Selon le grand historien du XVIIIe siècle, la Révolution française est encore bien vivante. Il suffit de voir comment ses « mythes noirs » sont instrumentalisés, de LFI aux JO de Paris. Son nouvel ouvrage remet les pendules à l’heure et démontre que la Terreur de 1793 est contenue dans les discours et les principes posés dès 1789.
C’est sous l’effet de la peur que l’on prêta serment au Jeu de paume. La Bastille ne fut pas prise, mais s’est rendue aux insurgés. La « machine philosophique » sanctifiée que fut la guillotine ne tarda pas à montrer toute son horreur. Valmy, longtemps célébrée, fut à peine une bataille. Les mythes ont la vie dure. Emmanuel de Waresquiel les dynamite dans un ouvrage captivant. « Que nous dit la Révolution d’elle et de nous-mêmes, dans l’épaisseur de ses mémoires ? » et comment l’instrumentalise-t-on aujourd’hui ? L’historien nous répond.
Causeur. Comment le grand historien de la Révolution que vous êtes a-t-il interprété le « tableau » consacré à Marie-Antoinette lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris ?
Emmanuel de Waresquiel. Nous sommes dans les mythes noirs de la Révolution, les mythes révolutionnaires. Le personnage de Marie-Antoinette est probablement l’un des plus clivants de cette période. Avec Marie-Antoinette, on vit encore la Révolution de l’intérieur, et la Contre-Révolution aussi. D’un côté, elle est la perversité absolue faite femme, elle est traîtresse et complotiste et étrangère et reine – ce qui fait beaucoup ! De l’autre, c’est la sainte et martyre du chemin de croix des Tuileries, de la tour du Temple et de la Conciergerie. Si l’on compare les deux procès, celui de Marie-Antoinette et celui de son mari, elle est beaucoup plus absolutiste que le roi. Elle défend l’absolutisme royal, les droits de son fils et l’Ancien Régime tel qu’il était constitué à l’époque – alors même qu’il ne l’est plus en 1793. Elle est beaucoup plus « claire », et dans un certain sens, beaucoup plus courageuse
