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Zemmour en Beaujolais: le vin était tiré, on l’a bu

On a bu à Noël, à nos sapins et à nos clochers, à nos kermesses et à nos bals, au bon vieux temps : celui où l’on se foutait pas mal des couleurs de peau et des religions des uns et des autres


Zemmour en Beaujolais: le vin était tiré, on l’a bu
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À l’occasion du Beaujolais nouveau, notre contributrice est allée écouter ce que Zemmour avait à dire à ses militants. Tous avaient en tête l’attaque de Crépol. Le candidat de Reconquête a notamment indiqué qu’il n’avait pas besoin de l’union des droites pour les élections européennes. Selon les derniers sondages, si la liste du Rassemblement national emmenée par Jordan Bardella caracole à 28%, la liste Reconquête fait jeu égal avec LR.


La fête du Beaujolais Nouveau, organisée par « Reconquête ! », en présence d’Éric Zemmour, s’est tenue dans une petite commune proche de Villefranche-sur-Saône (69), le 24 novembre. Elle a réuni environ 400 personnes, appartenant à des milieux sociaux comme à des catégories socioprofessionnelles variés : paysans, viticulteurs, enseignants, avocats, ouvriers, médecins, aides-soignants, commerçants, retraités, jeunes gens, couples avec enfants, la « diversité » n’étant, force est de le constater, que très peu représentée.

Le lieu précis de la réunion, tenu confidentiel, ne fut révélé que 48 heures avant celle-ci. Il s’agissait, on le suppose, de prévenir le chaleureux comité d’accueil que LFI et les antifas n’auraient pas manqué d’organiser… Même s’ils sont ces jours-ci fort occupés par les amis de Gros Lardon et de la désormais bien connue « Division Martel ». Le jour dit, comme l’heure du rendez-vous approchait, les véhicules ont convergé vers un champ qui servait de parking. Les phares ont déchiré la mousseline de la brume automnale, éclairant des prés encore verts et protégés par les haies griffues des mûriers. Des arbres grêles et suppliciés par l’automne exhibaient leurs branches torses auxquelles s’accrochaient encore quelques feuilles jaunes et nervurées de rouge.

En être

On s’est garé et on a débarqué. Alors s’est organisée une longue procession en direction du bâtiment où devait se tenir la soirée, vaste cuvage en pierres dorées. On avançait lentement ; une exaltation vague et sage, comme contenue, s’emparait du cortège. On échangeait avec ceux de devant et ceux de derrière ; quelques plaisanteries fusaient. On se trouvait délicieusement audacieux d’être là ; on « en était enfin ». Et puis, c’était rassurant de constater que tous ces revenus du « vivre-ensemble » avaient la tête de vos voisins de palier ou celle de vos collègues. On s’est prêté de bonne grâce à la fouille des sacs par le service d’ordre et on a déposé les manteaux au vestiaire. En gagnant la cave voûtée qui accueillait l’assemblée, on était émoustillé, un peu comme ceux qui, aux États-Unis, lors de de la Prohibition, fréquentaient les bars clandestins aménagés en sous-sol.

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Sans d’autre point commun que celui, attristant, d’être très blanc, on était là : ralliés de la première heure au parti « Reconquête ! » ou simples curieux déçus par les Républicains et en quête d’une nouvelle représentation politique, également las des creuses paroles proférées depuis 40 ans par les irresponsables au pouvoir. On était venu pour entendre d’autres discours que ceux de nos maîtres es circonlocutions vaseuses, tourneurs autour du pot patentés qui ne réussissent plus à édulcorer la réalité d’une société fracturée et minée par des affrontements de plus en plus violents, dont on craint qu’ils puissent basculer dans l’affrontement interethnique. Quant à la gauche, écrasée sous la botte de l’éructant Mélenchon, il y a belle lurette qu’elle ne fait malheureusement plus partie des recours envisagés.

Douloureuse résignation

La chaleur gagnait les convives, dans le repli protecteur de la cave, on se rapprochait. Se sont présentées les équipes de « Reconquête ! » pour le département du Rhône et on a applaudi très fort ceux qui officiaient dans des secteurs comprenant des communes aux noms devenus légendaires : Vaulx-en-Velin, Bron, Vénissieux, Villefranche, Rillieux-la-Pape, Villeurbanne. Éric Zemmour est ensuite monté sur l’estrade. Après avoir proposé qu’on rende un hommage à Thomas en observant une minute de silence, le patron de « Reconquête ! » a dénoncé le communautarisme et l’islamisme qui gagnent de jour en jour du terrain en France, précisant qu’on savait quels seraient les prénoms des impliqués dans l’attaque mortelle. On en est convenu, non pas dans la vocifération et les accents vindicatifs d’une communion scellée par la haine de l’autre, mais avec la douloureuse résignation de qui est habitué à détourner le regard et à courber l’échine face à la racaille, de plus en plus agressive, qu’il croise tous les jours sans jamais oser s’en plaindre de peur de passer pour xénophobe ou fasciste.

Des questions ont alors été posées au président de « Reconquête ! ». Quant à la compatibilité de l’islam avec la France et la République, il a réaffirmé que l’expression de la religion était en France, au pays de la laïcité, affaire de discrétion. Il faudrait donc proscrire le port du voile et les mosquées avec minarets. Il a également appelé les musulmans de France à prendre de la distance avec la charia et le djihad. Sur l’union des droites, il a précisé la souhaiter, mais pas pour les élections européennes de juin 2024 ; cette élection à un tour et à la proportionnelle étant « non pas un vote utile mais, un vote de conviction. » Aux femmes qui s’enquerraient de la façon de convaincre d’autres femmes de voter pour son parti, Eric Zemmour a suggéré d’insister sur la fermeté du parti vis-à-vis des violences faites aux femmes et rappelé qu’il proposait pour chaque naissance en milieu rural une bourse de naissance de 10 000 euros afin de couvrir les frais de nounou et ceux alloués au transport comme aux activités extra-scolaires. Pour satisfaire les partisanes d’un néo-féminisme enragé, rien n’a en revanche été évoqué. Aucune des participantes, dont bon nombre de viticultrices, n’a semblé pour autant s’en émouvoir !

Au sujet de l’écologie, enfin, Éric Zemmour a rappelé l’importance du nucléaire et dénoncé les partisans d’une transition énergétique préjudiciable aux intérêts de la France qui devrait alors importer son énergie pour fonctionner. Il a taclé au passage les décroissants qui prônent une écologie punitive et s’est dit optimiste : le progrès permettra de trouver des solutions technologiques et industrielles pour concilier croissance économique et préservation de l’environnement. Si l’écologie n’est de toute évidence pas une priorité pour « Reconquête ! », personne dans l’assemblée, qui comptait de nombreux agriculteurs, ne s’en est offusqué.

On a chanté La Marseillaise. Ce fut enfin le moment de trinquer, de partager charcuterie, fromage et Beaujolais râpeux. Un instant, jeunes et vieux, de la ville comme des campagnes, on a fraternisé. On a bu à Noël et à nos tablées familiales, à nos sapins et à nos clochers, à nos kermesses et à nos bals ; au bon vieux temps : celui où l’on se foutait pas mal des couleurs de peau et des religions des uns et des autres.

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est professeur de Lettres modernes

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