Hollande, mauvais gagnant?


Hollande, mauvais gagnant?

François Hollande FN 2017

Quand j’étais petit, j’étais premier. Et je voulais être le premier des premiers. Je voulais être président.

Maintenant que je suis grand, je suis président !

Et maintenant que je suis président, je veux être re-président.

Je veux être deuxième. Au premier tour.

Comme ça, je serai premier. Au deuxième tour.

Quand j’étais petit, il y avait un deuxième très célèbre : Raymond Poulidor. Les Français l’adoraient. C’était Jacques Anquetil qui gagnait toutes les courses cyclistes mais c’était Poulidor qui était populaire.

Et ben moi, je serai le second que tout le monde aime et Marine, elle sera sûrement la première mais à la fin, c’est moi qui serai toujours vivant.

Elle est imbattable ! Contrôlée plusieurs fois positive à l’immigration, piquousée au chômage, chargée à la sécurité, transfusée aux attentats.

C’est de la triche mais il n’y a aucune morale dans le cyclisme !

Pas facile de travailler à être deuxième quand on a été formé à être premier.[access capability= »lire_inedits »]

Je pourrais tomber dans le piège grossier qui consisterait à tenter de répondre aux attentes des Français,

Mais je sais très bien que je n’y arriverai pas puisque depuis que je suis président je fais rien qu’à pas y arriver.

Et du coup je risquerais de ne pas être second.

Surtout que pour le moment, si on se fie à mes performances je suis médaille de bronze.

Et je suis au max. Je n’améliorerai donc pas mes temps.

La politique est un sport où il n’y a que deux places sur le podium : le gagnant et l’autre.

Alors pour être re-président, il me reste une et une seule solution : casser les pattes de la médaille d’argent. Ce n’est pas moi qui vais faire des meilleurs temps. C’est lui qui va en faire des moins bons.

Quand c’était Mitterrand le coach, j’ai vu comment il faisait. J’avais beau être toujours remplaçant, j’en perdais pas une miette. Et c’est pour ça que je serai re-président. Je vais faire comme lui. Tout pareil. Je vais leur mettre un de ces bordels !

Notre maître à tous nous a fabriqué le Front national. Mon Golem à moi, ce sera le pacte républicain.

Pour contrer les « FN » dans l’ascension du premier tour il faut que les « PS » travaillent avec les « LR ». Je laisse faire mes équipiers. Je les laisse m’amener au sommet. Je les laisse recruter quelques grimpeurs, quelques descendeurs dans l’équipe d’en face…

Ils vont faire l’union nationale sur n’importe quel sujet que ni eux ni nous n’avons jamais réussi à traiter. Le chômage par exemple. C’est un bon truc ça. Six millions de chômeurs, si on rajoute leurs familles ça fait au bas mot vingt millions de supporters potentiels. Vingt millions de bobs jaunes pour me crier « Vas-y Fanfan ! » dans la montée, me filer des bidons d’eau, me pousser sur quelques mètres…

D’accord, on n’est pas de la même équipe mais on a des valeurs communes. Et c’est pour ça qu’on peut travailler ensemble.

On est propres, nous ! On n’est pas dopés, nous !

Le temps des marques est dépassé ! Qui n’a pas compris ça est déjà perdant ! On ne court plus pour une équipe. On court tous pour la même chose : arriver au sommet.

Ce que je veux c’est être re-maillot jaune.

Qu’est-ce qu’on s’en fout de faire gagner la marque?

Franchement, Anquetil et Poulidor, y a encore quelqu’un qui sait pour qui ils couraient à l’époque ?

Ce qu’on retient c’est leur nom. Pas celui de ceux qui payaient.

Moi ce sera pareil.

L’Histoire retiendra mon nom.

Et personne ne se souviendra que ce sont les Français qui étaient mes sponsors.

Nous les PS, on ne va débaucher aucun équipier de l’équipe adverse. Pas de traîtres à prévoir. Ça a déjà été fait, ça n’a pas de sens. Un traître devient immédiatement un équipier de l’autre camp. Nous, on va faire travailler nos équipiers ensemble. Officiellement.

C’est pas leur équipe qu’on va faire éclater. C’est leur leader qu’on va faire douter. Déjà qu’à la dernière étape il n’est pas ressorti gros gagnant, là, ça va l’achever. Il suffit qu’il peine un peu dans la montée et le mental s’écroulera.

Et croyez-moi, il va peiner… On a encore de quoi lui assurer quelques belles crevaisons s’il faut. Quelques poignées de clous en réserve…

Je ne suis peut-être pas le meilleur coureur, mais j’ai la baraka et en plus, comme tacticien, je ne suis pas dégueu.

Regardez comment j’ai fait avec les maillots verts ! J’ai joué Placé gagnant alors que Duflot tente encore de se placer.

Au revoir Cécile…

Et avec les maillots rouges… Le bol que j’ai eu ! Martine Aubry a failli être le chef des frondeurs mais pouf, elle a perdu le Nord. Aux départementales.

Elle n’a pas non plus voulu léguer son corps aux régionales en Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

Bref les frondeurs ont à leur tête le très très célèbre Christian Paul et moi… Ben moi, ça va. Tranquille.

Martine est une sorte de référence morale et comme je le disais, il n’y a pas de morale dans le cyclisme.

C’est pour toutes ces raisons que je serai re-président.

Car comme le dit l’Évangile selon Matthieu au chapitre XX : « Les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers. » D’ailleurs le même évangile ne dit-il pas au chapitre XXII : « Car il y a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus. »

C’est sûr. Y aura que moi comme élu.

Je vous le dis en vérité.

Et ne croyez surtout pas que ce soient des histoires à l’eau de rose…[/access]

*Photo : SIPA.AP21848248_000015.

Janvier 2016 #31

Article extrait du Magazine Causeur



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est cinéaste et scénariste. Il a notamment réalisé La journée de la jupe (2009).

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