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Guerre en Ukraine: l’énergie au cœur des débats

Ceux qui se sont autant trompés hier peuvent-ils nous gouverner demain?


Guerre en Ukraine: l’énergie au cœur des débats
La centrale nucléaire de Cattenom, Moselle © Jean-Christophe Verhaegen / AFP

Une tribune libre de Julien Dupuy, consultant en énergie


L’Europe est aujourd’hui dépendante à 40% du gaz russe et un tiers de son pétrole vient de Russie. Un embargo européen strict comme l’ont annoncé les États-Unis et l’Angleterre nous plongera dans une récession économique. Il nous est impossible de compenser les volumes perdus sur le marché russe par l’achat de pétrole d’autres pays producteurs et encore moins via l’utilisation d’autres sources d’énergies. Dans ce contexte, nos dirigeants commencent à exhorter les Français à réduire leur consommation d’énergie. En d’autres termes, c’est au peuple de payer l’insouciance de nos sanctions irréfléchies.

Depuis des années, nos dirigeants ferment les yeux sur les conséquences de leurs choix politiques, qui conduisent à réduire toujours plus le pouvoir d’achat des Français

Nous entendons de grands discours sur la souveraineté venant de politiques qui ont œuvré à la déliquescence du modèle français. François Hollande nous partage sa volonté de stopper l’achat du gaz russe, lui qui a pourtant axé sa politique énergétique sur la réduction de la part du nucléaire et qui a mis en route la fermeture de Fessenheim, nous plongeant ainsi dans la situation de dépendance que nous connaissons actuellement.

Depuis des années, nos dirigeants ferment les yeux sur les conséquences de leurs choix politiques, qui conduisent à réduire toujours plus le pouvoir d’achat des Français. Mais au lieu de traiter le problème, nous nous enfermons dans une voie sans issue, si ce n’est désastreuse, en nous concentrant exclusivement sur le développement des énergies renouvelables intermittentes. Les récentes annonces de Belfort, qui avaient pourtant pour but de relancer le nucléaire français, se sont vues accompagnées de la multiplication par dix de la puissance solaire installée et de la construction d’une cinquantaine de parcs éoliens en mer. Ceci était, d’après le gouvernement, « le choix le plus pertinent au niveau écologique » et « le plus opportun d’un point de vue économique ».

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La situation géopolitique et le coup de massue infligé à l’économie française auraient au moins dû faire fléchir nos dirigeants. C’est pourtant le contraire que nous avons observé avec la récente déclaration d’Ursula Von Der Leyen, qui annonçait vouloir investir davantage dans les énergies renouvelables : « Plus vite nous passerons aux énergies renouvelables […] plus vite nous serons réellement indépendants et maîtres de notre système énergétique ».

Ce qu’oublie pourtant la présidente de la Commission européenne, c’est que le modèle allemand, si prolifique en émissions de CO2, a suivi à la lettre les recommandations de l’Union Européenne. De surcroît, c’est justement à cause du modèle allemand et des énergies renouvelables intermittentes que l’Europe a accru considérablement sa dépendance au gaz russe.

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Notre pays doit urgemment s’engager dans un plan de transformation de l’économie. Nous devons, à terme, remplacer nos consommations d’hydrocarbures par une électrification des usages et le développement de l’hydrogène. Ces efforts vont nécessiter une capacité d’approvisionnement en électricité stable et décarbonée importante, ce qui passera obligatoirement par le développement massif de notre parc nucléaire.

Il nous sera impossible de respecter une neutralité carbone avec un mix électrique se reposant sur les énergies renouvelables intermittentes. Notre seule chance de pouvoir un jour opérer une transition et une indépendance vis-à-vis des hydrocarbures est le nucléaire. 

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L’Allemagne, au nom de l’écologie, a fermé ses réacteurs et est aujourd’hui dépendante à 55% du gaz russe. C’est cette même Allemagne, par le biais de la commission européenne, qui nous entraîne dans une impasse mortelle en faisant tout pour que la France perde sa souveraineté énergétique. L’Allemagne est un fardeau écologique qui refuse, toujours au nom de l’écologie, de prolonger la durée de vie de ces trois dernières centrales nucléaires et qui, en même temps, rallume ses centrales à charbon.

Les idéologues antinucléaires à la tête du gouvernement et du ministère de la transition écologique se sont appuyés sur le modèle allemand. Il serait désormais sot de croire, après la fermeture de Fessenheim, après le souhait de fermer 12 autres réacteurs nucléaires, après l’objectif de réduction du nucléaire à 50% de notre mix électrique, après l’arrêt du projet ASTRID et après la défaite de la taxonomie, que ces mêmes personnes puissent défendre le nucléaire français.



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Consultant en énergie

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