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La corrida n’est ni de gauche ni de droite

Vive le Midi libre!


La corrida n’est ni de gauche ni de droite
Sébastien Castella aux arènes de Mexico, 5 février 2016 © AGV PLAZA DE ARMAS / AFP

Les amateurs de corridas et de spectacles taurins seraient-ils les nouveaux damnés de la terre ? Du Pays basque jusqu’à Arles, une cinquantaine d’arènes reçoivent quelques millions d’aficionados chaque année.

L’objet ici n’est pas de défendre les amis de cette pratique, mais de se demander pourquoi leur passion trempée dans le libre arbitre appelle aujourd’hui des flots de haine et d’insultes.

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Que ce soit clair, la corrida n’est ni de gauche ni de droite. On peut être libertaire, aimer les traditions et refuser le discours de rupture des modernes. Est-ce réactionnaire où seulement être réactif à l’air du temps que de considérer comme barbare ce spectacle métaphysique où la mort est mise en scène ? Barbare pour les uns, savant pour les autres ! Est-ce un déterminisme social à éradiquer quand en Espagne, Portugal, Colombie, Équateur, Mexique, Pérou, Uruguay, Venezuela, et même encore à une époque, en Algérie et au Maroc, une centaine de millions de passionnés restent fidèles à cette tradition de plus de trois cents ans (la première corrida date de 1680) ?

Cette réalité par le chiffre pose la question de l’éducation à la liberté des autres.

Cette culture latine refuse qu’on lui impose la bien-pensance et le puritanisme de la culture américaine sous influence de ses universités. Est-ce encore un privilège racialiste de l’homme blanc que d’acter sa propre décadence en refusant l’universalisme du monde taurin ? Le public de la corrida serait-il trop basané ?

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Le même aveuglement existe face aux croyances religieuses, mais le public taurin reste fidèle à ses propres croyances. Après plus de deux siècles, l’amateur de corrida ne veut toujours pas se résoudre à ce qu’Elon Musk soit le prototype blanc du futur de l’homme. Il a plutôt assimilé que se joue là un affrontement complémentaire du choc des civilisations en cours d’expansion.
J’étais un jour par hasard dans les arènes d’Arles, citée communiste bien-aimée, où j’ai entendu 13 000 personnes chanter La Marseillaise. J’ai cru qu’il s’agissait d’une ironie voltairienne. J’avais tort. J’ai immédiatement pensé à cette remarque d’Himmler, sensible théoricien des camps d’extermination juifs, confiant à Franco qu’il avait vomi au spectacle d’une corrida.

En Espagne aujourd’hui, pour avoir trahi le peuple en interdisant les corridas, Podemos perd les élections. Que comprendre à tout cela ? Au minimum, que la culture latine subissant discrimination, domination pour cette passion, réagit mal à son procès !

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Article extrait du Magazine Causeur




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