Dans Une confession, Véronique de Bure nous parle de son expérience professionnelle auprès de Jean Guitton tout en nous racontant une histoire d’adultère plus obscure.

Charmant et émouvant : il n’est pas de termes plus justes pour qualifier le bref, juvénile et très féminin compagnonnage intellectuel que vécut, quelque temps avant sa mort en 1999, l’académicien français et confident de Paul VI, Jean Guitton, avec la jeune éditrice Véronique de Bure.
À dire vrai, le « clou » du livre n’a qu’un maigre intérêt, à l’image de bien des tromperies conjugales. Notez-le au passage : adultère est un mot laid, bien peu sexy, qui rime avec adulte, austère, sévère ; quant à adultérin, il consomme avec vipérin. Non, ce qui intéresse en l’occurrence, c’est ce que nous révèle de lui-même un homme alerte, espiègle parfois, à en être presque coquin, content de lui mais sans orgueil, et dont la curiosité envers la jeunesse est redoublée lorsque cette dernière s’incarne en une douce jeune fille à particule. Oui, le snobisme faisait partir des gentils travers de notre homme quand ce n’était pas la haute idée qu’il se faisait de sa peinture.
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Visiez-vous l’Académie ? Il convenait, lorsque vous lui rendiez visite, de ne pas tomber dans le piège des compléments littéraires. Il vous laissait parler pour, enfin, vous couper en vous disant : Raté ! De l’avis général, ses portraits étaient des croûtes (sauf peut-être, selon nous, cette sorte de diptyque de Pascal et Spinoza où, tout, en montrant une forte ressemblance, le visage du premier de nos philosophes montre des traits concaves et le second, convexes), mais c’était de l’artiste-peintre qu’il voulait que l’on dise grand bien.
‘‘Autrice’’ étant à bannir, nous dirons que notre jeune auteur réussit d’autant mieux à se souvenir du babil de ce sage que ni l’un, ni l’autre ne se prennent au sérieux. On a plutôt affaire à un grand-père dont la chasteté, de fait, n’éteint nullement mais plutôt active et réactive un œil rieur d’une incroyable lucidité, le mot, pour un peu, flirtant avec lubricité.
« Autorisée », ou non, une future biographie de Jean Guitton devra faire grand cas des anecdotes à la fois doctes, amusées et amusantes sur un sage se confiant, dans ces derniers temps, à celle qui était peut-être pour lui comme sa petite-fille rêvée.
Véronique de Bure, Une confession, Flammarion, 185 p.
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