Monseigneur Rougé, évêque de Nanterre, dialogue avec Éric Zemmour. Découvrez le sommaire de notre numéro de décembre

Le premier a dédié sa vie à Dieu, le second à la France. Monseigneur Matthieu Rougé et Éric Zemmour n’étaient pas faits pour se rencontrer. Mais l’évêque de Nanterre, en pointe dans le combat contre les réformes bioéthiques, enseigne aussi la théologie politique au collège des Bernardins. Et dans son dernier essai, le président de Reconquête ! appelle ses compatriotes à un « sursaut judéo-chrétien ». Dès lors, ces deux-là avaient beaucoup de choses à se dire. Elisabeth Lévy et Jean-Baptiste Roques, qui ont recueilli les propos de ce dialogue, présentent notre dossier du mois, intitulé : « Sommes-nous judéo-chrétiens ? ». Le nouveau livre d’Éric Zemmour, La Messe n’est pas dite (Fayard) ne cherche pas à faire du catholicisme une religion d’État, mais prône un combat culturel pour rappeler que, en France, le christianisme « reste le socle d’une civilisation » qui « a laissé sa marque partout, dans les bâtiments, les paysages, les institutions, le Code civil ». Le président de Reconquête ! « souhaite juste qu’on apprenne aux enfants de France, quelle que soit leur origine réelle, d’où ils viennent et ce que signifient les tableaux qu’ils voient dans les musées, qu’on n’ait pas honte de célébrer Noël et Pâques ».
Pour la philosophe Chantal Delsol, l’héritage judéo-chrétien est une réalité dont il faut reconnaître les apports majeurs à l’humanité. Mais elle estime que les chrétiens, devenus minoritaires, ne sont plus les prescripteurs moraux de nos sociétés et qu’ils ne doivent pas chercher à le redevenir. Geoffroy Lejeune, dont les propos ont été recueillis par Élisabeth Lévy et Jean-Baptiste Roques, se qualifie lui-même de « catholique identitaire ». Le directeur de la rédaction du Journal du Dimanche plaide pour que les chrétiens français se recentrent sur le cœur du message évangélique et n’aient pas peur de proclamer leur foi. Sans remettre en cause la laïcité. Dans son Dictionnaire amoureux des juifs de France, Denis Olivennes retrace deux mille ans d’une histoire extraordinaire, ou comment les enfants d’Israël se sont retrouvés chez eux sous le ciel gaulois. Se confiant à Élisabeth Lévy, il salue la bienveillance de grands auteurs à l’égard des juifs et le rôle crucial des Lumières qui ont fait rimer émancipation et assimilation. De Renan à Charlie Kirk en passant par Orwell, les penseurs qui se sont référés à des valeurs « judéo-chrétiennes » sont légion dans l’histoire occidentale et singulièrement anglo-saxonne. Je montre que, contrairement à ce qu’affirme la doxa islamo-gauchiste, ce concept ancien n’a pas été forgé pour s’opposer aux musulmans. Pour Frédéric Magellan et Lucien Rabouille, le catholicisme a servi de caution à la monarchie avant d’être l’un des principaux vecteurs de sa contestation. Les Lumières ont hérité des passions, de la rhétorique, des structures mentales et du sens du tragique des dévots jansénistes. 1789 n’a pas aboli le sacré mais l’a remplacé.
Dans son édito du mois, Elisabeth Lévy commente l’esclandre politico-médiatique déclenché par le discours que le chef d’état-major des armées a tenu devant le Congrès des Maires de France. Les paniquards qui ont réagi n’ont pas compris que le général Fabien Mandon ne parlait pas de tous les enfants des Français, mais « de militaires professionnels qui acceptent par contrat une mission pouvant les mener jusqu’au « sacrifice ultime » ». Plus grave encore, toute idée que la défense de la patrie puisse entraîner des sacrifices est désormais inadmissible car « les générations gâtées que nous sommes n’ont connu que la paix sur leur sol, si bien que nous pensons qu’elle est la norme et surtout qu’elle est un dû ».
La libération de Boualem Sansal aurait dû être célébrée par toute la classe politique. Mais pour Amine El-Khatmi, elle laisse un goût amer : celui d’un pays qui ne sait plus défendre un écrivain persécuté par une dictature et qui, perdu dans ses renoncements, confond la prudence et la lâcheté. Le halal ne se cantonne plus aux étals des rayons alimentaires. L’enquête menée par Estelle Farjot et Léonie Trebor montre que le marché des vêtements et des produits cosmétiques conformes aux prescriptions de l’islam est en plein essor. Et tout le monde, des sites made in China aux maisons de haute couture européennes, veut sa part du gâteau. Giorgia Meloni est à la tête du gouvernement italien depuis trois ans. Selon les analyses de Gil Mihaely, ses succès ne reposent pas uniquement sur les lois votées ni les réformes engagées mais sur une stratégie européenne de longue haleine qui lui confère aujourd’hui prestige et sympathie sur la scène internationale. Stéphane Germain interroge la novlangue de notre époque. Des mots comme « vivre-ensemble », « faire société », « inclusion » ou « résilience », devenus courants dans le vocabulaire quotidien, constituent une barrière mentale qui interdit de penser le monde autrement qu’à la lumière du progressisme.
Parmi nos chroniqueurs, Olivier Dartigolles se demande pourquoi, face aux problèmes du narcobanditisme, l’État n’a pas fait pour la consommation de drogue ce qu’il fait pour la sécurité routière, l’alcool et le tabac. À défaut d’une grande politique de santé publique, on ne nous sert que de la com’. Ivan Rioufol salue la fin de l’hégémonie des progressistes et des globalistes dans le domaine de l’info. Plus les médias alternatifs sont hués par le pouvoir, plus ces indésirables s’imposent comme l’authentique quatrième pouvoir. L’internet déverrouille la démocratie. La gauche cloueuse de bec a perdu. Emmanuelle Ménard nous parle des préparatifs de Noël à Béziers, où les chalets, les illuminations et la fontaine musicale de Noël ont été inaugurés dans la bonne humeur. En attendant la crèche, bien sûr ! Jean-Jacques Netter commente le suicide économique de la France sous la gestion de Sébastien Lecornu et Yaël Braun-Pivet, tandis que Gilles-William Goldnadel réagit aux plaintes qui viennent d’être déposées par les groupes France Télévisions et Radio France auprès du tribunal des affaires économiques contre CNews, Europe 1 et le JDD pour « dénigrement ».
Côté culture, Bérénice Levet ouvre le bal en interrogeant Stéphane Guégan sur un des plus grands artistes du XXe siècle. Dans son dernier livre, Matisse sans frontières, l’historien et critique d’art rétablit quelques vérités sur un peintre dont l’œuvre a été instrumentalisée par l’histoire de l’art. Réduire ce génie français au « bonheur de vivre », au « décoratif » et le considérer comme un précurseur de l’art abstrait américain est une erreur. Félix Vallotton est mort il y a cent ans. Le peintre a fait carrière dans le Paris des années 1880-1900, alors capitale de la bourgeoise, des conflits sociaux, des attentats anarchistes et de l’essor de la presse. Pour Georgia Ray, la rétrospective que lui offre Lausanne, sa ville natale, révèle un artiste engagé, héritier des maîtres anciens et audacieux coloriste. Jonathan Siksou a visité « L’Empire du sommeil » au musée Marmottan Monet. Cette exposition, en réunissant des œuvres de l’Antiquité à nos jours, brosse le portrait psychologique de l’humanité occidentale : ses amours, ses textes saints, sa mythologie, ses désirs érotiques, ses ivresses et ses paradis artificiels. Le centre Pompidou ferme ses portes pour au moins cinq ans de travaux. Pierre Lamalattie nous explique que cet énième chantier s’annonce pharaonique tant le bâtiment de Renzo Piano vieillit mal. Derrière ses façades de verre et d’acier se cache une institution mal gérée, boudée par les visiteurs et dont le bilan culturel est discutable.
Parlez-vous le Goldnadel ? Compagnon de route de Causeur, le président d’Avocats sans frontières a du fond mais aussi de la forme. Dans son nouvel essai, Vol au-dessus d’un nid de cocus (Fayard) où il attaque la gauche dévoyée par le racialisme et l’islamisme, il multiplie les formules spirituelles et les fulgurances comiques. Jean-Baptiste Roques nous a préparé un petit florilège des plus fameuses. Julien San Frax a lu la sacrée sommequ’est la Nouvelle histoire de France. Sous la direction d’Éric Anceau, une centaine de contributeurs explorent tous les domaines, toutes les notions qui illustrent la singularité de notre histoire commune. Une brillante riposte à la vision « mondialisée » de Patrick Boucheron. Notre collaborateur et ami François Kasbi signe avec Mes chéries une déclaration d’amour aux femmes écrivains et à la littérature. Pour Alexandra Lemasson, c’est un ouvrage passionné et érudit qui donne forcément envie de lire. Philippe Lacoche a lu – et écouté – l’essai-anthologie et le CD consacrés aux relations étroites entre les musiques caribéennes et américaines par Bruno Blum, ex-journaliste, écrivain, musicien et producteur. C’est rythmé ! Enfin, Jean Chauvet passe en revue trois nouveaux films français. Sa conclusion ? N’en déplaise à ses détracteurs, le cinéma d’auteur français n’est pas à la dérive. Il est tout simplement éclectique et offre par conséquent le pire comme le meilleur. À la différence de Causeur, bien sûr, qui n’offre que le meilleur…
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