Chez nos voisins, le chanteur est ciblé pour ses origines. Un nouvel épisode navrant de cette fameuse « Internationale » du soupçon.
Il est Israélien et juif. Il a participé à un concert dans une colonie à Hébron… en 2014. Il a fait son service militaire dans les renseignements de l’armée israélienne. Il s’est exprimé en chanson pour dénoncer l’horreur du 7-Octobre. Pour ces raisons, Amir subit aujourd’hui les assauts d’une meute d’artistes qui entendent le faire déprogrammer des Francofolies de Spa se tenant dès ce vendredi dans la cité thermale belge. La chanteuse Yoa a poussé plus loin sa résistance de pacotille en annulant sa participation, au prétexte de ses “convictions sociales, politiques et humanistes”, suivie par d’autres artistes tout aussi peu connus.
Déferlement de haine
D’ordinaire, le festival, qui dresse ses différentes scènes au mitan du mois de juillet, souvent quand la Belgique est en période de fête nationale, se déroule dans une ambiance bon enfant, entre baraques à frites, plus ou moins bons tours de chant et animations diverses. Les artistes au programme sont appréciés d’un grand public qui se déplace en masse et en famille. Cette édition déroge donc à la règle et la musique qui, d’ordinaire, adoucit les mœurs, exacerbe cette fois-ci les tensions.
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Pour ses contempteurs, peu importe qu’Amir porte un message de paix et soit peu connu pour être un soutien du gouvernement actuellement en place en Israël. Ils le réduisent à sa nationalité et peut-être à sa religion. Son label, Parlophone, a dénoncé le « déferlement de haine antisémite » dont le chanteur est la cible depuis plusieurs semaines. Nous ne sommes pas là pour sonder les cœurs, les âmes et les passions tristes, ni pour taxer d’antisémitisme le premier artiste engagé venu, mais tout le monde conviendra que nous ne sommes guère éloignés de l’infâme. Ajoutons à cela que les pétitionnaires entendent sans doute également profiter de la notoriété d’Amir pour sortir de leur propre anonymat : cela ne leur coûte rien, à peine quelques gouttes de moraline, vite épongées dans le drapeau palestinien.
Pas un cas isolé
Il est un phénomène plus général que nous devons regretter : les festivals sont les nouveaux hauts lieux du palestinisme ambiant. Le cas spadois n’est pas isolé : il y a quelques semaines, le festival de Glastonbury, dans le sud-ouest de l’Angleterre, a davantage été marqué par les cris de haine contre Israël que par la prestation magistrale du désormais octogénaire Rod Stewart. À cette occasion, le duo de rappeurs Bob Vylan – à ne pas confondre avec le nobélisé Bob Dylan – avait scandé: « Death to the IDF », soit un appel à tuer les forces armées israéliennes. Dans la foule, les drapeaux palestiniens formaient une marée et ceux qui les brandissaient un embryon d’armée. Le concert était diffusé par l’autrefois vénérable BBC qui dut fournir des explications.
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Face aux boycotteurs, qui n’ont pas eu gain de cause pour le moment, laissons le mot de conclusion à Amir et Nazim qui, dans la chanson qu’ils partagent, s’écrient : « Si j’étais né à ta place, dans le camp d’en face, je t’aimerais moi aussi. Si on avait l’audace de ne plus se faire face, on s’aimerait nous aussi ». Un peu naïf, peut-être, mais certainement plus humaniste que les objurgations des artistes qui se revendiquent du camp du Bien et qui veulent retirer à un chanteur (franco-)israélien la plus douce des libertés, celle de chanter.
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