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Macron ne veut plus passer pour le «président des villes »


Macron ne veut plus passer pour le «président des villes »
Emmanuel Macrpn et Jean-Pierre Pernaut, 12 avril 2008. Sipa. Numéro de reportage : 00854196_000011.

Alors que la réforme du statut des cheminots cale, le Président est sorti du silence à la télévision, en s’adressant hier midi à la France rurale qui regarde Jean-Pierre Pernaut. Macron essaie de se « périphériser »


Macron craint que son gouvernement puisse dérailler (notamment avec le conflit ouvert à la SNCF). Sa majorité ne lui est d’aucune aide pour contrer les blocages et la grogne qui monte. Castaner et sa « Grande marche pour l’Europe » ont fait un flop ce weekend. Comment convaincre les Français du bien-fondé des réformes engagées, exigées par l’Europe? Le gros des troupes LREM a essentiellement réalisé des processions dans des grandes villes comme Paris, déjà acquises à la macronie. La France périphérique étant « hors radar » pour En Marche, Macron doit faire le sale boulot…

Pernaut pour les ruraux, Plenel pour les CSP+

Le président Macron veut parler à tous les Français et « reprendre la main », comme on dit sur les chaînes d’info en continu. C’est en tout cas un plan médias un peu lourdingue qui a été mis en place pour ratisser large et corriger son image. Macron s’adresse d’abord à la France rurale qui rentre chez elle pour déjeuner et regarder le taulier du 13 heures depuis trente ans. Dimanche, il sera sur BFMTV. Son flirt avec le journaliste-justicier de la gauche morale Edwy Plenel sera alors plutôt scruté par les CSP+


Dans l’école de Berd’huis, petite commune normande inquiète où TF1 a planté sa caméra, Macron a pris le risque de s’éloigner de la « start-up Nation »… A Berd’huis, c’est Marine Le Pen qui est arrivée en tête au premier tour de la présidentielle. Limitation à 80 kms/h, terrorisme, désertification, hausse de la CSG et grèves qui empêchent les travailleurs d’effectuer leurs migrations pendulaires : sur tous ces sujets, le président s’est longuement exprimé.

Réformes : Macron ira jusqu’au bout

Les Français sont excédés par les grèves à la SNCF. Même s’il se complait à rappeler que son grand-père était cheminot et que ce n’est pas dans son idée de blâmer les cheminots, Macron restera inflexible. Il veut réorganiser la société nationale. Ne pas aller au bout de la réforme serait une « hypocrisie collective ». Certains doutent de lui ? « Je vous demande de me faire confiance ». Selon lui, il a prouvé depuis un an ce qu’il était capable de faire et il faut lui laisser les mains libres. Son grand-père était cheminot, il est « comme nous » après tout ce Macron ! La seule différence, c’est que l’ancien employé de la banque Rothschild a constaté que le « monde va beaucoup plus vite » et que la France ne s’est pas adaptée. Il faut simplement que tous ces campagnards se mettent un peu en marche. Macron annonce qu’il veut « refonder la maison France » et nous préparer cinquante ans de prospérité. Ambitieux !

La CSG qui fait râler les retraités ? Macron sait qu’ils sont devant « leur » Pernaut, c’est le bon moment de leur parler ! Il va les regarder droit dans les yeux, face caméra. Sans « mépris », celui qui refuse de se voir affubler le titre de « Président des riches » veut leur dire « merci » pour leur effort. On ne refonde pas la maison France facilement, on n’a rien sans rien. Ce désagrément pour la CSG de « nos anciens » sera atténué une fois la taxe d’habitation supprimée dans un an. Patience, patience, paisibles et charmants retraités…

La France ne rasera plus gratis

Le gouvernement a toutes les difficultés du monde à supprimer cette fameuse taxe d’habitation. Macron le dit face à un Jean-Pierre inquiet pour le budget des collectivités locales : « Pas de carabistouilles! » Il assure que les dotations resteront assurées, contrairement à ceux qui disent des esprits chagrins. Il n’y aura pas de nouvel impôt… mais il va falloir trouver de l’argent. On ne sait pas comment, mais soyons rassurés : un vaste projet de réflexion sur les impôts locaux serait en marche…

Les fans du JT de la Une le répètent à longueur de reportages : tabac, carburants, tout augmente. Pernaut va demander si l’on ne peut pas faire quelque effort pour tous ces malheureux. Macron réplique sèchement : « Dites, dans quelle situation on est ? »

S’il est trop fier de plaire aux investisseurs étrangers, Macron ne peut pas faire d’effort pour plaire au Français au bout de la cordée. La France en marche ne rasera plus gratis. Quel populiste ce Pernaut ! « On est fous ! » s’exclame-t-il. La dette, c’est l’impôt « au carré », et on va le laisser à nos enfants.

Trois mosquées fermées

Si la France rurale est inquiète pour son porte-monnaie, elle n’aime pas trop non plus la tournure que peut prendre la situation sécuritaire. 245 morts depuis 2015 : que compte faire Macron pour enrayer la machine infernale islamiste ? Pernaut rappelle au Président qu’il faudrait faire quelque chose avec les fameux « fichés S », ces radicaux qu’on surveille de plus ou moins loin, et, qui, régulièrement, se font sauter, jusque dans nos campagnes comme on l’a vu à Trèbes. Ne pourrait-on pas au moins prendre quelque mesure contre le « salafisme » ?

Attention là ! Macron tempère tout de suite les volontés « islamophobes » de Pernaut : « Attention à ce que vous dites. Il n’y a pas de définition juridique du salafisme ». Si on part comme ça…

Le président se félicitera d’avoir fermé 3 mosquées, et rappelle qu’il faut surtout se prémunir de tout amalgame. Hollande, qui a fait son retour fracassant cette semaine dans les librairies du pays, semble aussi faire son retour dans la bouche de Macron. Lequel a rappelé qu’il ne faut surtout pas confondre les salafistes avec l’immense majorité des musulmans et que beaucoup de jeunes subissent des « discriminations » à l’embauche. La musique habituelle.

Pas de fracture, circulez !

Le plus gros problème de la France des champs qui adore Pernaut, c’est qu’elle se sent abandonnée. La désertification et la fermeture des commerces et des services publics sont une véritable calamité. A part le journal de 13 heures de TF1, peu de monde en parle. Il n’y en a que pour les banlieues!
Macron répond qu’il n’y a « pas de fracture entre la France des villes et la France des champs ». Il dénonce une « caricature ». Pour preuve, regardez cette magnifique école moderne de Berd’huis… Et ne lui parlez pas non plus de la limitation à 80 km/h à partir du 1er juillet ! La mesure va seulement être testée « pendant 2 ans », et l’argent des amendes ira aux hôpitaux. Alors que tous ces mauvais esprits arrêtent de l’embêter aussi avec ça, la mesure ne vise pas à prendre un peu plus d’argent aux Français de la campagne. Maintenant, si vous le voulez bien, le président doit regagner la ville.



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Rédacteur en chef du site Causeur.fr

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