Accueil Édition Abonné En marge de l’attentat de Jérusalem, la rhétorique indécente de la diplomatie française

En marge de l’attentat de Jérusalem, la rhétorique indécente de la diplomatie française

En Israël, la peur de l'escalade


En marge de l’attentat de Jérusalem, la rhétorique indécente de la diplomatie française
Dans la bande de Gaza, des Palestiniens se réjouissent de l'attentat, 27 janvier 2023 © Saher Elghorra/SIPA

Après le terrible attentat qui a coûté la vie à sept civils israéliens vendredi soir, alors qu’ils sortaient de la synagogue dans un quartier du nord de Jérusalem, les condamnations ont été unanimes. Mais, dans ce concert de condamnations, une voix s’est fait remarquer: celle de la France…


Les dépêches de l’AFP ont ainsi désigné le quartier juif de Névé Yaakov comme une « colonie » ou comme un « quartier de colonisation juive » à Jérusalem-Est, alors même que la localité a été fondée en 1924, bien avant la création de l’OLP et l’invention du narratif de « l’occupation des territoires palestiniens ».

Mais il y a pire encore que cette erreur géopolitique. Comment faut-il en effet interpréter le communiqué du ministère français des Affaires étrangères, appelant « toutes les parties à éviter des actions susceptibles d’alimenter l’engrenage de la violence » ? Le président Emmanuel Macron a utilisé la même rhétorique, en tweetant : « Je pense aux victimes de l’attaque perpétrée hier contre une synagogue à Jérusalem, à leurs proches, et au peuple Israélien. Ferme condamnation de cet acte odieux. L’engrenage de la violence doit être évité à tout prix » (In cauda venenum…)

Un quai d’Orsay traditionnellement pro-arabe, un Elysée autrefois plus nuancé

Autrefois – dans les années 1990 – on avait coutume d’expliquer que le quai d’Orsay était « traditionnellement pro-arabe », tandis que l’Elysée était plus mesuré envers Israël. De telles distinctions n’ont visiblement plus cours aujourd’hui. Parler d’« engrenage de la violence » quand un terroriste palestinien assassine de sang-froid des fidèles juifs sortant d’une synagogue est indécent, à moins de considérer qu’ils sont des cibles légitimes. Mais la diplomatie française peut au moins se vanter de faire preuve de constance dans son indécence, au sujet du conflit israélo-arabe.

Pas plus tard que jeudi dernier, veille de l’attentat à Jérusalem, on apprenait en effet que la France avait demandé une réunion du Conseil de Sécurité de l’ONU pour condamner Israël, coupable aux yeux du quai d’Orsay d’avoir mené une opération anti-terroriste à Djénine ! Les deux autres pays qui ont prétendu faire condamner Israël aux côtés de la France n’étaient autres que la Chine et les Emirats arabes unis, alliés pas très fréquentables en matière de politique étrangère.

A lire aussi, Yves Mamou: Israël: un juif viole-t-il le «statu quo» en se promenant sur le Mont du Temple à Jérusalem?

La position française dans le conflit israélo-arabe et israélo-palestinien n’est pas nouvelle. Elle est presque aussi ancienne que le conflit lui-même. Ce qui est nouveau, c’est le fait que la rhétorique indécente du quai d’Orsay – qui met sur le même plan les victimes israéliennes du terrorisme et les terroristes palestiniens abattus dans une opération préventive de Tsahal – ne suscite plus aucune indignation et passe pour ainsi dire inaperçue.

Les Français, eux, savent à quoi s’en tenir

L’amiral Michel Darmon, ancien président de l’Alliance France Israël, avait coutume de distinguer la « France réelle » de la « France officielle ». Cette dernière peut en effet condamner Israël et faire preuve de compréhension envers le terrorisme palestinien. Mais les Français, dans leur immense majorité, savent bien à quoi s’en tenir. Ils savent bien que les terroristes qui tuent des Juifs à la sortie des synagogues à Jérusalem sont motivés par le même fanatisme et la même haine que ceux qui assassinent des Français attablés à un café à Paris, ou qui égorgent et tirent dans la foule à Lyon et à Nice.

Prétendre convoquer le Conseil de Sécurité pour condamner une opération antiterroriste d’Israël (dont la nécessité a été tragiquement confirmée quelques heures plus tard par l’attentat de Jérusalem) est un acte politique grave. Autrefois, quand la voix de la France avait encore quelque poids au Moyen-Orient, un tel acte aurait suscité une condamnation de la part d’Israël, et sans doute une protestation et des manifestations des amis d’Israël en France. Aujourd’hui, une telle attitude ne suscite plus que l’indifférence. Sans doute sait-on à Jérusalem qu’il n’y a plus grand chose à attendre de la diplomatie française concernant Israël. La France tiers-mondisée n’est plus que l’ombre du grand pays qu’elle fut jadis. Elle n’a plus depuis longtemps de politique extérieure au Moyen-Orient, elle n’a plus qu’une politique intérieure. Ses condamnations rituelles d’Israël et ses appels à enrayer « l’engrenage de la violence » n’ont en réalité qu’un seul objectif : ne « pas désespérer » l’islam des banlieues.

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