Ainsi donc Ségolène Royal a-t-elle jugé indispensable de s’excuser au nom de la France auprès de José Luis Zapatero, suite aux propos désobligeants qu’aurait tenu Nicolas Sarkozy à son encontre. Il n’a échappé à personne que cet exercice fait écho à l’époustouflant discours de Dakar, qui avait vu la native des lieux s’ériger en arbitre des élégances postcoloniales et des repentances connexes. On l’a donc compris, la nouvelle posture de Ségo est de se constituer en shadow cabinet à elle toute seule. Privée à Reims par les militants du droit de parler au nom de tous les socialistes, elle contourne l’obstacle en s’investissant du devoir de parler au nom de la France toute entière. Reste que, pour l’instant, elle fait un usage extrêmement restreint, pour ne pas dire hyper-spécialisé, de ses nouvelles prérogatives régaliennes, les limitant aux seules excuses tous azimuts. On se perd donc en conjectures pour savoir quels seront les prochains récipiendaires. A quels peuples, personnes, ethnies ou corps constitués Ségo ira-t-elle demander pardon pour les maltraitances verbales sarkoziennes ? La liste des victimes étant longuette, il n’y a que l’embarras du choix. Cécilia ? Chirac ? Les Tchèques ? Les racailles courneuviennes ? A moins qu’au nom de la France, la présidente de Poitou-Charentes décide de faire amende honorable, au nom du pays tout entier, pour les mille et une méchancetés proférées par Nicolas Sarkozy sur la personne de Ségolène Royal.
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