Le Louvre a rouvert ses portes ce matin. Les médias n’en ont-ils pas un peu trop fait sur le casse de dimanche dernier ? La directrice du musée, auditionnée aujourd’hui au Sénat, doit-elle démissionner ?
Le casse du Louvre est-il une humiliation pour la France ? Dans la séquence calamiteuse que nous connaissons, entre le vaudeville gouvernemental, l’incarcération d’un ancien président de la République, le bazar des retraites et notre perte d’influence internationale, on est tenté de faire de ce cambriolage un symbole supplémentaire du désastre français.
Alors que nombre de Français rêvent de couper la tête de leur monarque républicain (métaphoriquement, bien sûr), le vol des bijoux de la couronne est une parabole.
Le plus curieux, c’est qu’on arrive à s’affronter politiquement autour d’un événement qui fait pourtant consensus. A droite, on dramatise, à gauche on minimise.
Je ne suis pas de gauche, mais je pense qu’on a un peu surjoué le traumatisme des Français dont bien peu connaissaient ces joyaux. La comparaison avec l’incendie de Notre-Dame de Paris est totalement à côté de la plaque. Au pays d’Arsène Lupin, ce vol sans violence est un bras d’honneur au système. Il a suscité moult plaisanteries assez nulles d’ailleurs (« alors, tu les rends ces bijoux ? » se balance-t-on au téléphone). Personne ne plaisantait après Notre-Dame.
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Cependant, la présidente du Louvre ne devrait-elle pas démissionner ? Évidemment, ça fait désordre qu’il soit aussi facile de s’introduire dans le plus grand musée du monde et d’en repartir avec un tel butin. Les voleurs n’ont pas eu besoin d’informatique sophistiquée pour arrêter les caméras comme dans les films puisqu’il n’y a pas de caméras dans la plupart des salles. Or, à en croire le patron de La Tribune de l’Art Didier Rykner, Laurence Des Cars a une responsabilité directe car elle a préféré rénover une salle à manger pour 500 000€ et engager des millions dans la rénovation du département des arts islamiques conçu par Rudy Ricciotti il y a seulement 15 ans, plutôt que d’engager les nécessaires dépenses de sécurité. Donc Emmanuel Macron aurait peut-être dû accepter sa démission.
Au-delà des erreurs de Madame Des Cars, le casse spectaculaire de dimanche dernier interroge notre incapacité à préserver ce que les siècles passés nous ont légués. Nous renonçons à transmettre les grandes œuvres de notre littérature, et comme nous sommes obsédés par les revenus du tourisme, nous condamnons nos pauvres monuments à périr d’épuisement sous le piétinement. L’urgence, ce n’est pas de couper des têtes mais de limiter drastiquement le nombre de visiteurs.
En attendant, le vol des bijoux de la couronne fera certainement un film épatant. Et je vous fiche mon billet que les voleurs seront sympathiques.
Cette chronique a été diffusée ce matin sur Sud Radio
Retrouvez Elisabeth Lévy dans la matinale
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