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«Big guns», la violence à l’italienne made in 1973

« Big Guns », « Les Grands fusils », en salles depuis le 15 février


«Big guns», la violence à l’italienne made in 1973
D.R.

Un film oublié et mal aimé de Duccio Tessari ressort en salle en version 4K avec Alain Delon en tueur seul contre tous.


L’Italie de la fin des années soixante et du début des années soixante-dix étouffe sous le poids du plomb. C’est la fin des bienfaits de la croissance économique d’après guerre. L’extrême-gauche et l’extrême-droite font régner un climat de terreur politique. Enlèvements et assassinats politiques pour l’extrême gauche, tuerie de masse comme à la Gare de Bologne pour l’extrême-droite. Au cinéma, c’est l’apogée du poliziottesco, sous genre du film noir italien. Big Guns – Les Grands fusils de Duccio Tessari, oublié et méprisé, est une sacrée redécouverte qui appartient à ce genre exacerbé exploitant les peurs collectives. Le film est coproduit par Alain Delon qui souhaite surfer sur son succès en Italie après Rocco et ses frères, Le Guépard (Luchino Visconti), ou Le Professeur (Valerio Zurlini). Il espère ainsi pouvoir investir de l’argent dans les combats de boxe, en particulier dans celui opposant Jean-Claude Bouttier à Carlos Monzon.

Un film mal reçu

Le film est très mal reçu en France lors de sa sortie. Les journalistes aimaient Delon, mais préféraient le voir dans des nanards bien français. Le film a beau subir les foudres de la critique, l’échec public est relatif, puisqu’il comptabilise 800 000 entrées tout de même. Le scénario signé par Roberto Gandus, Ugo Liberatore et Franco Verrucci fait de Tony Arzenta une sorte de double inversé de Jeff Costello, le tueur à gages froid, héros du film Le Samouraï de Jean-Pierre Melville: beauté ténébreuse, charme fou et charisme magnétique dès la première apparition à l’écran au milieu de sa famille dans une superbe scène où l’on fête l’anniversaire de son fils. À la tombée de la nuit, il sort accomplir un dernier contrat pour un consortium mafieux.

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Milan dans la brume

Tony, calme et déterminé, prend sa voiture et roule tranquillement dans les rues de Milan plongées dans la grisaille brumeuse de l’Italie du Nord, accompagné par la tristesse et la beauté mélancolique de la chanson d’Ornella Vanoni. Il exécute sa mission avec une maitrise glacée pour la dernière fois. Mais l’organisation mafieuse ne l’accepte pas et veut l’éliminer. Canevas classique. La tragédie se déclenche quand sa femme et son enfant sont tués par erreur.

Tony se retrouve seul contre tous. Courses poursuites en automobiles, scènes de fusillades abruptes, mafieux inhumains raviront les amateurs du genre. Mais le film est surtout porté par le talent d’Alain Delon, qui joue le rôle de cet homme rongé par la souffrance. À ses côtés, Richard Conte, Umberto Orsini et Roger Hanin jouent avec classe des chefs mafieux, des salauds présomptueux et ignobles. Portée par la musique de Gianni Ferrio et les couleurs automnales de la lumière, la mise en scène demeure clinique et les élégants mouvements de caméra de Duccio Tessari se révèlent efficaces, implacables. Big Guns est un film dense et tendu. À voir absolument!

Big Guns – Les Grands fusils – (1973) un film de Duccio Tessari

Italie – France – 1973 – V.O.S.T.F.  – 1h53
Sortie en salle le 15 février 2023




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est directeur de cinéma.

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