France-Algérie : Diversité, j’écris ton nom…


France-Algérie : Diversité, j’écris ton nom…

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« On a perdu », apprenait-on sur le site du Nouvel Obs hier, au lendemain du huitième de finale de la Coupe du Monde qui opposait l’équipe de France à celle du Nigéria. Ah bon ? Pourtant, bien que le match ait été peu flamboyant pour les Bleus, il me semblait que le score affichait 2-0 en leur faveur à la fin de la partie. Et j’avais même vu défiler quelques voitures ornées de drapeaux bleu-blanc-rouge, klaxonnant joyeusement du côté de la Bastille.
C’est que l’article s’intitulait : « Défaite de l’Algérie : « Maintenant, on compte sur la France pour nous défendre ». » Qui ça, « nous » ? A la lecture, on apprenait que cette phrase était celle d’un supporter de l’équipe d’Algérie. Pourquoi pas, après tout, chacun est libre de s’enflammer pour une équipe étrangère. Et il était assez flatteur de penser que nos amis algériens, désormais éliminés, supportent naturellement la France, ce pays si proche, vers lequel nombre d’entre eux avaient émigré.

Ce qu’il y avait d’étrange, c’était cette histoire de « défendre » l’Algérie. Contre qui ? Contre quoi ? A priori, les « Fennecs » était désormais hors de danger, puisqu’ils avaient perdu… A-t-il voulu dire par là qu’il comptait maintenant sur la France pour « défendre les couleurs » de l’Algérie ? Ce fameux drapeau blanc, rouge et vert devenu omniprésent dans nos villes depuis la victoire sans précédent des Algériens contre la Corée du Sud ? Plus difficile à imaginer. On avait rarement vu qui que ce soit soutenir une équipe après son élimination…

Non, lecture faite de l’article, on découvrait que le supporter interrogé était en réalité un Français : Sami, 25 ans, habitant à Marseille. Et là, tout devenait encore plus confus. Défendre nos couleurs à « nous », c’est bien ce que « nous » avions fait ce soir, en mettant laborieusement deux buts aux Nigérians à la dernière minute, non ? Quant à soutenir l’Algérie, c’est ce que nous avions fait aussi, majoritairement, dans la foulée. Justement parce que beaucoup de nos concitoyens sont d’origine algérienne. Alors de deux choses l’une : soit Sami n’a pas de papiers, soit il mérite un carton.

Parce que sa phrase exacte est rapportée en dernière ligne de l’article : « On a perdu en huitième de finale mais il nous reste la France. On compte sur eux pour nous défendre. » Non seulement ce sympathique jeune homme semble dire que son pays, c’est l’Algérie.

Mais en plus il considère qu’il lui « reste » la France pour « défendre » ses couleurs. Sami, qui ne doute de rien, compte sur « eux ». Et eux, c’est nous. Moins lui, donc. Cette auto-exclusion de la communauté nationale constitue sans doute l’échec le plus triste de l’intégration. Diversité, j’écris ton nom… avec les pieds.

*Photo : NICOLAS MESSYASZ/SIPA. 00687305_000016.



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