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Etats-Unis : le droit de porter des armes dans la ligne de mire


Un compromis semble se profiler dans les discussions en cours au Congrès américain, destinées à réduire la violence armée qui ensanglante régulièrement les Etats-Unis et qui pourrait satisfaire les deux parties en présence : une majorité considérant inaliénable le deuxième amendement de la Constitution garantissant au peuple que « le droit de détenir et de porter des armes ne sera pas transgressé »  et une minorité, plutôt démocrate, souhaitant limiter la circulation des armes à feu.
De l’avis majoritaire, aussi bien chez les Républicains que chez les Démocrates, se donner les moyens de vérifier les antécédents des acheteurs d’armes en ventes privées permettrait d’éviter que les armes à feu ne tombent entre de mauvaises mains, et particulièrement les armes de poing qui sont à l’origine de près de 75% des décès par balles. Cette mesure mettrait un terme à une faille qui permet actuellement à 40% des ventes de se dérouler sans surveillance.
Le sénateur républicain de l’Oklahoma Tom Coburn s’oppose toutefois à ce compromis, craignant qu’un registre centralisé des ventes ne soit tenu par le gouvernement, ce qui permettrait à ce dernier de les confisquer à tout moment à leurs propriétaires respectueux des lois et donc fondés à en posséder. Et, comme le rappelait Gil Mihaely dans notre numéro de janvier, le droit à disposer d’une arme est constitutionnellement garanti aux Etats-Unis, où il fait partie intégrante du droit du citoyen à se défendre contre les ingérences de l’Etat dans sa vie privée.
Ceci étant, les vendeurs d’armes américains sont d’ores et déjà tenus de vérifier les antécédents de leurs clients et de garder trace de leurs transactions. Or, s’interroge le New York Times, si les vérifications des vendeurs assermentés n’ont jamais fourni le prétexte à la constitution d’un fichier national, pourquoi serait-ce le cas pour les ventes privées, qui croissent de manière exponentielle avec internet ? D’autant que les registres des vendeurs, s’ils ne sont pas connectés à une base de données nationale des possesseurs d’armes à feu, n’en sont pas moins utiles à la police pour tracer les criminels.
Au nom des victimes potentielles, conclut le New York Times, les législateurs devraient passer outre les préventions du lobby des armes et rendre obligatoire la traçabilité des ventes d’armes pour vérifier les éventuels antécédents judiciaires de leurs acquéreurs. Après tout, les armes tuent, contrairement à la viande, fût-elle d’origine incertaine…



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Isabelle Kersimon est journaliste.

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