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Emmanuel Macron, l’enfant caché d’Albert Lebrun?

Banlieues françaises: une nouvelle débâcle


Emmanuel Macron, l’enfant caché d’Albert Lebrun?
Le Premier ministre Elisabeth Borne s'adresse aux journalistes aux côtés du maire de l'Hay les Roses (94) Vincent Jeanbrun, dont le domicile a été attaqué par la racaille de banlieue pendant la nuit, 1er juillet 2023 © Charly Triballeau/AP/SIPA

Albert Lebrun avait sonné le tocsin de la IIIème République. La Ve et Emmanuel Macron n’en sont pas encore là, mais l’impéritie de nos gouvernants à mettre fin aux désordres dans les banlieues ressemble de plus en plus à une longue débâcle. En cinq nuits, le bilan des dégradations, victimes et vols est déjà plus lourd et a dépassé celui des trois semaines d’émeutes de 2005.


La France est à feu et à sang depuis presque une semaine. Pillages, saccages, incendies, violences ont frappé et frappent encore tout le pays et pas seulement les banlieues comme à l’automne 2005. Une ville calme de 15000 âmes comme Montargis est tombée dans le chaos sans la moindre réaction des pouvoirs publics, le mot « pouvoirs » étant peut-être de trop dans mon propos.

« La France a peur » avait dit Roger Gicquel suite à l’assassinat d’un enfant en 1976. Près de 50 ans plus tard ce sont les Français qui ont peur, abandonnés qu’ils sont à leur sort par la chienlit, bien pire que celle de mai 68, qui ne frappe pas seulement le quartier latin mais toute la France.

Maires et mairies en première ligne

Ces derniers jours, ce sont plusieurs maires ou leurs familles qui ont été attaqués. La maire de Pontoise, Stéphanie Von Euw, a été attaquée dans sa voiture à coups de mortiers d’artifice. Elle souffre d’acouphènes et de brulures à une cheville. La nuit de samedi à dimanche, le domicile de Vincent Jeanbrun, maire de L’Hay les Roses, a été attaqué à la voiture bélier équipée afin de déclencher un incendie. Sa femme et ses deux enfants âgés de 5 et 7 ans ont pu fuir chez des voisins par l’arrière de la maison, sa femme souffrant d’une fracture du tibia.

D’autres maires ont eu leur intégrité physique mise en jeu comme le maire de Sannois, Bernard Jamet, qui s’est interposé pour éviter l’incendie de sa mairie.

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Et pendant tout ce temps, et même si Elisabeth Borne s’est rendue à L’Hay les Roses, règne un silence plus qu’assourdissant, celui de l’Élysée.

Incompréhension

Il est bien loin, le Emmanuel Macron de la pandémie, celui qui déclarait, martial, « nous sommes en guerre ». « Nous sommes en guerre », une phrase qui pourrait s’appliquer aujourd’hui quand on regarde les véhicules brulés, les bâtiments effondrés, les commerces pillés, le mobilier urbain saccagé. Avec à venir un nouveau « quoi qu’il en coûte » car il va bien falloir tout reconstruire et il y a fort à parier que les compagnies d’assurances rétorquent à l’État qu’elles ne sont pas responsables de son incurie à faire régner l’ordre républicain. Bref, ce sont encore une fois les mêmes qui vont payer jusqu’aux prochains incendies, jusqu’aux prochains saccages qui reviendront, n’ayons aucun doute là-dessus.

Vu la gravité de la situation, il est incompréhensible que le président de la République n’ait pas parlé une seule fois, sauf pour juger et condamner le policier auteur du coup de feu fatal à Nanterre, alors même qu’il ne connaissait pas le dossier, une instruction étant toujours en cours.

Bref, les Français sont abandonnés à la loi des voyous qui règne tous les soirs dans les rues et on a l’impression, vu le silence d’Emmanuel Macron, que leur détresse « lui en touche une sans faire bouger l’autre » pour faire du Macron.

Dans ses Mémoires de guerre, le Général de Gaulle écrivait au sujet d’Albert Lebrun qui était président de la République lors de la débâcle de Mai-Juin 1940 : « au fond comme Chef de l’État, deux choses lui avaient manqué : qu’il fût un chef, qu’il y eût un État ». Quatre-vingt-trois ans et deux Républiques plus tard, on a l’amer sentiment que le constat est exactement le même aujourd’hui…




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est journaliste et auteur de "Virons Dieu du débat politique !" (Ed. Fauves). On l'entend sur Sud Radio.

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