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Au bout de ma vie…

Un billet d’humeur (énervé) de Sophie de Menthon


Au bout de ma vie…
M'en fiche Sophie, t'es pas ma mère ! © unsplash

Les jeunes sont des vieux cons. Retour sur les petites contradictions de notre jeunesse adorée


Sympa nos jeunes ! Ils flippent autant qu’ils nous font flipper. Bien sûr, on les aime, et ils sont idolâtrés comme jamais dans l’histoire. Pendant des siècles, les jeunes avaient hâte de vieillir pour avoir droit à, ou droit de. Les jeunes admiraient alors les plus âgés, les jeunes tiraient profit de leur éducation, et craignaient leurs parents. Pire, quand j’étais jeune on avait envie de s’habiller comme les parents, de les copier. On avait hâte de voter, de s’émanciper ou de demander l’autorisation de se marier…  Ce que je vous raconte là a de quoi faire frémir « nos » jeunes d’aujourd’hui. Heureusement, ils ont depuis trouvé leur place ! Ce temps est révolu. Mais de là à nous donner des leçons toute la journée…

Nous devons sans cesse nous justifier vis-à-vis d’eux, sous sommes sans cesse accusés de tous les maux : on a bousillé « leur » planète, on creuse leur dette (sur ce point je ne peux pas leur donner tort), on manque de tolérance… Certains protestent même contre le sexe qu’ils se sont vus attribuer à la naissance ! Ils ont désormais le droit d’en changer et les profs ont pour ordre de ne rien dire, alors que c’est devenu une mode extrêmement dangereuse.

Des jeunes qui dénoncent les privilèges dont ils jouissent

Les jeunes boycottent des entreprises dans lesquelles ils n’ont pas encore travaillé. Et pour cause, ils n’ont pas encore fini leurs interminables études. Plus le niveau scolaire baisse, plus ils savent tout et mieux que tout le monde. Ils sont agrégés… en réseaux sociaux ! Ils râlent parce qu’ils vont devoir payer nos retraites, mais sont en tête des manifs dès qu’on voudrait en retarder l’âge.

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Nos jeunes sont formidables, car ils sont conscients qu’il faut économiser l’énergie et arrêter de polluer, même si ceux qui ont un minimum de moyens ont les derniers portables Apple et vont en vacances au bout du monde. Pas contents de leurs profs ou des résultats des élections, ils ont dégradé la Sorbonne. Récemment, devant la presse béate, certains ont refusé leur diplôme d’agro en disant que l’agriculture représentait un danger écologique grave. Pourtant, se contenter de regarder pousser des carottes bio ne sera pas suffisant pour nourrir une humanité qui meurt encore de faim dans certains pays. Mais, cela inquiète moins ce régiment de Greta Thunberg en puissance que la nocivité des engrais !

La Sorbonne à Paris, 14 avril 2022 © HOUPLINE RENARD/SIPA

Politiquement, il faut être de gauche. Forcément, pour le jeune, c’est la gauche qui est généreuse ! Toutefois, nos jeunes ne pensent qu’à quitter cette France où ils bénéficient du régime gratuit de scolarité comme nulle part ailleurs dans le monde. L’expatriation est très à la mode. Mettre un drapeau français sur Instagram ou Twitter est considéré comme facho. On n’est plus Français qu’au moment des matchs de foot.

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Lors des élections, l’abstention des jeunes atteint des records, cela ne les empêche pas d’avoir leur avis haineux sur les hommes politiques, ou de voter Mélenchon pour embêter les parents qui ont pourtant financièrement quelque chose à y perdre!

Ok, millenials !

Ils ne lisent plus, ils sont mal élevés, ils ne quittent plus leur portable même lors du réveillon de Noël, mais nous ne pouvons nous en prendre qu’à nous-mêmes, nous ne leur donnons pas vraiment l’exemple ! Nous ne les contrarions pas, nous avons tellement peur d’être « sévères », de les traumatiser parait-il, dès qu’on élève la voix. Nous attendons que l’école le fasse alors que ce n’est pas son rôle, qui est d’enseigner et non d’éduquer.

Dès qu’ils protestent ou qu’ils ne font rien en classe on les emmène chez le psy… facile. Ne faudrait-il pas reconnaître que nous n’avons plus le temps, plus l’énergie, ou plus l’envie, de nous occuper vraiment bien d’eux ? Le travail des femmes, ô combien salutaire, a aussi eu comme conséquence parallèle de dévaloriser le temps qu’elles consacraient aux enfants… que les hommes n’ont pas tous compensé. Pas question de regretter une époque qui n’est plus et des « progrès de société » dont nous avons tous bénéficié, mais il faut d’urgence retrouver un équilibre salutaire: l’enfant roi ne fait pas toujours un adulte aussi heureux que nous l’aimerions.

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L’autorité fait partie des valeurs démodées et les profs qui avaient toujours raison sont aujourd’hui coupables dès qu’ils élèvent la voix. Les parents avaient peur hier d’aller voir les professeurs de crainte d’entendre les critiques sur l’attitude scolaire de leur progéniture, maintenant ce sont les profs qui sont terrifiés à l’idée de se faire engueuler à la réunion parents/profs!  

Alors arrêtons un peu de baisser la tête lorsque nous nous faisons traiter de « boomer ». Plus on baisse la tête, moins on nous respecte. Moins nous sommes respectés, plus ils sont désemparés, voire révoltés et violents. Ils sont en lutte pour la décroissance? Il faut leur rappeler aussi que nos entreprises sont à la pointe du progrès écologique, et que c’est d’elles que viendra leur salut et celui de la planète. Ne tolérons plus que Sciences Po conspue Total alors qu’aucun hydrocarbure au monde n’est extrait dans de meilleures conditions environnementales. Il faut leur redire aussi que nous sommes quand même en France parmi les pays les moins polluants. Et qu’ils arrêtent, dès qu’une entreprise innove, de nous expliquer que c’est du greenwashing. On aimerait d’ailleurs que leur niveau d’anglais soit comparable à toutes leurs belles connaissances en « transitions énergétiques » et qu’ils abandonnent ce franglais branchouille et cette langue pleine de verlan et de fautes de grammaire. Bref, chers jeunes, si vous continuez ainsi (et nous aussi !) comme vous dites si bien : ça va pas le faire! On a trop le seum…

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Chef d'entreprise, présidente du mouvement ETHIC.

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