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Le Tour s’est terminé à Hautacam !


Le Tour s’est terminé à Hautacam !
Le Slovène Tadej Pogacar entre Pau et Bagnères-de-Luchon, le 19 juillet 2025 © Shutterstock/SIPA

Dans les Pyrénées, Pogocar a grimpé les cols comme s’il avait un moteur sous la selle, laissant Vingegaard pédaler dans le doute… et les autres coureurs ramasser les miettes du Tour !


Bien sûr, l’antienne, selon laquelle rien n’est jamais acquis jusqu’au franchissement dimanche prochain de la ligne d’arrivée de la dernière étape sur les Champs-Elysées, n’empêche pas de penser qu’il est fort peu probable que le vainqueur de cette 112ème édition de la Grande Boucle ne soit pas Tadej Pogacar et son dauphin Jonas Vingegaard. Depuis 2000, ils se disputent sans discontinuer la « Toison d’or », la tunique la plus prestigieuse de la planète vélocipédique, avec l’Arc-en-Ciel. Elle est revenue à Pogacar trois fois (2020, 21, 24) et à Vingegaard deux (2022, 23).

Pogacar : il ne roule pas, il vole !

Sauf, donc, gros aléas tel qu’une chute contraignant à l’abandon, un coup de pompe scotchant l’un ou l’autre au bitume dans un col, ou pire être déclaré positif (très peu vraisemblable), la question qui prévaut est : quel sera l’écart final qui les séparera : de 9’18 comme l’an dernier à l’avantage du Slovène, ou 7’29 au profit du Danois l’année précédente ?

Pour plagier le titre du célèbre roman de l’écrivain italien, Carlo Levi, Le Christ s’est arrêté à Eboli[1], cette année, le Tour s’est terminé à Hautacam, ne laissant au reste du peloton que les rogatons du plus grand événement sportif du monde après les J.O. et le Mondial de foot : la troisième marche du podium, les maillots blanc, vert et à pois, et les prisées victoires d’étape, surtout la dernière. Les Pyrénées ont fait en effet office d’implacable essoreuse.

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Au pied de Hautacam, une pente hors catégorie, Pogacar devançait au général Vingegaard de 1’17’’, au sommet de 3’31, après l’avoir largué dès l’entame de la montée à la suite, comme c’est sa marque, d’un fulgurant démarrage. Puis plus le nombre de kilomètres à parcourir se réduisait plus l’écart augmentait pour atteindre les 2’10’’. Ce qui a fait dire au Parisien « il ne roule pas, il vole ». Le lendemain il confortait dans le contre-la-montre, une ascension de 13,5 km avec un final à 16%, son ascendant en lui reprenant encore 36’’. Lors de la 3ème et dernière étape pyrénéenne, dans la dernière montée vers Luchon-Superbagnères, bravache, Vingegaard tentait un tout pour le tout qui a tourné à l’avantage de son rival à qui il concédait encore quatre secondes plus deux de bonification…

Au sortir des Pyrénées, Pogacar dispose d’une confortable avance de 4’13’’. Le troisième, l’Allemand Florian Lipowitz est à 7’53, ce qui exclut a priori qu’il vienne jouer les trouble-fête dans un duel déjà au demeurant consommé.

Dernier acte

Ce mardi, le Tour entame sa troisième et dernière semaine, qu’on peut qualifier de troisième et dernier acte, car le Tour tient de la tragédie classique. Et ce n’est pas parce le dénouement est connu, sauf, bien entendu et comme déjà dit plus haut, coup de théâtre, que ce troisième acte ne sera pas moins passionnant que les deux précédents.

Trois grandes étapes attendent en effet les coureurs. Ce mardi, ils se lanceront à l’assaut du Mont dit Chauve, le Ventoux, où en 1967, périt un jour de canicule, quand la bataille faisait rage, l’Anglais Tom Simpson, première victime du dopage en pleine course. Puis jeudi et vendredi, deux grandes étapes alpestres sont au menu dont une se termine au sommet du col de la Loze où Pogacar connut la plus monumentale défaillance de sa carrière en 2023 qui lui coûta la victoire finale. Un affront, a-t-il laissé entendre, qu’il compte laver. En gros, il veut donner l’estocade à Vingegaard qui ne se laissera pas faire. Il en va de son honneur !

Tandis que ce dernier semblait à la fin de chaque étape en altitude avoir souffert le martyre pour ne pas sombrer, Pogacar, lui, paraissait au contraire frais comme un gardon. Son insolente et facile domination – du moins en apparence – amène à poser la question qui a été posée au directeur du Tour, Christian Prudhomme, et qu’il a estimée légitime « vu le passé du cyclisme pas si lointain que ça. » Et si Pogacar se dopait ? La question n’épargne évidemment pas Vingegaard.

Comme à tout un chacun, la présomption d’innocence s’applique aux cyclistes, mais cette présomption ne dissipe pas un doute récurrent. Surtout qu’il y a eu le cas Lance Armstrong : bien que contrôlé plus de 500 fois dans sa carrière, il n’a jamais été déclaré positif. S’il n’avait pas avoué au terme d’une campagne de délation orchestrée par quelques-uns de ses anciens équipiers pour des questions de fric, son nom figurerait encore à sept reprises au palmarès. Aujourd’hui, « il est impossible de passer entre les mailles du filet », a récemment affirmé la vice-présidente de l’Union cycliste internationale (UCI).

Pendant le Tour, plus 600 échantillons de sang et d’urine seront prélevés et conservés pendant dix ans et périodiquement testés durant cette durée en fonction de l’évolution des techniques de dépistage. Le gagnant de l’étape et le porteur du maillot jaune sont systématiquement contrôlés à la fin de celle-ci. Ils peuvent même être réveillés en pleine nuit pour être soumis à des prélèvements. Aucun sport n’en fait autant.

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L’inhalation d’oxyde de carbone à l’issue de stages en montagne, dont l’effet dopant n’a pas été établi, vient d’être interdite par l’UCI à titre préventif. Les équipes respectives des deux premiers du Tour ont reconnu y avoir recouru tant que c’était autorisé. Cette pratique servait à constater le bienfait, ont-elles expliqué, du séjour en altitude concernant l’hémoglobine. Une étude est en cours sur l’effet stimulant des cétones, un complément alimentaire, par ailleurs naturellement produites par le foie dans certaines conditions d’effort intense. Leur fonction est de compenser une déficience en glucides des muscles. Les coureurs en consomment s’ils en ressentent le besoin à la fin d’une course et non à son départ. Elles aideraient à la récupération. Leur consommation, bien que pas recommandée, n’est pas interdite.

Le dopage trouve ses produits dans la pharmacopée[2]. On voit mal une équipe disposer d’une substance mirifique inconnue de tout le monde. L’industrie pharmaceutique n’a aucun secret. Si elle découvre la panacée, elle la fera connaître et surtout déposera le brevet de manière à engranger le plus rapidement possible les dividendes de sa découverte.

Mais, une rumeur circule, surtout sur les réseaux sociaux dont la crédibilité est très, très sujette à caution. Le dopage résiderait aujourd’hui dans un tripatouillage génétique. Ça consisterait à ajouter un gène qui accroitrait le nombre de globules rouges. Or, aujourd’hui, on sait à partir de quel taux de ces derniers, il y a intervention étrangère. Donc un éventuel gène greffé, disons, chez Pogacar paraît bien loufoque.

Concernant le très probable futur quadruple vainqueur de la Grande Boucle, le président de l’UCI, le Français David Lappartient a déclaré au Figaro, le 8 juillet : « Une domination fait par nature naître des soupçons. Mais nous n’avons aucune raison objective de douter de la performance de Pogacar. Il ne fait pas partie de ceux sur lesquels on a des alertes, parce qu’on aurait des éléments, des preuves… »      


[1] Roman autobiographique paru en 1945

[2] Étrange paradoxe de notre époque qui interdit le dopage aux sportifs alors la consommation de drogue et de médicaments explose dans toutes les classes sociales. Dans la lutte contre les stupéfiants, la question clé réside dans la demande. L’offre ne fait qu’y répondre.



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écrivain et journaliste français.

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