Accueil Brèves Biofric et embryons humains : c’est ça, maintenant, le changement

Biofric et embryons humains : c’est ça, maintenant, le changement


Sauf surprise, l’Assemblée nationale lèvera cette semaine l’interdiction d’utiliser des embryons humains dans la recherche médicale. Le comité de bioéthique n’a pas été consulté, lit-on dans l’éditorial de La Croix du lundi 20 mars, qui pointe le silence dont a été entouré ce projet de loi[1. Dominique Quinio, « La recherche sur l’embryon humain bientôt autorisée ? », 20/03/2013.]. Jusqu’à présent, des dérogations étaient possibles, pourvu qu’une possibilité thérapeutique puisse être invoquée. Cela a été le cas pour la recherche sur les cellules souches. Désormais, il ne sera plus nécessaire de les demander. Cependant, contrairement à ce que semble croire l’éditorialiste, l’enjeu ne concerne plus seulement la recherche scientifique.
L’Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST), qui a officiellement pour mission « d’informer le Parlement des conséquences des choix de caractère scientifique et technologique afin d’éclairer ses décisions », indique dans une étude de 2011, que l’autorisation d’utiliser les cellules souches d’embryons humains « permettrait, à terme, de diminuer le coût de fabrication des médicaments, limiter les essais sur les animaux et les hommes »[2. Rapport sur l’évaluation de l’application de la loi n° 2004800 du 6  août 2004 relative à la bioéthique (2011), cité dans Jean-René Binet, « Recherche sur l’embryon : loi de bioéthique ou loi de marché ? », Revue Lamy Droit Civil, n°102, mars 2013, p. 71.].
Voir l’embryon humain comme matière première vivante de choix pour les tests de l’industrie pharmaceutique, c’est, au-delà de la recherche scientifique, voir l’enjeu d’une rentabilité commerciale dans un processus industriel.
Alors pas besoin de s’interroger longtemps sur les motifs qui font court-circuiter l’avis du comité de bioéthique, ni sur les motifs qui ont fait enclencher le processus législatif à l’opposé des dispositions de la législation actuelle, la loi du 7 juillet 2011, qui posait, comme condition à ses modifications ultérieures, la tenue d’États Généraux[3. Coline Garré, « Recherche sur l’embryon : l’Assemblée nationale dit oui en commission, malgré des oppositions », Le quotidien du médecin, 20/03/2013.]. Où la gauche morale est-elle donc  passée ?
Adieu États Généraux… Adieu débats… Adieu bioéthique…
Bonjour le biofric. C’est ça, maintenant, le changement.



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a enseigné la philosophie et travaille à présent dans la documentation.

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