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Pourquoi on peut dire merci à Éric Zemmour

Merci quand même, et continuez, Monsieur Zemmour !


Pourquoi on peut dire merci à Éric Zemmour
Éric Zemmour lors d'un discours devant ses soutiens après son élimination au soir du premier tour, 10 avril 2022 © Michel Euler/AP/SIPA

Une tribune libre d’Aurélien Marq


Il y a un an, nous pensions tous que le résultat du premier tour de ces élections serait exactement ce qu’il est : un face à face entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, avec Jean-Luc Mélenchon sur la troisième marche du podium !

Cher Éric Zemmour, n’ayez pas de regrets. Un temps, nous avons retrouvé l’envie d’espérer, même si la déception est douloureuse. Mais la situation aujourd’hui n’est pas pire que ce que nous anticipions à l’époque. Elle est même, en réalité, bien meilleure, grâce à vous.

Merci d’avoir imposé dans le débat politique des vérités trop longtemps niées : le grand remplacement et le grand déclassement, l’idée de la remigration des clandestins et des délinquants étrangers, la différence entre les musulmans et l’islam, mais l’identité de fait entre l’islamisme et l’islam – vous auriez dû, je crois, préciser « l’islam sunnite des 4 madhhabs orthodoxes », mais toutes les personnes de bonne foi ont compris.

Merci pour l’enthousiasme : nous sommes une minorité, mais nous avons la ferveur. Nous sommes une minorité, mais nous sommes la voix de tous ceux à qui la bien-pensance impose de se taire depuis des décennies. Nous sommes une minorité, mais il y a un an beaucoup d’entre nous pensaient être seuls, et nous avons découvert que nous sommes des millions.

Merci d’avoir condamné sans aucune ambiguïté le groupuscule des « Zouaves Paris ».

Merci d’avoir inlassablement appelé à l’assimilation : mon frère d’armes est mon frère, même s’il n’est pas mon frère de sang.

Merci de nous pardonner si, dans les prochains jours, la déception nous rend amers ou démotivés. Et merci de nous rappeler à l’ordre et de nous interdire de nous abandonner à l’amertume ou au « à quoi bon ? »

Merci d’avoir soutenu Mila, même en sachant qu’elle vous rejetait. C’est ça, défendre la liberté d’expression.

Merci pour Patrick Jardin.

Merci pour Évelyne, la mère de Julien Vinson.

Merci pour Gérald et Évelyne Cohen. Ils n’ont pas encore obtenu justice pour leur fils, mais sans vous, ils n’auraient même pas pu la demander. Merci d’avoir rappelé à la jeunesse de France que Jérémie était son frère. Merci pour cette minute de silence. 

La place de Reconquête pourrait demain être déterminante

Que se passera-t-il demain ? J’aimerais une victoire de Marine Le Pen, puis aux législatives une alliance des droites – Eric Ciotti et le courant qu’il incarne, le Rassemblement National, Debout la France et Reconquête – emportant la majorité à l’Assemblée, Reconquête y pesant assez pour que son rôle soit déterminant. Nous devons y croire et œuvrer en ce sens. Mais pardonnez-moi, ce soir, un certain pessimisme. Et d’envisager le pire, pour nous y préparer.

Alors imaginons la réélection d’Emmanuel Macron, et un électorat confirmant sa répartition en trois tiers : un bloc de gauche souhaitant démolir la France (la gauche souverainiste ayant, de facto, disparu des urnes), un bloc de centrisme autoritaire souhaitant dissoudre la France, un bloc de droite souhaitant que la France reste la France. Hélas, les deux premiers ont en commun le choix du multiculturalisme, et feront donc alliance contre la droite pour que la France devienne, inéluctablement et sans doute irréversiblement, multiculturelle. Je n’insisterai pas sur le rêve de « créolisation » de Mélenchon. Dans une tribune saluée – ce n’est pas un hasard – par le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Emmanuel Macron déclare : « La loi française parle d’assimilation, qui dit que vous arrivez d’un autre pays, vous voulez devenir Français et donc vous êtes assimilés, complètement digéré. Moi je préfère le concept d’intégration. »

Le multiculturalisme, c’est une France archipelisée, une France américanisée, une France qui ne sera plus ce que nous appelons « France » mais un territoire dont des communautés rivales se disputeront les espaces et les richesses, un territoire sans aucun sens du bien commun, puisqu’il n’y aura plus de commun. La fin de la République, la fin de la vraie laïcité, la fin de la souveraineté populaire – sous le regard gourmand de l’UE et de l’OTAN, Macron injurie les peuples qui affirment leur souveraineté et il veut les punir : c’est le cas des Polonais, c’est le cas des Hongrois. Ce sera l’heure des suzerainetés des bandes tribales (le vote Mélenchon) et des seigneurs de la guerre économique (le vote Macron), avec la bénédiction des technocrates et des maîtres-censeurs.

Les Français au sens que, d’après Malraux, De Gaulle donnait à ce mot : « ceux qui veulent que la France ne meure pas », ces Français – de toutes origines – ne seront plus qu’une communauté parmi d’autres dans l’espace géographique « France ». Ils devront alors et de toute urgence en prendre acte, pour mieux comprendre qu’ils seront, malgré tout, la plus nombreuse et la plus puissante de ces communautés. Ils devront apprendre à se penser ainsi, à s’organiser ainsi, pour défendre leurs intérêts mais aussi autre chose : l’héritage de notre culture et, plus encore, de notre civilisation. 

Zemmour ne dit pas aux Français ce qu’ils veulent entendre

Si Emmanuel Macron est réélu et n’est pas contraint à une cohabitation après les législatives, il continuera le démantèlement méthodique de l’État, dégradera encore les services publics hérités du Conseil National de la Résistance, afin de faire d’un maximum de gens la clientèle captive d’opérateurs privés auxquels, de fait, il vend l’État à la découpe – McKinsey n’est que le symbole d’une démarche beaucoup plus générale.

Il y aura des crises, et des contestations sociales en elles-mêmes légitimes, mais qui seront – l’expérience des gilets jaunes le prouve – infiltrées et corrompues par l’extrême-gauche, et Macron dira : « moi ou le chaos ». Il faudra offrir à ces contestations une manière de s’exprimer qui ne dresse pas le peuple et les forces de l’ordre les uns contre les autres : seuls les prédateurs, en col blanc ou en qami, sortiraient gagnants d’un tel divorce.

Les victimes de la « disruption » macronienne auront besoin de vous. Quelqu’un qui ne leur a jamais menti. Quelqu’un qui leur a dit non pas ce qu’ils voulaient entendre, mais ce qu’ils devaient entendre. Un jour, ils écouteront.

Et le plus important, sans doute. La jeunesse de France est massivement endoctrinée. Nos enfants sont soumis, quotidiennement, à la propagande dite « progressiste », qui est la négation de tout progrès. L’histoire est réécrite, remplacée par une fable « inclusive » et surtout imprégnée de racisme anti-Blancs, c’est le triomphe des subjectivités, de l’arbitraire plutôt que la quête du vrai, des susceptibilités exacerbées de toutes les minorités vagissantes, et de la volonté méthodique de dévaloriser la civilisation européenne. Ce sont les programmes scolaires et les manuels que dénonçait Souâd Ayada. C’est le wokisme (et pas seulement le transactivisme) qui triomphe chez Disney, à Hollywood, dans les productions Netflix. C’est l’effondrement du niveau scolaire, et la réécriture « politiquement correcte » des livres (les classiques de la Bibliothèque Verte, par exemple).

Nous devons aux enfants de France – mais pas seulement à eux, à tous les enfants, d’où qu’ils soient – de mener la bataille culturelle, pied à pied, chaque jour, partout, contre l’endoctrinement, pour leur enseigner à la fois la pluralité des idées et la quête de la vérité, à la fois la rigueur de l’apprentissage et la liberté de penser, de douter, de questionner. Qu’on peut rêver d’être un héros, et pas seulement du dernier I-phone ou d’une Rolex. Que Reconquête et les éditions Rubempré mettent à la disposition de tous des manuels, des fiches thématiques, des recueils d’exercices, des essais, des romans, des films, des listes d’ouvrages de référence, qui élèvent le niveau et ne soient pas du poison pour l’esprit et pour l’âme !

Pour ce combat, peut-être le plus crucial qui soit, nos enfants auront besoin de vous.

Je sais que vous ne les abandonnerez pas. Et pour ça aussi, merci.




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Haut fonctionnaire, polytechnicien. Sécurité, anti-terrorisme, sciences des religions. Dernière publicatrion : "Refuser l'arbitraire: Qu'avons-nous encore à défendre ? Et sommes-nous prêts à ce que nos enfants livrent bataille pour le défendre ?" (FYP éditions, 2023)

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