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On est là pour voir le défilé

Un soulagement inopportun


On est là pour voir le défilé
9ème journée de manifestation contre la reforme des retraites a Paris le 05 Fevrier 2020 © Yann Bohac/ SIPA

Si les dernières manifestations ont voulu bousculer l’ordre public pour se faire entendre, il est des choses qui doivent demeurer proscrites et cela, même si les circonstances sont exceptionnelles. Uriner sur une église en fait partie car au-delà du geste, c’est le symbole de l’irrespect le plus abject qui ressort d’un tel fait


On est sortis pour voir le défilé. C’est-à-dire la manifestation contre le plan retraite qui, ce jour-là, empruntait un itinéraire inhabituel et passait en bas de chez moi.

Et c’était un beau défilé. Avec un bel exemple de convergence des luttes. En effet, en guise de banderole revendicative, « ceux de la ligne 8 » promenaient un superbe tag agrémenté d’un portrait très en majesté de notre président. Le tout métropolitain en diable et sur plusieurs mètres de longueur. Cette œuvre d’art avait-elle été sous-traitée à des visiteurs nocturnes, ou échangée contre leur impunité ou réalisée en interne ? Mystère, mais ça avait de la gueule.

Manifestants un peu cracra

Il y avait aussi « ceux d’Henri IV ». Au passage de cette belle et vigoureuse jeunesse, j’ai bien observé et essayé de mémoriser les visages. Parce que, si ça se trouve, il y avait dans cette joyeuse et déterminée assemblée, notre président « de dans 20 ans ».

Bref, une belle parade colorée, festive, enthousiaste mais un peu cracra quand même. Les manifestants, enfin certains, ne se gênant pas pour se débarrasser de leurs papiers gras et de leurs canettes sur la voie publique. Et pas qu’un peu. Bonjour l’écologie.

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Cependant, là où je n’ai plus du tout été d’accord (et je n’étais pas la seule), c’est quand j’ai vu, un puis deux, puis trois, puis dix, puis vingt défileurs sortir des rangs, en courant, pour aller se soulager sur l’un des pignons de l’église Notre Dame de Lorette. Et, ironie de l’histoire, rue Bourdaloue.

Pour ceux qui ne sont pas du coin, le père Bourdaloue, qui a donné son nom à la rue, était un célèbre jésuite, contemporain de Louis XIV. Ses sermons pouvaient durer jusqu’à six heures. Le roi des prédicateurs et le prédicateur des rois. En cas de besoin pressant, les hommes quittaient vite fait ses offices et passaient promptement remplir un fût disposé à cet effet derrière l’église. Les femmes, quant à elles, venaient aux cérémonies accompagnées de leurs valets. Ceux-ci leur passaient, à la demande, une jolie porcelaine décorée, en forme de saucière, qui se glissait sous les robes à panier. Cet utile ustensile était… un bourdaloue. Information complémentaire : à la sortie de l’église, les bourdaloues étaient vidés dans le fût. Les urines ainsi collectées étaient ensuite récupérées par les tanneurs et les parfumeurs.

Ils respectent plus leur chef moustachu que la religion!

Mais, revenons à nos moutons. Franchement les gars, uriner sur une église ! Mais, on est où, là ? C’est quoi ce délire ?

Lorsque j’étais enfant, une légende urbaine, ou plutôt une légende rurale, circulait sur la secousse ressentie par un hurluberlu qui, curieux de l’effet, et inconscient du résultat, avait visé une clôture électrique. En vous voyant ainsi tous alignés, face au mur de l’église, je me suis laissée aller à vous en souhaiter une, et très forte, de secousse.

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J’ai aussi repensé à la menace du propriétaire d’un mur extrêmement tentant, près de chez mes parents. Il avait prévenu : « Interdiction d’uriner sous peine de confiscation de l’engin ». Ce serait peut-être aller un petit peu fort dans la pénitence, mais vous n’êtes pas loin de la mériter.

Pour mettre fin à vos comportements indélicats, la solution nous vient peut-être du Sénégal. Sur son blog, monsieur Roger Mawulolo nous explique en effet que « à Liberté 6, un quartier de Dakar, les riverains ont dessiné les chefs des diverses religions sur un mur. Et, depuis ce jour, sans qu’aucun rajout du texte « Interdit d’uriner » n’ait été opéré, ce mur est exempt des urines car plus personne n’ose uriner contre lui ».

En la circonstance, il n’est pas certain que les portraits de nos chefs religieux, enfin de certains tout du moins, suffiraient à vous décourager de vos désastreuses pratiques. Peut-être même bien au contraire.

Mais, on pourrait peut-être tenter l’expérience avec vos chefs syndicalistes. OK Pissers ?



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