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Souvenirs, souvenirs


Souvenirs, souvenirs
Image d'illustration Unsplash

 


On ne va pas non plus ne parler que d’islamisme, de Covid et des élections américaines.



C’est la fin de l’été. Il y a du soleil sur la France et le reste n’a pas (vraiment) d’importance.
Le (premier) confinement est derrière nous. Le deuxième pas encore à l’ordre du jour.
Ma nièce, légère et court vêtue, ayant mis ce jour-là pour être plus agile cotillon simple et souliers plats (et pas de masque) flâne sur les grands boulevards où il y a tant de choses, tant de choses à voir.
Un éphèbe (selon elle), couleur ébène, l’aborde.

Lui, spontané : Dites donc mademoiselle, vous avez vraiment un joli bronzage.

Elle, pas farouche : Mais dites donc, le vôtre n’est pas mal non plus.

Lui, guilleret : Oui, effectivement, sauf que moi j’ai mis moins de temps que vous pour l’avoir.

Sourires complices, cheveux au vent, rêves mouvants.

Moi : Et alors, tu as fait une touche ! Tu devrais être contente.

Elle : Voilà bien une réflexion d’une femme des années 80 ! Tu ne te rends même pas compte des problèmes que ça pose !

Moi : Ah bon !

Elle : Tout d’abord, était-ce du harcèlement de rue ? Si oui, quelle est la réponse appropriée ? Police, réseaux sociaux, association de défense ? Et, si cela ne me déplait (finalement) pas, ne suis-je pas en train de trahir mes convictions et de passer du côté obscur de la force ? Et puis, c’est une personne racisée. Je l’ai peut-être choqué, heurté, blessé. Profondément et durablement. Je lui ai quand même parlé de sa couleur. Ce n’est pas anodin. Surtout de ma part.

Moi : De ta part ?

Elle : Eh bien oui, moi. Au cas où tu ne le saurais pas, je suis blanche, hétérosexuelle, de culture catholique, d’éducation bourgeoise… et bla, bla, bla et bla, bla, bla.

À la fin, pour calmer ses angoisses et nous réconforter, je nous ai servi un petit coup de blanc de derrière les fagots. Et nous avons (en même temps), dégusté le tube de Diane Dufresne (cuvée 1972), sobrement titré « J’ai rencontré l’homme de ma vie ».

Histoire que, quand par hasard, elle recroisera son regard et qu’il lui demandera ce qu’elle fait dans la vie, elle ne soit pas prise au dépourvu.



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