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Chronique bête, 2. Le retour


Dans exactement 5 jours – c’est-à-dire 120 heures –  c’est-à-dire 432 000 secondes – Brigitte Bardot aura 79 ans. L’âge de raison.  C’est donc le moment ou jamais de parler de nos amis les animaux. Cela me permet surtout de donner une suite à une première « Chronique bête » dans laquelle nous évoquions plusieurs faits édifiants sur la relation parfois très insolite qui lie l’homme à l’animal. Il était question d’un étudiant rêveur qui entreprit de voler l’une des défenses de l’éléphante personnelle de Louis XIV exposée au Muséum d’histoire naturelle ; et du destin culinaire du chameau officiel et présidentiel français, qui a fini en tajine quelque part au Mali. L’actualité animale est chargée ces derniers temps. On a appris que l’Iran envisageait d’envoyer prochainement – dans le cadre de son programme spatial extrêmement crédible (qui ne cache absolument pas le développement de missiles intercontinentaux, non…) – un chat persan dans l’espace. On lui souhaite bon courage, même si la légende veut que les félidés retombent toujours sur leurs pattes. À Paris va ouvrir un « Café des chats ». « C’est génial de prendre un thé et une tarte tout en caressant un chat ! » s’exclame une cliente, rapporte l’AFP. On appelle de nos vœux des « cafés à éléphants de mer » ou encore des « cafés à varans de Komodo ». Halte aux discriminations animales ! Et quid des « Bars à cancrelats » ou encore des « Troquets à bars ». Car oui, si vous étiez familiers de Pierre Desproges[Replongez-vous donc dans le poème en prose « Ondine » de Desproges…  Les ignares parlent de « sketch »…] vous sauriez que le bar est un nom vernaculaire ambigu désignant en français certains poissons, essentiellement de la famille des Moronidés… Le bar commun est surnommé « loup » ou « perche de mer », dans la région méditerranéenne. Mais restons-en là sur le sujet.

Aimez-vous brame ? – Cela manquait. Cela constituait l’un de vos plus ardents désirs. Cela commençait même à vous obséder. Gardez votre calme ! L’imitation du brame du cerf a désormais son championnat de France. Si, le cerf, vous savez. Ce mammifère ruminant, dont le mâle est si fier qu’il a le crane viril orné de bois triomphants et qu’il gueule sauvagement sa mélopée amoureuse à travers la forêt – une romance qui a pour nom : brame. Pour devenir un maître du brame, explique doctement à l’AFP Immo Ortlepp, double champion d’Allemagne « d’abord il faut que le son soit profond, qu’il vienne du ventre, comme une éructation ». Plus loin, l’expert en imitation de cerf explique… «  Il faut s’exercer tous les jours, jusqu’à ce que la voix s’habitue et que la toux d’irritation disparaisse. Et surtout, il faut écouter attentivement le cerf, se sentir comme un cerf ». Oui, se sentir comme un cerf. Voilà une activité normale, en ces temps troublés. Le marketing étant ce qu’il est, nous craignons malheureusement que des championnats de ce genre n’attirent l’attention de puissants groupes médiatiques habitués des grand-messes sportives télévisées. Canal+ risque de faire une proposition sérieuse. Mouloud Achour, le présentateur le moins utile et le moins drôle de la chaîne, pourrait alors assurer les commentaires en direct. Et s’il échoue nous pourrions quand même lui confier la supervision du parking visiteurs.

Souris donc ! – Le bureau permanent de Causeur à Libreville (Gabon) nous a signalé une information de toute première importance, une polémique considérable, une controverse de tout premier plan, une polémique d’ampleur internationale… Le quotidien Gabon Libre  rapportait récemment qu’ « Un instituteur retraité nommé Akoue Assoumou, qui souhaitait se délecter de la viande de rat achetée auprès d’une de ses connaissances, est décédé quelques instants après que le gibier lui aurait dit : ‘ je suis venu te chercher, allons’ ! » Le journaliste africain doute… « Un récit qui paraît tout à fait invraisemblable mais qui semble corroboré en partie par l’épouse du défunt. » Une épouse qui explique que son mari a été ensorcelé et tué par le rat qui parle ; un rongeur bavard et maléfique qui a valu une séance de lynchage mortel au chasseur à l’origine de la capture de l’animal coupable… Le rat parlant ésotérique a donc déjà fait deux morts. Le journaliste du Gabon Libre, certainement lassé de sorcellerie, constate en conclusion : « Dans tous les cas, depuis cette histoire les ventes de viande de rat ont considérablement chuté ». On se demande bien pourquoi….

Et sinon, sincèrement, vous aviez cru que Causeur avait des bureaux au Gabon ?



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Il est l’auteur de L’eugénisme de Platon (L’Harmattan, 2002) et a participé à l’écriture du "Dictionnaire Molière" (à paraître - collection Bouquin) ainsi qu’à un ouvrage collectif consacré à Philippe Muray.

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