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Zizanie dans le métro

Jamais contents!


Zizanie dans le métro
Image: affiche Santé publique France, ref: DT0429121A et DT0428821A

A l’occasion de la journée internationale de lutte contre l’homophobie, le 17 mai, la campagne d’affichage orchestrée par Santé publique France divise. Ceux qui réagissent ne sont pas ceux qu’on croit…


Une toute nouvelle campagne d’affichage orne les couloirs du métro parisien ou les arrêts de bus depuis peu. Sur les images, deux personnes se pressent dans les bras, au mépris de toute distanciation sociale, et le sourire radieux de leur visage souligne l’absence de masque. Une campagne pour la vaccination, voulant convaincre en montrant la joie qu’on aurait à se retrouver ? Non, à l’occasion de la journée de lutte contre l’homophobie, c’est contre cette dernière et tous ses variants que ces affiches sont censées nous vacciner. Une fois tombé le masque de l’intolérance, le sujet peut s’écrier « oui mon pote est gay » et l’enlacer de toutes ses forces.

Une campagne qui nous ressemble

Le but de la campagne étant de défendre l’inclusion, ses concepteurs se sont efforcés de respecter au maximum le principe de diversité, en représentant sur les affiches des situations variées, un peu comme un jeu de cartes tolérant à collectionner. L’opprimé est donc soit un « gay », une « lesbienne » ou un « trans », et il peut être notre « père », « fille », « petite-fille », « pote » ou « coloc ». Tout le monde s’y retrouve. La campagne est pilotée par Santé publique France, et bénéficie du précieux soutien d’Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, d’Élisabeth Moreno, ministre déléguée auprès du Premier ministre (…)[1] et de la DILCRAH[2], qui vise à lutter « contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle et identité de genre et leur impact sur la santé »[3]. À nous de nous engager, nous sommes tous concernés. À cet égard, le sous-titre des affiches est éloquent, déclarant « face à l’intolérance, à nous de faire la différence », avant de nous inviter à trouver témoignages et conseils sur le site QuestionSexualité.fr. Car face à l’homophobie, on ne rechigne pas à la dépense. En plus des affiches ou du site, a été lancé un clip vidéo, sur l’air de « Nous les amoureux », qui voit des personnes victimes de violences homophobes du quotidien secourues et soutenues par des chevaliers blancs de la tolérance.

Un intolérable virtue signaling

Et c’est là où les choses se gâtent. En effet, cette campagne passe mal auprès d’un certain public. Qui donc ? Eh bien, loin d’être satisfait de cette campagne, tout ce qui compte d’influent dans les milieux LGBT dénonce une intolérable opération de communication. Cette dernière mettrait en avant les cisgenre, dont on voit les seuls sourires, en les désignant comme la norme qu’il faudrait applaudir d’accepter son petit quota de diversité et dont, finalement, la tolérance servirait plus à leur propre considération qu’à lutter contre l’homophobie. C’est par exemple le cas du compte twitter Le coin des LGBT+, comptant plus de 20 000 abonnés et consacré à « l’histoire, la culture et l’actualité de la communauté LGBT+ » qui s’écrie « Ben oui, on oublie trop souvent de dire merci aux cis-hétéro qui ont le cœur sur la main et qui nous tolèrent dans leur coloc’ sans nous taper » et conclut, malin « Vraie question : est-ce qu’une asso LGBT+ a été consultée pour cette campagne de « sensibilisation » nationale ? ».

On n’oublie pas non plus, comme Gary, sur Twitter, de souligner que certaines catégories comme les bisexuels, contrairement aux prétentions de la campagne ont été scandaleusement oubliées :

Mauvais calcul donc pour la Santé Publique, puisque si certains préfèrent s’amuser de sa campagne et la détourner, ses alliés naturels dénoncent aux yeux de tous la malignité de cette opération de virtue signaling. Le pire, c’est que cette campagne déjà orwellienne acquiert un caractère encore plus orwellien qu’Orwell lui-même : sans doute honteux de montrer des comportements aussi imprudents, et croyant probablement trop en l’influence qu’ont sur les gens ces morceaux de papiers exposés au vent et au désintérêt général, les auteurs laissent apparaître au bas de l’affiche la mention suivante : « Continuons de respecter les gestes barrières. Portons un masque quand cela est nécessaire ».


[1] (…) chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances

[2] Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT

[3] https://www.santepubliquefrance.fr/presse/2021/nouvelle-campagne-contre-les-discriminations-et-violences-subies-par-les-personnes-lgbt-face-a-l-intolerance-a-nous-de-faire-la-difference



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