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Voir au-delà du « ras-le-bol démocratique »


Voir au-delà du « ras-le-bol démocratique »
Le président de la République Emmanuel Macron et sa femme Brigitte Macron sont allés voter pour le premier tour des élections régionales et départementales 2021 a la mairie du Touquet, le 20 juin 2021 © STEPHANE LEMOUTON-POOL/SIPA, Numéro de reportage : 01024769_000104

Les raisons de l’abstention massive des Français aux élections sont à aller chercher dans le désintérêt total pour l’échelon régional et au-delà du ras-le-bol général!


Les raisons à l’abstention massive des Français aux élections sont simples: ras-le-bol général! Ras-le-bol de la culpabilisation, ras-le-bol des diktats européens, ras-le-bol de la destruction de la bioéthique, ras-le-bol des sujets abscons et imposés. Nous, on veut des sujets qui nous concernent!

Ne prenons pas les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages et, tant qu’on y est, allons-y du « ras-le-bol démocratique », selon l’expression de Madame de Montchalin, qui monte de la France profonde, en ce lendemain de premier tour des élections régionales où le président chauffe sa campagne présidentielle.

Ras-le-bol!

Ras-le-bol de s’accuser, se culpabiliser, se flageller. De mettre un genou en terre devant le monde entier. De plier l’échine sous la férule de l’oncle Jo. De se battre la coulpe pour la colonisation, la couleur de notre peau, la beauté de notre langue et de notre civilisation. De déplorer notre inappétence pour le mixage, le dégenrage, le métissage, la désidendité, la désexualisation. De ne pas voir ce que nous voyons. Entendre ce que nous entendons. Dire ce que nous pensons. Non, nous n’adorons pas sainte Greta. Non, le multiculturalisme à la Trudeau n’est pas notre code. Non, notre drapeau n’est pas arc-en-ciel, mais bleu blanc rouge, aux couleurs de la France.

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Ras-le-bol que charbonnier ne soit plus maître chez lui. Ras-le-bol que Bruxelles, avec ses Commissions, sa Cour de justice, son Parlement, nous impose ses diktats qui excédent ses domaines de compétence économique et fasse main basse sur notre souveraineté. Aujourd’hui, c’est contre la fronde de la Hongrie qu’Ursula von der Leyen montre les dents. Demain, ce sera contre le Danemark et les demandeurs d’asile. Après-demain, la France, pour sa laïcité à la française. En attendant, on laisse violer (sans prévenir Madame Schiappa) l’article 1 du traité de la Convention internationale des droits de l’enfant. On nous saoule du verjus de la novlangue avec l’homophobie, la discrimination, la stigmatisation, l’hystérisation des débats, l’intolérance. Avec « la femme en souffrance d’enfant » et « les familles issues du don ». Avec le père qui n‘est jamais un donneur, et l’enfant qui naît de « la volonté » de deux femmes ; d’une grand-mère qui peut être un père ; du Code Napoléon qui est fini, et de l’altérité sexuelle des personnes de même sexe. Des « parents » qui peuvent être deux mères. Ras-le-bol qu’on se moque de nous, comme l’a dit le Sénat, refusant d’examiner, il y a peu, en commission spéciale, le projet de loi bioéthique. Car, au Sénat, on ne sert pas deux fois le même plat.

Nous, on veut!

Ce que « nous, on veut » comme dit un air populaire ? C’est simple ! D’abord, qu’on arrête de parler d’amour à la Chambre. Les députés n’y connaissent rien : l’amour dure deux ans. Il est « enfant de Bohême qui n’a jamais connu de loi. » Le mal d’enfant n’est pas une maladie orpheline. Les lesbiennes ne sont pas victimes d’une discrimination nécessitant une refonte du code civil. Le coût de la loi bioéthique, c’est 2,3 millions d’euros et huit associations rémunérées de façon ou d’une autre. Le tout imposé par la Commission européenne des droits de l’homme et la CEDH que notre filiation à la française ne regarde absolument pas. Et qui c’est qui paierait ? Le contribuable !

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Nul besoin de sillonner la France, les manches retroussées, pour savoir ce que « nous, on veut ». Il suffit de passer en boucle le Flashmob, parti de la gare de l’Est, le 8 avril, pour la réouverture des lieux de culture, qui a fait le tour de France : « Non, non, non…. Nous, on veut… » et tirer les leçons de ce joyeux happening, en l’étendant à tous les domaines de la vie publique et privée, de quoi faire danser Marlène Schiappa jusqu’au vertige : santé, immigration, sécurité, travail, autorité, école, paix civile. Non, les Français ne sont pas tous des canards, ce sont aussi des piafs, ces boules de plumes trapues, effrontées, et sautillantes, qui ont siffloté, dimanche, un petit avant-goût du tournoi de 2022. Hélas ! On dira qu’il y a moins d’oiseaux à Paris, à part les corbeaux au bec jaune, larges comme des pelles, dans les jardins publics. À entendre les médias, le vote des régionales, comme les lois sociétales, les Français s’en taperaient. Ils préfèreraient la pêche à la ligne au vote. La plage sous le soleil, au bitume brûlant. Belle République, en vérité ! Sûr que, quand on serine une chronique de l’abstention annoncée, cela n’incite pas à aller voter : on l’a vu ce dimanche. Alors, on se console en pensant qu’à partir d’aujourd’hui, on tombe le masque mais on garde le slip français.




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Marie-Hélène Verdier est agrégée de Lettres classiques et a enseigné au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Poète, écrivain et chroniqueuse, elle est l'auteur de l'essai "La guerre au français" publié au Cerf.

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