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Pas mieux que lui?

Le billet politique de Philippe Bilger


Pas mieux que lui?
Emmanuel Macron et son homologue Brice Oligui Nguema, à Libreville, au Gabon, le 23 novembre 2025 © Thibault Camus/AP/SIPA

Le président de la République participera cet après-midi, en visioconférence, à une nouvelle réunion de la coalition des volontaires pour l’Ukraine. Interrogé sur RTL à propos de la polémique autour des déclarations du chef d’état-major Fabien Mandon, Emmanuel Macron a dénoncé une présentation déformée et sortie de son contexte – il a expliqué qu’un militaire accepte par nature certains sacrifices, tout en jugeant absurde de laisser penser que l’ensemble de la population serait concerné. Le chef de l’État a par ailleurs appelé à ne pas faire preuve de faiblesse face à une Russie qu’il estime de plus en plus agressive. Jeudi, il se rendra sur un site de l’armée de terre à Varces (Isère), où il pourrait apporter des précisions sur un futur service militaire volontaire.


Plus on approche de la fin, plus on est inexcusable de ne pas tenter une approche équilibrée et honnête du dernier mandat d’Emmanuel Macron.

Il me semble que dans l’entretien qu’il a donné à RTL et l’a conduit notamment à exposer la position française et européenne sur la Russie, l’Ukraine et le refus d’accepter quoi que ce soit qui ferait fi de l’accord du pouvoir ukrainien lui-même, si on était de bonne foi on devrait le créditer, sur ce plan, d’une cohérence et d’une constance indéniables.

En responsabilité

J’ose dire que pour le conflit israélo-palestinien et son acceptation officialisée de la solution à deux Etats, il n’a pas non plus, quelles que soient les objections soulevées, été indigne de ce qu’on attendait d’une présidence française.

Si je suis plus réservé, ici ou là, pour d’autres aspects de la diplomatie de notre pays, je ne méconnais pas que je ne sais pas tout et j’ai conscience que le citoyen aspire à ce que la France tape souvent du poing sur la table parce qu’il a cette immense liberté de l’irresponsabilité.

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Dans ce même entretien, le président, pour solidifier le pacte entre l’armée et la nation, justifie l’instauration d’un service militaire volontaire en apportant cette précision capitale que des soldats français ne seraient envoyés en Ukraine qu’une fois la paix sûrement établie.

Dans le registre intérieur, Emmanuel Macron ne peut que se contenter de formuler un souhait optimiste sur la capacité des parlementaires de trouver des compromis au-delà de l’esprit partisan de chaque groupe. Vœu pieux ?

Est-ce à dire que le président de la République retrouve, contraint et forcé, une sorte de sagesse qui tirerait du désastre qu’il a engendré avec la dissolution – qu’il n’a reniée que du bout des lèvres – une politique pragmatique où il se soucierait moins d’affirmer et de proposer que de faciliter ?

10 ans de perdus sur le plan régalien ?

Reste que demeure dans le bilan plus très éloigné de son évaluation finale un certain nombre d’ombres dont la plus visible est sa relative inaptitude à avoir jamais compris l’autorité et le caractère délibérément sans nuance qu’aurait dû imposer une stratégie authentiquement régalienne.

Comment le nouveau ministre de l’Intérieur, dont j’espère que la flagornerie, avec la critique de son prédécesseur, n’est pas la marque distinctive, peut-il asséner que le régalien est la grande force du président depuis 2017 alors qu’il s’agit de sa faiblesse fondamentale inspirée par un « en même temps » qui n’a pas lieu d’être dans ce secteur où l’action n’a pas le droit de se permettre la moindre hésitation ni retard ?

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D’ailleurs, s’il fallait une preuve aux antipodes des engagements constants du président, ce serait l’incroyable succès du Rassemblement national dont un dernier sondage révèle que Jordan Bardella serait gagnant dans tous les cas de figure, quel que soit son adversaire, Jean-Luc Mélenchon étant le plus nettement défait…

On ne peut pas ne pas se souvenir que l’obsession répétée d’Emmanuel Macron a été d’éviter le cauchemar que serait pour lui l’arrivée du RN à l’Élysée, avant des avancées probables aux élections municipales de 2026 ? Rien n’est joué mais tout laisse penser que l’état de la France en voie d’ensauvagement, crimes, délits et multiplication des zones et des séquences où une France transgressive est en roue libre, est la donnée essentielle qui explique le désaveu présidentiel.

La radicalité à la mode

Il y a encore plus grave, à mon sens, en tentant d’approfondir l’analyse. Alors que le président a cherché à placer dans le débat public l’exigence de rassemblement avec la répudiation de tout extrémisme, c’est le contraire qui s’est produit. Du RN (même si sa volonté de banalisation a limé ses griffes) à Reconquête et jusqu’à LFI, à rebours, c’est la radicalité qui a la cote et non plus les demi mesures! Je ne crois pas que, pour Jean-Luc Mélenchon, ce soit elle qui le plombe pour son nouvel essai présidentiel mais le fait qu’il fulmine une radicalité « haineuse ». C’est plus sa forme que son fond qui fait peur à une part de l’électorat dont il aurait besoin en plus d’une certaine jeunesse et de quelques banlieues au second tour!

Cette envie de radicalité qui domine est sans doute le signe le plus éclatant du déclin non réversible du macronisme. Et de son absence de futur au-delà de 2027.

À tout bien considérer, convient-il, alors que les jeux sont presque faits, dire comme au poker, au sujet d’Emmanuel Macron contre tous ceux qui aspirent à sa suite : pas mieux ?

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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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