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Au pain sec et à l’eau!

Le regard libre d’Elisabeth Lévy


Au pain sec et à l’eau!
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Est-ce la fin de l’alcool à la buvette de l’Assemblée nationale ? C’est ce que recommande le rapport du député Emmanuel Duplessy. Est-ce souhaitable? Notre directrice ne fuit pas le débat, qu’elle aime sans modération


Un rapport préconise l’arrêt de la vente d’alcool à la buvette de l’Assemblée nationale. Un nouveau scandale menace la République. Les députés boivent et à nos frais. Chaque année, ils consomment pour 100 000€ d’alcool à la buvette de l’Assemblée, dont une proportion non précisée passe en notes de frais. À la louche, cela fait environ 30 verres par an et par député, soit trois par mois de session. Il n’y a pas de quoi se rouler par terre même s’il arrive que certaines séances nocturnes soient particulièrement animées.

Mais au royaume de Rabelais, on ne badine pas avec l’hygiénisme. Alors qu’un député écolo par ailleurs favorable à la légalisation du cannabis veut interdire totalement le tabac aux mineurs, le rapport du député hamoniste Emmanuel Duplessy sur le train de vie de l’Etat entend proscrire la vente d’alcool à la buvette. La loi, dit-il, interdit à tous les Français de boire sur le lieu de travail (sauf pour le pot de départ, le repas client, le déjeuner de Noël etc.) et les élus doivent, dit-on, être exemplaires. Je ne veux pas que les députés me servent de maîtres à vivre et à penser, mais qu’ils fassent un budget correct. On ne va pas résorber la dette avec ces économies de bouts de bouteille.

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Est-il tolérable que des députés aillent en séance ivres ? Non, il est intolérable que les gens ne soient pas parfaits, qu’ils commettent des erreurs, voire des fautes. Je sais bien qu’en dehors de l’Assemblée nationale, aucun Français ne va jamais bosser en ayant bu un verre de trop ou fumé un joint. Et qu’aucun n’a jamais fait de cochonneries entre adultes consentants dans les toilettes, il ne manquerait plus que ça.

L’alcoolisme est évidemment un problème de santé publique sérieux. Mais on ne le combat pas par le fliquage. Quant à la prohibition, cela n’a pas marché. Un jour, tous les plaisirs de pauvres seront interdits, disait Céline. Pour nos nouveaux vertueux les plaisirs des gens ordinaires, ces petites béquilles qui adoucissent l’existence ne sont pas seulement mauvais pour la santé mais moralement répréhensibles. Ils veulent que nos lois soient faites par des humains parfaits, que la vie n’a pas cabossés. Autant les demander à des IA qui ne connaissent pas l’addiction, ni le mal de vivre. En attendant, puisqu’il faut voter et que nous, électeurs, restons de misérables humains, alcootest obligatoire pour entrer dans l’isoloir !



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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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