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Halde là !


Halde là !

Ensuite les rapporteurs se penchent sur le douloureux problème du racisme, et de la représentation, forcément négative, de l’étranger : « Ces personnes sont souvent représentées dans des situations dévalorisantes et rarement contrebalancées par d’autres représentations de modernité ou de réussite ou de développement. Ainsi, par exemple, on trouve dans les manuels de géographie des photos mettant l’accent sur la pauvreté dans les pays d’Afrique et du Maghreb sans que par ailleurs soient représentées des situations positives. » C’est indubitable, un géographe qui parle de pauvreté plutôt que de prospérité dans les pays du Sud devrait changer de métier.

Chapitre suivant, les handicapés. Visiblement, ce n’est pas celui qui passionne le plus les auteurs qui font des pages et des pages de remplissage limite recopiage sur la condamnation des infirmes par l’Ancien Testament ou l’origine hippique du mot handicap. En cherchant bien, on trouvera néanmoins de quoi s’indigner citoyennement : « L’analyse experte montre que les personnes en situation de handicap tendent à être massivement reléguées dans des contextes qui leur sont propres, en lien avec leur handicap (associations spécialisées, jeux paralympiques, besoin d’assistance (chapitre d’éducation civique sur la solidarité, discriminations subies). » Oui vous avez bien lu : un rapport de la Halde se plaint qu’on parle trop souvent des handicapés sous l’angle de leur discrimination ! Les enfants, faudrait voir à se relire avant de rendre la copie !

Vous vous en doutez, nos universitaires ont bien plus à dire sur ce qu’ils appellent l’hétérosexisme dans les programmes scolaires : « Si nous n’avons pas observé de couples homosexuels ni de familles homoparentales dans les manuels que nous avons analysés, les couples hétérosexuels et les familles hétéroparentales sont fréquentes. » La preuve ? En voilà une : « Ainsi, dans le manuel d’anglais de 2nd(sic) professionnelle et terminale BEP, on peut voir le dessin d’un jeune homme couché en train de rêver à son avenir. Hormis ses désirs de fortune, on constate qu’il aspire au mariage avec une femme et à une famille hétéroparentale. » On se demande où les rédacteurs des livres scolaires vont chercher de telles billevesées. Ne comptez pas sur moi pour me moquer ni même pour exprimer une quelconque forme de consternation, je vous rappelle que l’homophobie est désormais passible du Code Pénal… (Le législateur a dû juger qu’il n’y avait rien de tel qu’un placement carcéral pour vous guérir, précisément, de ce genre de préjugés.)

Enfin nos têtes chercheuses concluent avec la question des personnes âgées, ou plutôt, pour reprendre la terminologie officielle en vigueur à la Halde, des seniors (qu’on orthographie dans le rapport parfois sans accent, et parfois « séniors » avec un accent aigu : pourquoi cette discrimination manifeste contre l’accent grave ?).

À de trop rares exceptions près dont celle de Jean Jaurès « s’adressant à la foule », expliquent doctement nos experts de l’Université de Metz, qui ne savent donc probablement pas que Jaurès a été assassiné à l’âge canonique de 54 ans, les seniors, nous disent-ils, sont eux aussi discriminés, montrés comme de paisibles retraités, des inactifs, voire des oisifs… C’est sûr qu’on aurait évité ce genre de boulette si au lieu d’induire les élèves (et parfois leurs profs) en erreur avec de vieilles barbes socialistes, les manuels de 2008 montraient plus souvent des seniors contemporains vraiment actifs, des retraités vraiment utiles à la société, je suis certain que le président de la Halde, Louis Schweitzer (66 ans), peut suggérer des noms.



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De l’Autonomie ouvrière à Jalons, en passant par l’Idiot International, la Lettre Ecarlate et la Fondation du 2-Mars, Marc Cohen a traîné dans quelques-unes des conjurations les plus aimables de ces dernières années. On le voit souvent au Flore.

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