Attentats islamistes: le parti du déni


Attentats islamistes: le parti du déni
Sipa. Numéro de reportage : 00731924_000002.
islam daech orlando magnanville
Sipa. Numéro de reportage : 00731924_000002.

La tuerie d’Orlando a brusquement relancé un jeu de rôle indécent et irresponsable. Mais surtout révélateur de ce qui travaille notre société face au défi islamiste.

La manif pour tous coupable ?

Les « faiseurs d’opinion » de la bien-pensance se sont précipités pour faire porter la responsabilité du massacre à ceux qui n’en pouvaient mais. Avec finalement un seul objectif, lui dénier tout caractère islamiste. Alors, au passage on a tapé sur ceux à qui on voue une haine totale, et dont on considère qu’ils sont pires que le diable, ces compatriotes qui rechignent devant la mondialisation austéritaire et le sociétalisme galopant. Vous savez ceux qui étaient opposés au mariage gay, qui ne veulent pas de la GPA, ont été choqués par les galopades sur les tombes de Verdun, et n’apprécient pas les éructations homophobes de Black M. Les fanas des heures sombres, quoi.

Le vainqueur du concours d’ignominies est cet élu EELV qui n’a pas hésité à twitter : «  La différence entre la Manif pour tous et #Orlando ? Le passage à l’acte». Pour l’accompagner, on a retrouvé la troupe des lyncheurs excités qui n’avaient pas de mots assez durs contre Monseigneur Barbarin et l’Eglise. Un islamiste se réclamant de Daech massacre 50 personnes dans une boîte homosexuelle, c’est évidemment de la faute de Christine Boutin et de Ludovine de la Rochère. Ces insulteurs-là ne veulent surtout pas que l’on aborde la question des motivations du tueur.

Les petits marquis de l’ultragauche, qui savent bien que cette position  est intenable, vont trouver une autre astuce pour exonérer l’islamisme et mettre les homos sur la défensive. On nous expliquera ainsi doctement sur la radio du service public que tout ça c’est quand même de la faute des homosexuels devenus «homonationalistes » et pratiquant un «racisme anti-musulman» (sic!).  On reste sans voix, estomaqué par un tel culot absurde, ce qui est probablement l’objectif recherché.

Peur de nommer l’islam

Du bout des lèvres, le Président de la République et le ministre de l’Intérieur ont bien voulu concéder qu’il s’agissait d’un acte terroriste. Mais on ne saura pas s’il est l’œuvre de l’ETA, de l’IRA, ou des Brigades Rouges. Un débat pénible sera lancé sur le fait de savoir s’il fallait parler de massacre homophobe ou de massacre islamiste. Les deux bien sûrs puisqu’il s’agit d’un crime islamiste ET homophobe. Et si l’on veut vraiment rendre compte de la réalité, la bonne formulation est : un attentat islamiste donc homophobe. Mais cela on ne l’entendra pas, par ce que ce serait blasphémer et stigmatiser une religion « de paix et d’amour ». Ce n’est pas la foi de la grande majorité des musulmans qui vivent leur religion paisiblement dans notre pays qui est en cause. Mais l’islam -et d’ailleurs plutôt « les islams »- qui est une religion organisée, dotée de textes qui jouent un rôle essentiel, avec une articulation des rapports entre le spirituel et le temporel qui lui sont propres. On doit bien constater que la condamnation de l’homosexualité, dont elle n’a certes pas le monopole, y prend encore des absolument terribles. Dix des pays où l’islam est religion d’État pratiquent la peine de mort pour les homosexuels, sans parler des courants intégristes puissants et riches qui inondent tranquillement les communautés musulmanes de prêches incitant à l’homophobie. Comme le démontre de façon extraordinaire la vidéo de l’imam d’Orlando justifiant la mise à mort des homosexuels. Une religion est aussi une idéologie, et l’islam intégriste d’aujourd’hui est une idéologie mortifère.

Un crime homophobe. Point.

Pour éviter de prendre ce problème de face, Jean-Luc Mélenchon nous aura gratifié d’un long texte chantourné commençant par cette phrase : «Ce n’est pas l’assassin qui donne son sens au crime, ce sont les victimes. Ils ont été tués parce qu’ils étaient homosexuels ». Pardon ? Cher Jean-Luc mesurez-vous l’inanité de cette proposition, et son caractère déplaisant ? Alors comme ça, la Shoah, la solution finale n’était pas un crime nazi, seulement antisémite ? L’assassinat des deux fonctionnaires de Magnanville serait seulement l’expression d’une haine  anti-flics ? Il faut être sérieux.

Alors pourquoi, ce déni, ce refus de caractériser, de dire les choses, d’expliquer le réel, et enfin de nommer l’ennemi. Car malheureusement, nous sommes en guerre, confrontés à une nouvelle forme d’agression menée par des gens dotés de moyens, disposant de territoires, pourvus d’une idéologie et qui poursuivent des objectifs précis. Et pourtant nous ne devrions pas la craindre, nos ennemis sont faibles, leur projet voué à l’échec, ils n’ont aucune puissance économique, aucune culture forte, aucun véritable projet autre que celui de faire triompher une idéologie folle. Leur seule force est notre peur, celle qui s’exprime dans ce refus de nommer l’ennemi.

Le remords de l’homme blanc

Il y a ceux qui craignent et on peut les comprendre, le défi que lance dans ces circonstances l’existence d’une forte communauté musulmane économiquement dominée et issue de pays que nous avons colonisés et avec lesquels les rapports ne sont pas toujours faciles. Ceux que  l’accusation de racisme tétanise, et qui sont travaillées, probablement à juste titre, par le remords de l’homme blanc. À cette culpabilisation-là, s’ajoute celle d’avoir importé une main-d’œuvre bon-marché que la disparition du travail rend difficile à assimiler.

Il y a aussi ceux qui finassent et jouent l’apaisement en se disant qu’après tout la nuisance du terrorisme, n’est pas si terrible, qu’elle permet de mettre en place des lois liberticides pour faire tenir tranquille les partageux, et surtout continuer les petit business lucratifs avec les émirats et l’Arabie Saoudite. Quand en plus c’est au travers d’un traditionnel alignement servile sur les États-Unis, c’est encore meilleur. Le gouvernement socialiste depuis 2012 y est particulièrement à son affaire. Alors oui, incontestablement dans la catastrophe qui frappe le Moyen-Orient, la France n’a pas les mains très propres

Il y a encore ceux qu’il serait excessif de qualifier de « collabos », mais qui se sont construits grâce à leurs postures, des petites niches matériellement, mais aussi symboliquement lucratives. Edwy Plenel étant évidemment le premier d’entre eux.

Une fois la guerre commencée…

Il y a enfin ceux que l’on appelle les « islamo-gauchistes », mais qui sont d’abord et avant tout des gauchistes de toujours. Armés  d’un dogmatisme sans faille, et au nom de concepts qu’ils n’ont pas compris, ils plaquent sur le réel des grilles d’analyse souvent absurdes. La phrase « vos guerres, nos morts » n’est finalement que l’écho de celle que leurs prédécesseurs lançaient aux résistants pendant la Deuxième guerre mondiale : « n’oubliez pas que sous l’uniforme SS, il y a un travailleur allemand ».

Pourtant à tous ceux-là, et aux autres, on rappellera ce que disait George Orwell le 8 mai 1940 deux jours avant l’offensive allemande contre la France.

« Une fois la guerre commencée, la neutralité n’existe plus. Toutes les activités sont des activités de guerre. Qu’on le veuille ou non, on est obligé d’aider son propre camp ou celui de l’ennemi. En ce moment, les pacifistes, les communistes, les fascistes, etc. aident Hitler. Ils ont tout à fait le droit de le faire, à condition de penser que la cause de Hitler est meilleure et d’en accepter les conséquences. Si je prends parti pour la Grande-Bretagne et la France, c’est parce que je préfère rejoindre les plus anciens impérialismes- décadents, -comme Hitler a raison de les  appeler- que les nouveaux, beaucoup plus sûrs d’eux-mêmes et donc beaucoup plus impitoyables. »

Une fois la guerre commencée, la neutralité n’existe plus, autre façon de dire que la barricade n’a que deux côtés. Et à ceux qui pensent que nous avons des responsabilités dans ce qui arrive Orwell répond également, et en fait même la clé de cet engagement nécessaire :

«Seulement, pour l’amour de Dieu, ne prétendons pas que nous nous lançons dans cette guerre avec des mains propres. SI nous voulons garder le droit de nous défendre, il faut que notre conscience se rende bien compte que nos mains ne sont PAS propres. »



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