La « démocratie combative » (streitbare Demokratie) est une doctrine de la Constitution allemande qui permet à l’État de se défendre activement contre les ennemis de la démocratie, même quand ceux-ci utilisent les libertés démocratiques pour la détruire… Elle autorise ainsi des mesures comme l’interdiction de partis ou d’organisations anticonstitutionnels et la restriction de certains droits fondamentaux pour protéger l’Allemagne…
À Cologne, le 6 septembre, CDU, SPD, les Verts, Die Linke… sept partis politiques allemands en campagne électorale renouvelaient un « pacte d’équité » qui les engageait à taire toute critique de l’immigration. Sans surprise, le 14 septembre, l’AfD, ce parti anti-immigration créé en 2013, le seul qui n’avait pas signé le pacte d’équité, faisait un carton aux élections locales de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le Land le plus peuplé d’Allemagne de l’Ouest.
La « démocratie combative », doctrine inscrite dans la Constitution allemande de 1949, prévoit de tuer dans l’œuf toute atteinte aux institutions. Et s’appuie pour ce faire sur un arsenal législatif et institutionnel d’une efficacité toute germanique. Le code criminel punit incitation à la rébellion et diffamation de la classe politique. Le Bureau de protection de la Constitution débusque toute activité potentiellement antidémocratique. Les lois contre les discours de haine se sont corsées pour bâillonner tout propos dissident à consonance populiste, d’extrême droite, islamophobe.
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Ainsi la liberté d’expression, garantie par la Constitution, est-elle sapée pour protéger… la Constitution. « De plus en plus de citoyens sont punis de lourdes amendes voire de peines de prison pour propos délictueux. Le cas le plus emblématique est celui de Michael Stürzenberger, critique radical de l’islam politique, condamné pour propos islamophobes après avoir été lui-même gravement blessé lors de l’attentat islamiste de Mannheim en mai 2024 », note Sabine Beppler-Spahl, présidente du Freiblickinstitut, groupe de réflexion berlinois dédié à la défense de la liberté d’expression. Attentat au cours duquel un Afghan avait poignardé quatre personnes et tué un officier de police. Les procureurs épluchent les propos en ligne, constituent des dossiers, diligentent des raids à l’aube chez les auteurs de propos illicites, avec confiscation d’ordinateur et de téléphone. « On commence par vouloir la justice et on finit par organiser une police », écrivait Camus, dans Les Justes). En attendant, on dirait bien que la « démocratie combative », c’est la démocratie contre le peuple !





