Réunie le 15 novembre dans les Yvelines chez Ali Rabeh, la «gauche unitaire» a annoncé qu’une grande primaire aurait lieu à l’automne 2026. Malheureusement, on ne trouve que des seconds couteaux parmi les postulants pour l’instant, les candidats naturels – Mélenchon pour la gauche dure et Glucksmann pour la gauche molle – souhaitant concourir séparément.
Eux au moins nous font bien rigoler. Eux, je veux dire la gauche façon puzzle qui se contorsionne en tout sens dans l’espoir de parvenir à s’afficher « unitaire » en vue des présidentielles de 2027. « Unitaire », vous l’aurez compris, face au danger suprême que représenterait l’extrême droite. C’est dire si l’heure est grave. Alors, aussi vrai que l’oignon fait la soupe, ils se sont dit, à gauche, que l’union devait faire la force. Ils ont même prêté serment là-dessus. C’était lors de la canicule estivale, en juillet dernier, à Bagneux. Présenter le moment venu un candidat commun, voilà l’objet du serment dont on ne sait s’il a été prononcé la main droite posée sur le dernier bouquin de Mélenchon ou la sainte bible du programme commun des années Mitterrand-Marchais.
Peut-être l’intense chaleur leur était-elle montée à la tête, ce qui expliquerait qu’ils se soient lancés dans cette lubie dont le préalable est tout de même l’harakiri consenti d’un certain nombre d’egos. Car il y a quelque peu embouteillage au portillon. Qu’on en juge ! Nous avons là Olivier Faure, le patron du PS, Marine Tondelier, la cheffe des écologistes, Benjamin Lucas, le coordinateur de Génération.s, les vrais-faux repentis du mélenchonisme pur et dur que sont Clémentine Autain, François Ruffin et surtout, en « guest star », celle qui se voyait Première ministre en 2024 et se voit manifestement encore tutoyant les sommets, la sémillante Lucie Castets. Tous individus dont, nul ne l’ignore, l’ambition n’est pas des plus tempérées ni l’ego particulièrement mince.
A lire aussi : Marine Le Pen: « Je ne vais pas y retourner vingt-cinq fois de suite »
Nonobstant, chose promise chose due, samedi dernier le serment de Bagneux a connu un semblant de mise en œuvre avec l’annonce de l’organisation d’une primaire de ladite gauche pour l’automne 2026. C’était en la bonne ville de Trappes. (Pour une initiative visant à élire un candidat destiné de toute évidence à passer, lui, à la trappe, le choix de cette ville paraît en effet des plus judicieux).
On sait déjà que MM. Mélenchon et Glucksman, entendant se la jouer perso, n’en seront pas. On ne se mélange pas, voyez-vous. Même à gauche. Quant au parti communiste, bien que tenant à rappeler sa puissante « culture antifasciste et une tradition d’union », il se tâte encore.
Pour le moment, nous avons trois candidats déclarés à cette joyeuse primaire : Clémentine Autain, Marine Tonnelier et François Ruffin. Olivier Faure, à l’instar des communistes, se tâte toujours. On sait qu’il n’a pas son pareil pour sortir du bois au dernier moment et couillonner son monde.
A lire aussi, Lucien Rabouille: Un J. D. Vance bien de chez nous
Il est clair qu’il conviendra d’ajouter à ces candidatures annoncées celle de Lucie Castets. Sinon que serait-elle venue faire dans ce cirque ? C’est qu’elle croit ferme en son destin, au moins autant qu’elle y croyait en 2024 pour Matignon ! Qu’on se le dise ! Puisque Matignon lui est passé sous le nez, visons donc plus haut. L’Élysée, carrément. La chance sourit aux audacieux, n’est-ce pas. Le ridicule aussi, en l’occurrence. D’ailleurs, Dame Castets voit se profiler le plein succès pour ce tour de chauffe de la primaire : « Quand nous allons donner la date, se persuade-t-elle, cela va créer un effet d’entraînement, une dynamique ». Ce disant, elle se réfère à une enquête Elabe pour BFM TV révélant que 72% des électeurs du réjouissant Nouveau Front populaire souhaitent une candidature unique de la gauche. Autrement dit, un candidat ramasse miettes, puisque, à y regarder de près, celui-là – ou celle-là – aura à vendre à l’électeur l’illusion de représenter ne serait-ce qu’une once de cohérence programmatique. Pas gagné. D’autant, que le show de la primaire aura fait remonter à la surface, comme d’habitude, les oppositions, les contradictions, les détestations, bref tout ce qui apportera la démonstration éclatante que, à part une ambition démesurée, les comiques en lice n’ont à peu près rien en commun.
Aussi, pour éviter ce déballage si préjudiciable, ce naufrage annoncé, me permettrais-je de leur conseiller de recourir à la bonne vieille pratique de la courte paille. Évidemment, c’est beaucoup moins rigolo, surtout pour nous…
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !





