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Les Cités d’or brillent encore !


Les Cités d’or brillent encore !

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Les mystérieuses Cités d’or reviennent pour une nouvelle saison inédite à partir du 7 avril chaque dimanche et mercredi sur TFOU, l’émission jeunesse de TF1. Ce dessin-animé franco-japonais des années 80 n’a rien à voir avec l’actualité politico-juridico-fiscalo-impudique de ces derniers jours. Même si le générique parlait déjà « des hommes à la recherche de  fortune » ou de « richesse soudaine » et que les premiers épisodes furent diffusés au moment où François Mitterrand opérait son tournant de la rigueur. À cette époque-là, les enfants nés dans les années 70 ne pensaient pas que la France serait, un jour, plombée par la faillite de ses élites et que l’indécence de sa classe politique lui donnerait la nausée. Et pourtant, ils auraient dû être plus attentifs aux messages subliminaux de cette série devenue culte. Car derrière le cadre historique, le XVIe siècle et ces grands voiliers qui partaient à la conquête du Nouveau Monde, il était bien question de l’âpreté au gain, inhérente à toute activité humaine. Nous étions alors trop jeunes, trop naïfs, captivés par cette musique hypnotique et fascinés par les mystères de la Cordillère des Andes.
Les Cités d’or, c’est la Madeleine de Proust des (à peine) quadras, le temps béni de RecréA2, de Groquik, d’Ulysse 31, des Majorette, des Big Jim, de Super Jamie, de Steve Austin, d’Albator et du Videopac. Les moins de 30 ans n’ont pas connu cette bulle spatio-temporelle où les aventures d’Esteban, Zia et Tao réchauffaient les foyers français dans les premières brumes de la mondialisation. Les plus vieux ne comprenaient pas pourquoi des gamins restaient collés des heures devant leur poste de télévision. Ces japoniaiseries commençaient tout juste à exciter nos « intellectuels ». Quand on a perdu sur le terrain des idées, qu’on a été incapable de « changer la vie », il est facile de s’attaquer aux dérives de la télévision. C’est à l’aune de ces combats d’arrière-garde que l’on a, très tôt, jugé notre Intelligentsia médiatique. Pathétique et dérisoire.
Aujourd’hui, ces discours enflammés contre la violence des dessins animés feraient sourire tant la télévision commerciale a enfanté bien d’autres monstres. Nous étions encore inconscients et heureux. Nous étions même devenus incollables sur la civilisation Inca, le Grand Condor, le peuple Mu, cette autre Atlantide engloutie dont Tao était le dernier descendant. Et puis ces noms Pichu, Mendoza, Pedro, Sancho ou l’inquiétant Pizarro, étaient aussi déroutants à nos chastes oreilles que la parution de Spinoza encule Hegel de Jean-Bernard Pouy. Mine de rien, Esteban, le fils du soleil nous ouvrait au monde et à l’histoire. Ce n’est pas donné à tous les professeurs, reconnaissons-lui au moins ça. Chaque épisode était suivi par un documentaire assez bien construit afin que nous nous intéressions à autre chose dans la vie que la création récente des TUC (Travaux d’Utilité Collective). Le succès du dessin animé n’aurait pas été aussi fort sans la voix caverneuse de Jean Topart qui en assurait les commentaires.
Quelques années plus tard, en allant voir Poulet au vinaigre de Claude Chabrol au cinéma, nous pûmes mettre un visage sur lui. Nous sommes donc un peu fébriles à l’idée de voir cette suite comme si nous devions retrouver, trente ans après, un amour de jeunesse. Les désillusions peuvent être terribles de part et d’autre. Pour Jean-Luc François, le réalisateur de ces nouvelles Mystérieuses Cités d’or, l’objectif était de « moderniser sans trahir ». On retrouvera demain, avec angoisse et beaucoup de plaisir, nos fidèles compagnons d’enfance dans une taverne de Barcelone. Ils ont décidé, cette fois-ci, de partir en Chine, à la découverte de ce nouvel eldorado. Suivons-les, ils ont toujours été de bons guides visionnaires.



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Journaliste et écrivain. A paraître : "Et maintenant, voici venir un long hiver...", Éditions Héliopoles, 2022

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