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Canicule et sécheresse morale

L’humeur d’Olivier Dartigolles


Canicule et sécheresse morale
Saintes-Maries-de-la-Mer (13), pendant la canicule, 30 juin 2025 © Lewis Joly/AP/SIPA

Carnets d’été


Le mot « canicule » semble avoir remplacé celui de « chaleur » dans les discussions estivales. En Corse, puis dans ma Sud-Gironde natale, j’ai eu chaud. Très chaud même. En observant des paysages insulaires familiers puis les landes girondines, celles que décrivait François Mauriac depuis sa terrasse de Malagar, le changement est partout. À l’échelle du Vieux Continent, l’été 2025 est celui d’un grand brasier avec plus d’un million d’hectares brûlés. Autre phénomène singulier, des tapis de feuilles mortes dans les villes. Un automne aoûtien. En stress hydrique, provoqué par les fortes chaleurs et le manque d’eau, les arbres se mettent en sécurité.

Ces vagues de chaleur plus étendues, plus longues et plus fréquentes sont la conséquence prévisible de la hausse des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, principalement provoquée par notre utilisation des combustibles fossiles. Les alertes anciennes et répétées du GIEC l’ont documentée avec précision. Cet été, l’Union européenne, cramoisie face à Trump, s’est engagée dans l’achat de gaz liquéfié ricain. Tout va bien…

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Connaissiez-vous le « Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire » ? Féru d’actualité et lecteur compulsif de presse écrite, j’ignorais jusqu’à présent ce mécanisme de référence indépendant utilisé par les agences onusiennes et les ONG pour suivre les situations de malnutrition. Il n’y a pas de politique et d’idéologie, de propagande ou d’intentions, dans ce « Cadre intégré ». Seulement trois critères pour décréter une situation de famine : 20 % des foyers avec un manque extrême de nourriture, 30 % d’enfants de moins de cinq ans en malnutrition aiguë et au moins deux personnes sur 10 000 mourant de faim chaque jour. Depuis sa création, il y a vingt ans, ce programme a suivi quatre famines : en Somalie (2011), au Soudan du Sud (2017 et 2020) et au Soudan (2024), toujours en cours et dans un silence détestable. Pour la première fois, le Moyen-Orient est frappé. À Gaza. Et cela aurait pu être évité sans l’obstruction systématique et criminelle du gouvernement Netanyahou. 

Alors que les arbres se protègent de la folie des hommes, qui protégera les enfants de Gaza alors que des vies peuvent encore être sauvées ? Ce cri est celui des civils palestiniens mais aussi de très nombreux Israéliens, et d’un très grand nombre de chancelleries à travers le monde. Pour les otages, pour en finir avec le Hamas, pour mettre fin à ce désastre humanitaire, quel autre chemin que celui d’un cessez-le-feu puis d’un processus de paix, d’une sécurité pour les deux États, israéliens et palestiniens ?

Autre actualité de l’été : les efforts pédagogiques du Premier ministre François Bayrou. Je le sais sincère dans sa volonté de convaincre. Mais rien ne sera possible sans une véritable rupture qui consisterait à ne plus faire payer les plus modestes (pas très riches mais très nombreux) au détriment des ultra-riches. Depuis 2017, le macronisme leur a distribué un pognon de dingue ! Sans le moindre résultat. Sans le début d’un ruissellement. Sécheresse… des eaux glacées du calcul égoïste.

Septembre 2025 – #137

Article extrait du Magazine Causeur




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Olivier Dartigolles est chroniqueur politique. Il intervient sur Cnews, Sud Radio et La Terre.

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