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Syrie : la guerre médiatique a déjà lieu


Comme prévu, la première grande annonce diplomatique du quinquennat Hollande se situe dans la parfaite continuité de la politique étrangère sarkozyenne. Après le massacre de Houla, que l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan a dénoncé sans en attribuer explicitement la responsabilité au régime de Damas, François Hollande et Laurent Fabius ont décidé d’expulser l’ambassadrice de Syrie à Paris Lamia Chakkour, ce qu’auraient sans doute fini par faire Nicolas Sarkozy et Alain Juppé.

Ironie du sort, la diplomate syrienne avait été prise dans un imbroglio l’été dernier, lorsque France 24 avait bien imprudemment annoncé sa défection et son entrée dans l’opposition. L’info s’était révélée être une intox mais a inauguré une longue série de controverses médiatiques qui entourent les convulsions successives de la révolte syrienne.

Parmi les derniers épisodes de la guerre civile syrienne – il faut bien appeler un chat un chat- deux mystérieux rebondissements égarent les journalistes : l’empoisonnement supposé de hauts dignitaires baasistes et l’enlèvement de pèlerins libanais chiites près d’Alep. Grâce à notre confrère du Figaro Georges Malbrunot, nous savons maintenant ce qui s’est tramé derrière les rumeurs d’assassinat des ministres de la Défense, de l’Intérieur et du beau-frère de Bachar Al-Assad, l’officier Assaf Chawkat. Vraisemblablement, il s’agirait d’une opération éclair montée par l’Armée Syrienne Libre, qui avait empoisonné le repas des six très hautes personnalités proches du premier cercle de Damas, lesquelles n’ont dû leur salut qu’à une hospitalisation rapide.

Or, le rapt de treize pèlerins chiites libanais en Syrie reste quant à lui entouré de tout son halo de mystère. L’annonce- démentie depuis – de leur libération puis de leur exfiltration en Turquie, où ils restent immobilisés, a laissé tous les observateurs pantois. Vendredi, France 24 (que l’on est désolé d’accabler…) tombait dans le panneau comme les autres…

Dans cette ténébreuse affaire, il semblerait que des agents de liaison du Hezbollah soient les otages d’une partie de la rébellion syrienne qui rechigne à les évacuer vers le Liban sans contrepartie de l’armée syrienne (arrêt des bombardements d’Alep) et du « parti de Dieu » (enjoint à se désolidariser de son encombrant allié).

Pour rendre les choses un peu plus incompréhensibles, la présidence turque a dernièrement nié jouer le moindre rôle dans les négociations avec les ravisseurs et l’Armée Syrienne Libre affirme n’être pour rien dans ce rapt. Aux dernières nouvelles, le premier ministre libanais devrait néanmoins se rendre à Ankara pour faire avancer le dossier.

Pauvres médias, allez comprendre cette nouvelle Histoire des treize



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