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«Le Collectif Marianne n’a rien à voir avec le GUD»


«Le Collectif Marianne n’a rien à voir avec le GUD»

david masson fn marianne

Daoud Boughezala : Vous venez de créer le Collectif Marianne, pendant étudiant du « collectif Racine », ce groupe de professeurs et d’employés de l’éducation nationale ralliés à Marine Le Pen.  Assumez-vous l’héritage encombrant – et souvent violent –  du GUD et du Rassemblement étudiant, organisations où militèrent nombre d’actuels cadres du FN ?

David Masson-Weyl : Le Collectif Marianne ne se rapproche ni de près ni de loin de ce que furent le GUD et le Rassemblement étudiant. Alors que ces mouvements se présentaient comme des syndicats étudiants certes politisés mais sans lien avec les partis politiques d’alors, Marianne entend être un centre de réflexion et de proposition pour les jeunes et par les jeunes lié au Rassemblement Bleu Marine. Nous ne sommes pas un syndicat et nous n’avons donc pas pour ambition de faire élire des élus étudiants à la légitimité parfois contestable et à l’utilité difficilement quantifiable. Marianne ne peut à la fois être un lieu de débats de fond et cautionner la violence de ces mouvements passés. Notre seule arme, ce sont les mots !

Si vous vous inscrivez  explicitement dans le giron du Rassemblement Bleu Marine, pourquoi avez-vous déclaré à la presse ne pas y être encarté ? Espérez-vous séduire une frange plus large des étudiants en gardant un pied dehors ?

Il ne s’agit pas de prendre en traître les étudiants : nous assumons et nous revendiquons fièrement notre affiliation au RBM, qui représente aujourd’hui le seul mouvement politique souverainiste et patriote d’envergure en France. D’ailleurs, personnellement, je pourrais tout à fait prendre ma carte au RBM. Mais je souhaite montrer à tous ceux qui sont proches de nos positions, à gauche comme à droite, que nous sommes ouverts au rassemblement et leur faire comprendre que, peu importe que vous vous encartiez ou non, vous pouvez exprimer et défendre vos idées au travers de notre collectif.

Sur la question de la sélection, vous tâchez également de ratisser large, sur votre droite comme sur votre gauche. Car si vous critiquez les conséquences de la massification à l’université, vous refusez néanmoins toute sélection à l’entrée de la première année. Craignez-vous de vous mettre à dos la majorité des étudiants ?

Nous ne refusons pas d’instaurer toute sélection à l’entrée de la première année à l’université. Cette question mérite d’être posée et débattue. Nul ne peut nier que le nivellement par le bas du niveau des diplômes résulte de la massification de l’enseignement supérieur. Ni que le baccalauréat ne joue plus son rôle de sésame vers l’enseignement supérieur. Par voie de conséquence, les universités ne sont plus dans la capacité d’offrir des conditions de travail optimales pour ses étudiants. Résultat : un bon étudiant devra aller jusqu’en Master 2, voire en faire plusieurs pour être certain de trouver un emploi par la suite. Les étudiants ont conscience de tous ces problèmes, et je suis convaincu qu’ils ne sont pas hostiles à la sélection. Chacun sait qu’il sera sélectionné à un moment ou à un autre. Ce que les étudiants ne supportent pas, c’est l’absence de méritocratie qui ronge notre pays.

Tous les partis politiques en conviennent. Mais, concrètement, que faire pour y remédier ?

Il est urgent de revoir le processus de sélection, qui ne s’effectue aujourd’hui que par l’échec. Il existe par exemple dans certaines universités des parcours différenciés en première année qui permettent aux meilleurs étudiants de suivre des cours supplémentaires et aux plus faibles de bénéficier de cours de soutien. Ces parcours permettent à certains de s’en sortir là où ils auraient normalement échoués. Mais est-ce le rôle de l’université d’effectuer des remises à niveau en grammaire, syntaxe et orthographe, compétences qui devraient être acquises depuis des années ? De même, pourquoi continue-t-on d’accepter sur les bancs des universités, par exemple en droit, des étudiants venus de filières technologique ou professionnelle qui vont au casse-pipe ? C’est profondément malhonnête. Arrêtons de dévaloriser ces filières essentielles dans un pays qui aspire à se réindustrialiser !

Le Front national semble mésestimer la contribution des étudiants étrangers à la puissance et au prestige de la France. En diminuer drastiquement le nombre comme le recommande Marine Le Pen, ne serait-ce pas se tirer une balle dans le pied ?

Je porte un intérêt tout particulier à cette question, ayant moi-même eu la chance de pouvoir étudier un semestre à l’étranger, au Japon, où j’ai pu prendre pleinement conscience de ce que peut apporter un pays aux étudiants étrangers qu’il accueille et inversement. Les universités françaises accueillent un grand nombre d’étudiants qui viennent du monde entier, signe que la France bénéficie toujours d’un prestige à l’international. Nous ne pouvons que nous en réjouir. Mais pour que la France rayonne, encore faut-il que ces étudiants rentrent dans leur pays d’origine pour pouvoir faire bénéficier celui-ci de la formation qu’ils ont reçue en France. En outre, il ne faut pas être naïf : il est évident que des problèmes se posent dans certains cas. Je pense à ces étudiants chinois qui ne venaient en France que pour acheter un diplôme dans certaines universités peu regardantes. Il convient donc de tout simplement renforcer la procédure de sélection : seuls les meilleurs ou ceux qui en tireraient le plus grand bénéfice doivent pouvoir étudier en France. C’est la position équilibrée qu’a adoptée le Front national.

Malgré votre fidélité au FN, vous dites refuser une future carrière d’apparatchik. Jurez-vous que jamais au grand jamais on ne vous verra candidat à la moindre élection sous les couleurs lepénistes ?

Je ne jure de rien ! Ce que j’ai voulu dire, c’est que je souhaitais poursuivre et finir mes études en toute sérénité. Si j’ai accepté de présider Marianne, ce que je fais aujourd’hui avec joie, c’est pour constituer une force de proposition politique. Non pas pour être élu ou bénéficier de tel ou tel poste, ce que je considère comme tout à fait louable, mais j’ai encore beaucoup à apprendre avant de pouvoir prétendre à une hypothétique carrière politique !



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est journaliste.

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