Accueil Société Galliano: Moix entend des voix

Galliano: Moix entend des voix


Galliano: Moix entend des voix

Avec ses poses de pourfendeur germanopratin du racisme gallianoesque, Yann Moix se prend les pieds dans le tapis. Il ne s’est pas donné la peine de se livrer à la moindre vérification, préférant sur-interpréter ce qu’il s’attendait à entendre. Pour reprendre le titre d’un ouvrage consacré aux compagnons de route de l’URSS d’hier, Moix voit ce qu’il croit.

Dans une interview lénifiante datée du 3 mars et lisible sur le site de la Règle du Jeu de son pote BHL, Yann Moix, faisant référence à une fameuse vidéo diffusée par The Sun, analyse avec une rigueur tout botulienne les propos avinés de John Galliano – épouvantail malpensant du moment.
Et de pontifier : « On peut parfaitement entendre, sur le film, affirme Moix, que Galliano souhaite que les juifs soient gazés, mais on ne peut l’entendre dire qu’il souhaite que des « putain de juifs » soient gazés. »

On a donc tenté de « parfaitement entendre » ; manque de pot, sur la vidéo en question, à aucun moment le couturier ne prononce le mot « juifs ». Certes, il proclame pathétiquement son amour pour Hitler (avec lequel il partage un penchant suspect pour la petite moustache) et s’adresse d’une manière nauséabonde à ceux qui le filment en assurant qu’ils auraient dû être gazés. Mais jamais il n’exprime le souhait que « les juifs soient gazés ». Qu’il le pense très fort est une autre question, qui ne donne pas le droit à Moix d’élaborer une théorie qui d’ailleurs ferait pouffer Barthes et Lacan s’ils étaient abonnés à la Règle du jeu. Pauvre de Moix !

C’est un point de détail, comme dirait l’autre, car au fond, la seule attitude raisonnable serait de traiter par le mépris les divagations d’un ivrogne dépressif et maquillé sur Hitler, les juifs, le point de croix voire la météo, comme le développe avec justesse Marc Cohen dans ces colonnes. On peut en conclure que Yann Moix devrait soit écouter la bande-son des vidéos qu’il regarde (on n’ira pas jusqu’à lui demander de faire de même avec ses films, on n’est pas des bêtes), soit apprendre l’anglais : Galliano à Berlin, Moix chez Berlitz !



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Malthus, fais-moi peur!
Article suivant SAS en Libye
Ludovic Lecomte, comme dans Jésus-Christ Rastaquouère, "se déguise en homme, pour n'être rien".

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération