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Ramdam à l’Assemblée nationale

Les rappels à l'ordre, ce devrait être réservé à l'école.


Ramdam à l’Assemblée nationale
Altercation entre le Rassemblement Nationale et Bruno Le Maire suite à une question du député RN Alexandre Loubet, le 11 octobre 2022 / Jacques Witt/SIPA / 01090791_000001

Bancs de l’Assemblée ou bancs de l’école ? Les rappels à l’ordre pleuvent, le 11 octobre, sur les députés : on doit être sage à l’Hémicycle.


Il a suffi que je tweete sur Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, en me félicitant d’une attitude d’autonomie et d’indépendance qui me paraissait aller dans le bon sens, pour que la réalité parlementaire du 11 octobre me démente.

Et me fasse comprendre pourquoi le président de la République avait eu raison d’être tellement touché par la défaite de Richard Ferrand, un soutien, un conseiller proche qui pouvait se permettre de tout lui dire. Son expérience et sa personnalité apaisante étaient très utiles à la présidence de l’Assemblée nationale.

Lui présent, il n’y aurait pas eu ce ramdam qui a vu dans la foulée deux rappels à l’ordre avec inscription au procès-verbal et un ministre, en général brillant et solide, Bruno Le Maire, s’abandonner, en pointant du doigt le fautif selon lui, à une indignation ostentatoire, à une demande d’excuses, enfin à un tweet superfétatoire laissant penser qu’il n’avait que cette péripétie dérisoire dans la tête.

Bruno Le Maire a répliqué sur un mode vif mais courtois à un député du Rassemblement National, Alexandre Loubet, qui lui reprochait de ne rien faire contre la désindustrialisation de la France. C’est alors qu’Alexandre Loubet a traité Bruno Le Maire de « lâche », en le comparant à Dominique de Villepin (dont Bruno Le Maire avait écrit le fameux discours à l’ONU).

Ce qui m’apparaissait évidemment comme une insulte a été contredit à l’Heure des Pros 2 par les trois autres intervenants et par Pascal Praud lui-même. Ils m’ont fait réfléchir sur le caractère peu plaisant du propos mais admissible dans l’enceinte de l’Assemblée nationale où d’ailleurs l’immunité protège les députés.

A lire aussi: Pourquoi tant de haine dans notre démocratie?

J’ai regretté que le ministre, dont le talent lui aurait permis de riposter vertement, n’ait pas choisi cette voie plutôt que de s’engager dans un cirque où, vantant ses vingt années de « courage », il donnait l’impression de constituer sa susceptibilité immédiate tel un épisode capital.

Et le rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal, pour le député Rassemblement National, clôturait avec partialité des péripéties qui n’honoraient pas la liberté d’expression d’un côté comme de l’autre.

Mais la suite allait être pire.

Après une question parfaitement légitime du député Rassemblement National, Frédéric Boccaletti, le ministre de l’Education Nationale, Pap Ndiaye, mal à l’aise, répliquait sur un mode à mon sens guère convaincant.

Il est clair que le groupe Renaissance et les ministres qu’il applaudit sont chatouilleux et que, faute d’avoir encore digéré la majorité relative, ils souhaiteraient aussi que le langage devienne « relatif », inoffensif, indolore et incolore.

Et le député, reprenant la parole, le traitait de « communautariste », ce qui était peut-être excessif mais en tout cas relevait d’une contradiction politique qui avait totalement sa place et son utilité dans ce dialogue à peine vigoureux.

Pourtant, Yaël Braun-Pivet, en s’énervant, s’en prenait au député Rassemblement National et à nouveau décidait un rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal.

Ç’aurait été comique si en réalité, derrière ce maladroit autoritarisme, ce n’était pas le sens même des débats à l’Assemblée nationale qui était battu en brèche, réduit quasiment à rien. Entre l’extrême violence qu’aucun contexte ne saurait justifier – de sorte qu’elle ne bénéficierait plus de l’immunité – et des contestations bisounours, il me semble qu’un juste milieu est nécessaire et que le ramdam non maîtrisé qui s’est produit le 11 octobre est préjudiciable à une authentique vie parlementaire.

Il est clair que le groupe Renaissance et les ministres qu’il applaudit sont chatouilleux et que, faute d’avoir encore digéré la majorité relative, ils souhaiteraient aussi que le langage devienne « relatif », inoffensif, indolore et incolore. Si c’est leur désir, qu’ils se retirent et ne fassent plus de politique ! Ils ne seront plus jamais flattés dans le sens du poil. Une telle révérence, ils l’auront pour le président de la République !

À l’Assemblée nationale, le ramdam c’est la vie, le pluralisme, la politique, la démocratie.

Les rappels à l’ordre, ce devrait être réservé à l’école où d’ailleurs il y en a de moins en moins.

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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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