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Amsterdam: imbroglio autour des “observateurs” anti-racisme


Amsterdam: imbroglio autour des “observateurs” anti-racisme
Femke Halsema, l'alter ego d'Anne Hidalgo aux Pays-Bas © Shutterstock/SIPA Numéro de reportage : Shutterstock40660714_000025

Des policiers d’Amsterdam conspuent les nouveaux observateurs qui, mandatés par la mairie, doivent rapporter ce qu’ils croient être des délits de faciès. Quatre syndicats de policiers ont exigé le retrait de ces contrôleurs. Ils considèrent leur nomination comme une “motion de censure” contre les forces de l’ordre, et envisagent des actions de protestation si la mairie de gauche maintient le projet…


Le chef de la police de la capitale néerlandaise a donné son feu vert au projet, qui a débuté le 1er septembre, ce qui lui a valu d’être traité de “collabo avec la racaille” par le site droitier GeenStijl, qui accuse la mairie d’avoir fait sienne l’idéologie militante du mouvement américain Black Lives Matter.

Les plaintes sont le plus souvent prononcées sous couvert d’anonymat. Dans le journal De Telegraaf un policier anonyme se plaignait ainsi: “On nous traite comme des enfants qui ont besoin d’être surveillés. Il n’est pas exclu qu’un collègue s’abstienne de fouiller un passant noir ou arabe  pour éviter des emmerdements avec ces soi-disant observateurs.” Et l’agent d’enfoncer une vérité pas bonne à dire mais connue aussi à la mairie : les jeunes de couleur se rendent bien plus souvent coupables d’actes criminels violents que les Blancs du même âge. 

Le compromis de Femke Halsema

Si dans d’autres grandes villes européennes, la police procède à des fouilles systématiques dans la rue à la recherche d’armes illégales, Amsterdam s’y est toujours opposée. Le conseil municipal de ce bastion de l’ultra gauche, brocardé par le reste du pays pour son wokisme, y voit une stigmatisation des quartiers où les policiers procèdent aux fouilles. Et, partant, de ses habitants.

Cependant, la maire Mme Femke Halsema (les Verts) sut vaincre ses propres réticences après des manifestations de mères de famille et d’autres habitants d’un quartier composé à majorité de personnes noires las des actes de violence qui y empoisonnent la vie de tous les jours. Non seulement des bandes de jeunes, souvent affiliés à des stars du rap, tuaient ou blessaient des adversaires avec des coups de revolvers ou de couteau, mais des balles perdues ont plus d’une fois failli tuer des innocents.

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Si elle a bravé l’interdit de sa propre famille politique, Madame le maire lui offrit un compromis: sur Facebook, elle invita des citoyens à devenir observateurs volontaires pour accompagner des patrouilles de police procédant à des contrôles dans la rue. Leur rôle ? Vérifier si les flics ne choisissent pas en priorité des personnes de couleur pour être soumises à des fouilles à la recherche d’armes…

150 volontaires

Quelque 150 citoyens se sont portés volontaires, parmi lesquels une cinquantaine reçurent une invitation à participer au projet qui pourra être arrêté après un mois si les résultats laissent à désirer. Cinq quartiers ont été désignés pour servir de cobayes. Les observateurs anti-racistes ont été prévenus que certaines fouilles peuvent déclencher des actions violentes de la part des “suspects” et que, en pareil cas, ils peuvent être cités comme témoins lors d’éventuels procès. 

Qui sont ces volontaires ? On peut penser que parmi eux les militants anti-racistes seront nombreux, mais des opposants fervents à la mairie s’y seraient mêlés aussi, pour pouvoir mieux brocarder ce qu’ils considèrent comme une énième frasque des dirigeants de leur ville. On craint également que des complices de jeunes criminels puissent également s’être infiltrés dans les rangs des observateurs, pour mieux renseigner leurs compères sur les lieux à éviter certains jours. La mairie assure que les observateurs ne seront avertis que peu avant le début des fouilles. 

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Mais comment éviter de fouiller et interroger en priorité des passants noirs dans un quartier ou ils forment la grande majorité, comme le Bijlmermeer dans la banlieue sud-est ? Il faudra y attendre un certain temps pour croiser un Blanc qui, s’il est âgé de 65 ans ou plus, sera exempt de fouilles, selon les règles du projet. Dans un autre quartier à contrôler, dans l’ouest de la ville, les Néerlandais d’origine arabe sont majoritaires, et les rares Blancs qu’on y croise encore ont le plus souvent passé l’âge d’utiliser un couteau pour autre chose que d’éplucher une pomme. Encore ailleurs à Amsterdam, l’arrestation d’un adolescent blanc pour port d’arme illégal fit sensation en 2019, car il s’agissait du fils de Mme le maire, armé d’un pistolet réel, propriété de son père, mais rendu hors d’usage. 

Les policiers amstellodamois ont ajouté une touche d’absurdité à leur colère, avec l’envoi de leurs propres observateurs pour vérifier si les inspecteurs anti-racistes bénévoles n’empêchent pas les flics de lutter contre le fléau des armes dans les quartiers difficiles. Leurs habitants accueillent dans leur grande majorité très favorablement les fouilles des passants. Même ceux qui y étaient soumis le jeudi 2 septembre ne se plaignaient pas trop. “Plus il y a de flics dans le quartier, mieux ça vaudra” affirmait un habitant dans un reportage de la télévision publique qui disait s’être fait cambrioler à trois reprises ces derniers temps.




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Journaliste hollandais.

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