Ancien étudiant au lycée Henri-IV de Paris, avocat puis professeur de lettres, Paul Rafin a créé le blog Les Grands Articles, consacré à la littérature française et étrangère. www.lesgrandsarticles.fr

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