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Exposition pour le bicentenaire de la disparition de Napoléon: aura-t-elle lieu?

Napoléon, ennemi public


Exposition pour le bicentenaire de la disparition de Napoléon: aura-t-elle lieu?
Napoléon Bonaparte, vers 1800.© Michel Bury

Genre : masculin. Couleur : blanc. Tendance : hétérosexuel. Taille : 1m68. Profession : maître de l’Europe. Individu très dangereux. Neutralisé. Date de décès : 5 mai 1821. Affaire non classée. 


Napoléon Ier est mort il y a 199 ans, mais il fait encore peur à la République. Ce qui inquiète aujourd’hui en haut lieu n’est ni un possible remake des Cent Jours par un sosie en costume ni la candidature d’un descendant du roi de Rome à la présidentielle, mais l’exposition qui retracera la vie et l’œuvre de l’empereur à l’occasion du bicentenaire de sa disparition. Organisée par la Réunion des musées nationaux et le Grand Palais, prévue du 14 avril au 19 septembre 2021, à la Grande Halle de La Villette, elle doit pourtant faire événement.

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Si on ignore ce qu’on y verra, on sait que durant un an des régiments de conservateurs ont travaillé avec des divisions de commissaires, des bataillons d’experts et des brigades de collectionneurs pour présenter le Premier Empire sous son meilleur jour et dans sa « diversité ». Outre son art attestant de gloires incontestables, comment montrer aux visiteurs des événements vieux de deux siècles et leur permettre de comprendre un régime militaire qui, conduit par un empereur révolutionnaire, traça le cadre de notre société, ses routes et ses lois, légalisa le divorce, instaura la liberté de culte, favorisa les arts et abolit l’esclavage. Après l’avoir rétabli…

Napoléon persona non grata à cause de l’esclavage ?

Voilà ce qui fâche : la paix d’Amiens, signée par le Consulat en 1802, par laquelle l’abolition de l’esclavage, votée en 1794, est abrogée. Napoléon l’abolira de nouveau en 1815, mais ce n’est pas assez pour les associations et militants de la cause noire. C’est même ce qui devrait occulter toute son existence. Et comme la tendance est de ne pas fâcher, pas ceux-là du moins, ils ont été entendus cinq sur cinq par le ministère de la Culture. Roselyne Bachelot serait, semble-t-il, hostile à l’idée même de cette méga-exposition qui entre pourtant dans les clous de la définition du Petit Robert : « Action d’exposer, de mettre en vue […] explication et narration ». La trouille de la Rue de Valois de voir se télescoper l’agenda culturel et celui dicté par des vociférations enragées n’a pas encore contaminé les autres cabinets. Toutefois, un nouveau cycle de réunions et de négociations devrait permettre à la RMN et au Grand Palais de prouver leur engagement contre l’esclavage. Il se dit même que le dernier mot pourrait revenir à l’Élysée. Diantre !

Après le déboulonnage de la statue de Napoléon par la municipalité de Rouen façon The Square (film de Ruben Östlund, Palme d’or 2017), les bibelots de Joséphine et le trône de l’Empereur pourraient se retrouver sur le trottoir. Pour joindre le service des encombrants : paris.fr

Octobre 2020 – Causeur #83

Article extrait du Magazine Causeur




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Journaliste. Dernière publication "Vivre en ville" (Les éditions du Cerf, 2023)

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