Le dernier sondage sur la présidentielle Ifop-Fiducial pour Sud Radio et L’Opinion enrage les Insoumis[1]. Il nous donne un nouvel exemple de la brutalisation de la vie publique par les Insoumis, lesquels ont eu une réaction violente et particulièrement hystérique à cette enquête d’opinion qui place M. Mélenchon en 4ème position à 12 ou 13%.

M. Dabi de l’ « IFLOP » visé par M. Mélenchon
Le général Tapioca dégaine le premier avec un tweet : «Merci à IFLOP pour son sondage « fout la pagaille» au PS et chez les macronistes. Dommage que l’échantillon ne soit pas crédible et que ça se voit Monsieur Dabi. Vos réunions avec Retailleau, vos obsessions islamophobes vous égarent.»
Reprenant servilement cette minable blague du Guide suprême, ses courtisans se transforment ensuite en meute lyncheuse. Les mêmes qui avant-hier relayaient bruyamment un autre sondage IFOP plus favorable – concernant je crois la municipalité d’Avignon -, rivalisent dans la détestation à l’égard de l’ennemi du peuple, en l’occurrence l’ami Dabi dont nous sommes évidemment solidaires.
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Sous Staline, tous ces gens auraient prouvé leur fidélité en dénonçant les dissidents. Ils ne traitent pas Dabi de vipère lubrique comme on désignait les traitres à l’URSS, mais de sioniste et d’islamophobe, ce qui ne vaut pas mieux. Et pourrait de surcroît donner des idées à des fanatiques à couteau.
Comment expliquer cette surréaction ? D’abord, c’est une mauvaise passe pour LFI. Non seulement le PS s’est replacé au centre du jeu, mais en plus c’est Raphaël Glucksmann qui a le vent en poupe. Et contrairement au socialiste Olivier Faure, prêt à toutes les compromissions, lui dit qu’il refusera toute entente avec le mouvement mélenchoniste.
La diabolisation en question
Plus généralement, l’image de Mélenchon se dégrade. Ses sympathies pour les dictatures font des vagues jusque dans le Parti (cf. Chikirou et la Chine, « je ne considère pas que la Chine est une dictature »). Surtout, il est l’homme des islamistes en France, comme le montre le livre d’Omar Youssef Souleimane[2], que les Insoumis ont voulu faire interdire. L’obsession palestinienne de LFI est le cache-sexe d’un soutien au Hamas. D’après des documents publiés avant-hier par Israël, la flottille à laquelle participent cinq élus LFI serait organisée par un faux-nez de l’organisation terroriste. Du reste, ces aventures n’intéressent personne.
Seule issue pour Jean-Luc Mélenchon : la stratégie de la tension. Il faut attiser les conflits dans la société française pour se poser en défenseur des jeunes contre la police, des musulmans contre les « islamophobes », des migrants contre l’extrême droite etc.
Reste que diabolisation et imprécation morale sont inopérantes. 13% pour un leader qui ment, insulte, menace les préfets ou attaque la police (et ferait presque ressembler Jean-Marie Le Pen à un radsoc…), cela reste considérable. Cela tient peut-être à notre héritage révolutionnaire-terroriste de 1793. Nous avons une certaine tolérance à la violence de gauche. Dans les rédactions et dans le show-biz, le radical-chic a toujours été très tendance. Et cela explique pourquoi un parti fascistoïde pourrait finalement se retrouver au deuxième tour de la présidentielle.
Cette chronique a été diffusée ce matin sur Sud Radio.
[1] Enquête menée auprès d’un échantillon de 1 127 personnes inscrites sur les listes électorales, extraites d’un échantillon de 1 210 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas ( sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne du 24 au 25 septembre 2025.
[2] Les Complices du mal, Plon.
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