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Économie française: une socialiste à Matignon, vraiment?

Socialist, I was borne this way!


Économie française: une socialiste à Matignon, vraiment?
Passation de pouvoirs entre Jean Castex et Elisabeth Borne, Matignon, 16 mai 2022 © Christophe Ena/AP/SIPA

Christine Lagarde étant retenue à la BCE et sa majorité lui ayant interdit de nommer la LR Catherine Vautrin, le président Macron s’est rabattu sur Elisabeth Borne, longtemps proche du Parti socialiste. Un très mauvais signal aux milieux économiques, selon notre chroniqueur, qui estime qu’il faut désormais s’attendre au pire.


Attachez vos ceintures. Ça va sérieusement swinguer. La France vient d’entrer dans la zone noire de la faillite économique et il y a peu de chances qu’elle puisse s’en sortir par ses propres moyens, surtout avec une socialiste incompétente à Matignon !

Les citoyens français ne sont évidemment pas au courant. On s’est bien gardé de les en informer pendant la période électorale, l’économie étant de toutes façons, dans les grands médias audiovisuels, rangée dans un coin comme la météo… Or la croissance au premier trimestre 2022 s’est établie à 0%. Le déficit commercial, propulsé par la guerre en Ukraine, mais pas seulement, a explosé ses pires records : il vient d’atteindre sur les douze derniers mois achevés fin mars, et pour la première fois en France, la barre des 100 milliards d’euros. Et la danse des (mauvais) milliards continue: l’inflation a bondi de 4,8% en avril sur un an. Les prix de l’énergie ont encore augmenté de 26,6% sur douze mois. Une valse des étiquettes sans précédent s’est abattue sur le pays.

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Bâtie sur une prévision de PIB en hausse de 4%, l’exécution du budget est d’ores et déjà complètement obsolète. Les dizaines de milliards d’euros d’engagements du candidat Macron – aides publiques contre l’inflation, hausse du Smic et des retraites et autres cadeaux électoraux – vont constituer autant de chèques sans provision qui vont ajouter de nouveaux déficits aux déjà gigantesques déficits structurels du pays. Or le président avait fait savoir que ces engagements de dépenses supplémentaires seraient couverts par la croissance de l’économie. Avec une croissance à zéro, que faire ? Et demain, avec une croissance négative ?

De plus en plus de nuages très noirs au-dessus de nos têtes

Il faudrait être bien téméraire, vu les charges et les dangers écrasants qui se présentent face à nous – l’Ukraine, la Russie et la Chine, le Covid, la flambée des matières premières et des prix –, pour croire à un futur beau temps économique alors que de plus en plus de nuages très noirs s’installent au-dessus de nos têtes. Pour contrer l’inflation galopante, au lieu d’expliquer les vrais enjeux à ses concitoyens, Emmanuel Macron a lancé de nouvelles promesses : suppression de la redevance audiovisuelle, mise en place d’un nouveau dispositif pour limiter les hausses du prix des carburants à la pompe, augmentation du point d’indice des fonctionnaires, création d’un chèque alimentaire, sans compter quelques autres bonbons électoraux…

Macron a pris l’habitude, pendant les périodes électorales, de faire des promesses « qui n’engagent que ceux qui les reçoivent », comme disait Chirac. Lui qui déclarait urbi et orbi se donner comme priorité de « protéger » les Français n’a même pas été capable de les protéger de la racaille en faisant construire les 15 000 places de prison promises lors de sa campagne électorale de 2012, alors même qu’il en faudrait le double ou le triple. Il est vrai que nos prisons coûtent beaucoup plus cher qu’ailleurs, les normes de fabrication « à la française » étant d’une extraordinaire lourdeur, ce qui n’est pas une raison. Une autre maladie française !

Entre Macron, Le Pen et Mélenchon, nous venons d’assister à un concours de démagogie tel qu’on n’en avait pas vu depuis l’élection de François Mitterrand, il y a plus de quarante ans. Et tout cela alors que les vrais problèmes sont ailleurs.

Un monstrueux déficit commercial, des dépenses publiques fastueuses et des dettes sans fin…

Nous avons chez nous un gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, qui fait les comptes du pays. Il est intervenu le 10 mai dernier devant le Haut Conseil des finances publiques, un organisme indépendant qui surveille les grands équilibres financiers de l’État, et pour notre gouverneur, s’agissant de la dette et des taux d’emprunt, c’est clair et net : « Chaque hausse de 1 % des taux entraînera au bout de dix ans une augmentation de la charge de 1 point de PIB par an », ce qui représente, à terme, un coût supplémentaire de près de 40 milliards d’euros chaque année, soit environ le montant du budget de la Défense. Et si ces taux d’emprunt devaient passer à 3% en moyenne sur dix ans, ce coût supplémentaire passerait, lui, à plus de 100 milliards d’euros. Et encore, à la condition que la France puisse emprunter de l’argent à ce prix-là !

Également à la condition que le président Macron choisisse une grande pointure comme Christine Lagarde à Matignon, ce qui montrerait aux Français et à la communauté internationale qu’il prend très au sérieux la situation économique réelle de son pays. Encore raté ! Ancienne ministre au Commerce extérieur sous Jacques Chirac, puis ministre de l’Économie pendant quatre ans sous Nicolas Sarkozy, elle a été nommée directrice générale du FMI (Fonds monétaire international) pendant huit ans à Washington, avant de prendre en juillet 2020 la présidence de la BCE (Banque centrale européenne) à Francfort.

Élisabeth Borne: sa vocation à elle, c’est le social

Christine Lagarde était sans aucun doute la seule capable aujourd’hui en France de prendre à bras le corps les vraies grandes réformes qui nous sont nécessaires. De gérer le triple dossier de notre monstrueux déficit commercial de 100 milliards par an, de nos fastueuses dépenses publiques (près de 60% du PIB) et de nos dettes sans fin (3 000 milliards d’euros dès cette année).

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Sa crédibilité internationale en matière économique au plus haut niveau mondial ne pouvait en aucun cas être comparée à celle d’Élisabeth Borne, qui n’en a aucune en matière économique et financière.

Sa vocation à elle, c’est le social. C’est une socialiste convaincue. Elle a dirigé le cabinet de Ségolène Royal à l’Écologie et codirigé la RATP avec la CGT. Devenue ministre des Transports en 2017, Élisabeth Borne est passée ensuite en 2019 à la Transition écologique, puis au Travail en 2020.

Sa nomination est un très mauvais signe lancé à nos créanciers internationaux. C’est donc maintenant une certitude : il va falloir s’attendre au pire. Mais pourquoi faut-il que nous prenions aussi souvent en France les mauvaises décisions en matière économique ?




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Journaliste et entrepreneur

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